vendredi, juillet 19, 2013

Pierre-Bise & La Tour Blanche & Le Tour de France

Samedi 20 juillet 2013 à Bayeux, dans deux jours, une vente aux enchères. Parmi les différentes caves de particuliers que j'ai à présenter, l'une d'elles m'a semblé particulièrement intéressante quand je suis venu voir les lots. Il y avait un peu de tout, du grand comme du petit, dans des présentations médiocres: étiquettes souvent très abîmées - mais des niveaux plutôt bons. Je repère environ 180 bouteilles du Château Pierre-Bise, plus en blanc (Anjou le Haut de La Garde) qu'en rouge (avec même quelques bouteilles non millésimées que je suppose dater des débuts de Claude Papin). Pas facile à cataloguer, car il manque souvent les millésimes, parfois toutes les étiquettes. Je classe donc ça comme je peux, sachant qu'il y a les millésimes 1988, 1990, 1991, 1992, 1993, 1994, 2000, au moins. Reste à savoir ce que valent les vins. J'ai donc goûté avec quelques dégustateurs familiers de Pierre-Bise le rouge en 1990 et 2000. 2000 a une belle robe encore jeune; le nez est marqué de cabernet, franc! sans aucune trace de vieillissement. Le vin est fondu, équilibré,très velouté avec des tannins doux. C'est facile, coulant, très agréable. Quatre heures après, le nez s'est un peu estompé, mais le vin a toujours la même chair veloutée. L'Anjou Pierre-Bise 1990 est plus évolué à l'oeil, avec un peu mons de gras visible. Le nez est moins marqué par le cépage, mais plus complexe, fruité, avec un léger goût de champignonnière. En bouche, le vin est excellent, construit, équilibré, de longueur moyenne néanmoins. C'est un très bon Anjou dans un grand millésime. D'un lot de bouteilles bourguignonnes sans étiquettes, venues d'un autre vendeur, nous en goûtons une prise au hasard. Ca évoque la terrible descente du col de La Sarenne au Tour de France cet après-midi.Out! Ensuite, une fillette sans étiquette et fermée à la cire, d'un autre lot. Le liquide est trouble et marronnasse... Dès la carafe, ça sent la truffe à plein nez. On attend que le vin se décante, mais ça ne semble pas être du vin. Ensuite, un nez net d'abricot! En bouche, quelque chose d'un peu sucré, qui n'est sûrement pas du vin. On suppose qu'il s'agit d'une liqueur maison. Très étonnant, sans doute assez vieux. Enfin, un Sauternes dont il ne reste que les deux tiers (et je suis large). Il y en avait quatre bouteilles, j'ai choisi de goûter la plus basse pour avoir un aperçu. Le vin est orangé et un peu trouble, bien qu'il n'y ait pas de dépôt dans la bouteille. Il a conservé du brillant, ce qui est bon signe. Le nez est classiquement Sauternes, mûr mais pas confit, même un peu dur. La bouche est similaire, plus longue que large, attaque fine, corps équilibré, finale étroite, un peu comme Froome dans l'Alpe d'Huez cet après-midi. Sans avoir l'opulence d'un grand Sauternes, c'est franchement très bon, surtout pour une bouteille en aussi médiocre état. Le vin, c'est La Tour Blanche, et le millésime c'est 1938, une année que je ne connais pas. Je sais qu'elle n'a pas grande réputation, mais il faut vérifier: elle suit 1937 exceptionnel, et souvent le cadet d'un grand millésime est injustement décrié. Peut-être un Contador? Je commence par vérifier chez moi, sur Vinorumcodex. Le seul Sauternes auquel je donne une note est Yquem, et elle est médiocre. Richard Olney ne commente pas Yquem 1938, ce qui est une des exceptions dans son ouvrage sur Yquem. Broadbent parle d'un millésime moyen, où pourtant il a bien goûté, dans les années 1970, Rieussec et Lafaurie-Peyraguey. Mon La Tour Blanche 1938 mérite bien une bonne note, et je dirai du bien lors de la vente des autres bouteilles qui sont en bien meilleur état. De la même cave, j'ai extrait, mélangées à de petits vins, quelques bouteilles de Climens 1940 Dans ce lot insolite, il y a aussi deux bouteilles dont je n'ai jamais entendu parler. Je pense qu'elles datent des années 1950. Il s'agit de "blanc de blancs" du Château Saint-Georges, propriété emblématique de Saint-Georges-Saint-Emilion. Mais c'est du vin pour vendre, pas pour goûter!