dimanche, décembre 15, 2013

La cave en Or de Matignon d'Argent

La cave en Or de Matignon d'Argent* "La vente aux enchères d'une partie de la cave de Matignon, qui s'est déroulée à l'Hôtel Drouot vendredi 6 décembre, a rapporté plus de 173 000 euros, alors que l'estimation était faite à 100 000 euros. Parmi les acquisitions, un Romanée-Conti* de 2004 a été acquis par un acheteur chinois pour 10 500 euros. Un lot de 12 bouteilles de Mouton-Rothschild 2000 a également été vendu, pour 14870 euros." Je lis cela sur le site de... 1855.com! Peu importe la source tant qu'elle n'est pas tarie. Quant à la vente, elle a été opérée par Maître Pierre Cornette de Saint-Cyr. Je l'ai rencontré, un jour. A chaque fois qu'une mairie, qu'un ministère ou qu'un palais vend du vin acheté avec nos sous, s'élèvent des protestations quant au dilapidement, voire la dilapidation de notre patrimoine, qui en tous cas fout le camp à l'étranger. Je ne suis pas d'accord. Je trouve ça très bien. Si on peut vendre du Château Siaurac 1986, honnête Lalande-de-Pomerol produit d'une famille de ministre au prix exorbitant de 50 euros la bouteille, c'est tout bénéfice pour la République. Depuis longtemps je conseille une importante institution européenne en ce qui concerne sa cave, qui est conséquente. Cette cave est gérée "en bon père de famille" avec des achats en primeurs, un long vieillissement en bouteilles, et une consommation à maturité. Ca fonctionne, c'est européen, mais c'est peut-être vieu jeu. Une fois que je leur suggérais de revendre des vins qui avaint acquis une certaine plus-value, afin d'en racheter de plus jeunes, ils ont haussé les sourcils et les épaules. Une démarche moderne prenant en compte le marketing est peut-être celle choisie par nos élites: mettre en vente de grands vins ayant séjourné dans les caves de nos palais, dûment authentifiés, les vendre un max en jouant sur la vanité des acheteurs ( comme ce chinois qui s'est offert croit-il un petit bout de l'Etat français en achetant une Romanée-Conti 2004 au double de sa valeur), et si la gestion est bonne racheter des vins avec cette plus-value. Car il faut séparer l'effet d'annonce du résultat: vendre quelques grands crus pour montrer que l'Etat est modeste, c'est idiot: le résultat est dérisoire, l'Etat n'en est pas plus modeste. Les vendre à des vaniteux, qu'ils soient chinois, russes ou français, pour faire une plus-value, c'est de la bonne gestion. Il suffit ensuite de racheter les mêmes vins sur le marché à moins cher et de recommencer, mais pas trop souvent. Le principal investissement est l'achat des autocollants certifiant sans indication de durée que ces vins ont séjourné au Palais de L'Elysée, à Matignon, à la mairie de Paris, ou autre (sachant que la plus-value du sticker est très variable selon le prestige du lieu de détention. En effet, si le maire de ma commune de 160 habitants mettait en vente la cave que de toutes façons nous n'avons pas, je doute que l'opération soit bénéficiaire. Profitons donc sans vergogne de la vanité et de l'ignorance des riches pour leur fourguer les bouteilles bonnes ou mauvaises et augmenter notre capital. En tant qu'expert, je suis bien sûr tout disposé à participer à ce genre d'opérations. * Personnellement, j'aurais plutôt écrit "une Romanée-Conti". http://vinorumcodex.blogspot.fr/2009_12_01_archive.html

mardi, décembre 10, 2013

Ventes publiques à Alençon et Nantes

Classique vente d'automne à Alençon. Une belle cave de château des Pays de la Loire, des bouteilles de très bon niveau, de belles étiquettes, mais plus de caisses bois. Ca dérange les revendeurs, mais c'est comme ça. On vend Lafite 1992 à 375 euros marteau, ce qui est très cher pour les cours actuels. Sans doute la garantie d'une origine certifiée... Petrus 1972 en état médiocre part à 580 euros, alors qu'une bouteille de 1989 en excellent état atteint 2.050 euros, ce qui est bien. La Tour de Mons 1982, une jolie bouteille de Soussans, ne dépasse pas 12 euros, car les bouteilles n'ont plus d'étiquettes. Les demandes sur la forme sont aujourd'hui plus importantes que celles sur le fond. Les acheteurs acceptent des niveaux moyens, pourvu que les étiquettes soient impeccables. Je refuse toujours, exception faite de Mouton, de décoter des bouteilles bien conservées avec des étiquettes tachées. Le vin est une denrée comestible, tout d'abord. La semaine suivante, vente de Noël à Nantes. Dans un lot de petits vins, j'avais trié quelques jolies bouteilles, dont un Champagne Salon de 1971 de bon niveau. Il s'est vendu 400 euros, loin derrière le magnum du millésime qu'on y avait vendu 2000 euros il y a trois ans. Mais ce n'est pas trop mal. Des dizaines de bouteilles de whiskies feront de bons réveillon. Un Clos des Lambrays 1951, de niveau moyen, atteint 120 euros. Pas cher. Yquem 1988 se vend à son juste prix: 200 euros, bien moins cher que les cotes surgonflées des millésimes récents. Rayne-Vigneau 1947, tout haut d'épaule, était une affaire à 150 euros. Mouton 1990 bloque à 210 euros, pas plus cher que le 2002. La culture des vieux millésimes se perd. Latour 1989 à 255 euros est à son prix, Lafite 1989 aussi à 375 euros. A 325 euros, l'excellent Haut-Brion 1990 est correctement vendu.Palmer 1990 ne dépasse pas 100 euros, mais ce n'est pas une marque facile à vendre au-delà des primeurs. Comme d'ailleurs Las-Cases: les "super-seconds" se vendent comme de seconds. Ce n'est pas le cas de Lynch-Bages, tellement populaire et demandé: 180 euros pour le 1989 à Alençon, 30 euros ici pour le 1997. Duhart-Milon est scotché par la spéculation de l'an dernier. On finit sur de beaux Sauternes en hors catalogue, des cadeaux: Rieussec 1943 à 150 euros, Doisy-Védrines 1948 (pas une si mauvaise année) à 50 euros, et, en fin de course, Sociando-Mallet 2006 à 16 euros. Prochaiment; des ventes le 14 décembre à Mayenne et le 21 décembre à Châtellerault. Puis relâche. Je viens de coter un très beau lot de vieux vins de Bordeaux qui sera -peut-être- à vendre cet hiver en Normandie.