mercredi, décembre 05, 2012

Renouveau du vin breton

Samedi, la salle Yves-Bleunven du Folgoët (Finistère) accueillait l'asssemblée générale de l'association Du Renouveau des vins bretons. Cette association rassemble une centaine de viticulteurs amateurs, qui peuvent ainsi échanger sur les techniques de production et de vinification, afin d'améliorer les rendements et la qualité du vin. Car, aujourd'hui, les résultats obtenus par les vignerons bretons sont souvent aléatoires. La production bretonne n'est pas uniforme : elle dépend des cépages, des modes de production, du climat, des sols, de l'exposition, de la vinification non encore parfaitement maîtrisée. Selon Pierre Guigui, membre-fondateur de l'association, dégustateur chez Gault et Millau, « les vins bretons expriment bien souvent de la fraîcheur avec des matières plutôt légères et aériennes ». Quelques vignes ont été sélectionnées : celles de Jean Donnio, près de Loudéac ; de Jacques Jézéquel, à Lanarvily ; de Roger Abgrall, à Daoulas ; le Clos Joly-Marthe, à Morlaix ; les côteaux du Braden à Quimper, celle du Coglais du pays de Fougères. Une dégustation des vins produits par les membres de l'association a eu lieu. L'occasion pour Gilles du Pontavice, membre-fondateur de l'ARVB, critique oenologue, de prodiguer des conseils à chacun d'entre eux. (Ouest-France)

mercredi, novembre 14, 2012

Petrus 1947

2 bouteilles de Petrus 1947, c'est rare et très recherché. Pas de chance, elles n'ont plus d'étiquetes. La capsule est bonne, avec la mention de mise au château. Je regarde les bouchons: la mention "1er des grands crus" signale bien du Petrus. Le pedigree est bon, d'un ancien restaurant de Bretagne. Alors, le millésime? Eh bien, me dit le vendeur, quand il en a hérité, il y avait des lambeaux d'étiquettes avec ce millésime. Il est de bonne foi, car il ne connaît pas la qualité de 1947. Pas d'autre solution que de les passer en vente à prix peu élevé, et avec un ce
rtificat signé résumant ce que j'en sais. Ce sera le 15 décembre 2012 à Nantes, Talma-Enchères, et on verra bien qui osera risquer le coup.

jeudi, octobre 18, 2012

Cuvée des Célestins 1959

Il me dit "j'ai quelques bouteilles très vieilles venant de mon père. Il achetait directement aux domaines". Lambeaux d'étiquettes, bouchons neutres, un travail d'expert pour retrouver le millésime. Et je tombe sur la Réserve des Célestins du père d'Henri Bonneau, sans doute de 1959, un très grand millésime à Châteauneuf-du-Pape comme partout ailleurs. Le domaine Henri Bonneau est avec le Château Rayas le plus renommé de Châteauneuf-du-Pape. La Réserve des Célestins était étiquetée "Cuvée" du temps de Marcel, son père, et précédemment "Clos". Robert Parker lui attribue cinq étoiles: "S'il fallait définir la quintessence du Châteauneuf-du-Pape, ce ne pourrait être que la Réserve des Célestins d'Henri Bonneau (...). Les vins de ce producteur sont encore presque immortels en termes de potentiel de garde (...). Je ferais n'importe quoi pour pouvoir déguster les 1967, 1961, 1959 ou 1957 d'Henri Bonneau." Michel Dovaz lui donne cinq verres: "La Réserve des Célestins est un Châteauneuf-du-Pape somptueux, grenat foncé, dont la qualité essentielle, tant au nez qu'en bouche, est l'harmonie". Dans 100 bouteilles extraordinaires de la plus belle cave du monde, Michel Chasseuil, qui possède dix millésimes du domaine, fait figurer une bouteille de 1942 dont il dit qu'il "exhalait des parfums complexes de roses famées, de truffe, d'épices fumées, de sous-bois. La robe était à peine tuilée, lumineuse, limpide, étonnament jeune."
C'est en vente en ce moment sur VinorumCodex, ça ne durera pas longtemps.

mercredi, octobre 17, 2012

100 bouteilles extraordinaires

Après le français, l'anglais, le néerlandais, l'allemand, l'italien, le portugais, l'ouvrage 100 bouteilles extraordinaires de la plus belle cave du monde, sélection de la cave de Michel Chasseuil (meilleur livre au monde sur le vin en 2011)
, auquel j'ai collaboré, vient de sortir en chinois. La couverture en est un dessin du château de Chambord. Après réflexion, la couverture est un dessin où des silhouettes de bouteilles surmontent les toits de Chambord "où un village semble camper autour des cheminées", du texte de mon livre Tous les châteaux de la Loire dans lequel j'ai aussi écrit que ce "chateau est lui-même la couronne et se passe d'un souverain", et aussi "un gros diamant au milieu de la France, avec l'écrin qui lui convient: un parc grand comme Paris, entouré du plus long mur d'Europe". Décidément, c'est à Chambord que Michel Chasseuil doit installer ses vins, sous l'escalier de Léonard de Vinci.

lundi, juillet 23, 2012

Silicone Cristal

Jeune déjà j’étais choqué par la vue à la télé des gagnants de Formule 1 s’aspergeant de magnums de Moët et Chandon. J’aime trop le Champagne pour accepter qu’il soit ainsi dilapidé, fût-il générique et issu d’une grande entreprise industrielle ; ce vin, le plus élaboré, le plus travaillé qui soit, le moins naturel, mérite le respect. Bon, après tout, les pilotes de course avaient risqué leur vie ; ceux qui avaient survécu, puis gagné une place sur le podium des sponsors, pouvaient bien extérioriser leur soulagement et leur joie par cette éjaculation symbolique. Bien. Du magazine Marianne, Juillet 2012, sont extraits les textes en italique, et logiquement en gras, car c’est de gras qu’il s’agit (article Saint-Tropez, la ville de toutes les décadences, marronnier d’été) : Tout le monde en encore en tête cette fameuse soiré de 2009 où 1,2million d’euros ont été dépensés dans la boîte de nuit de (X… inutile de faire de la publicité à ce triste sire qui accepte de vendre du champagne pour qu’il ne soit pas bu, quand je me souviens de ces cuisiniers qui, avant d’autoriser à sortir des grands crus de leur cave, demandaient par qui et avec quoi ils seraient bus.) Il s’agissait d’une « battle » entre deux milliardaires, etc. Dans les vignes on plante, on élève, on taille, on traite, on récolte, bref on travaille (on entend par là le concours de celui qui paiera la facture de champagne la plus lourde).La presse du vin est une opération délicate (des serveurs accourent vers une table en brandissant une bouteille, des feux de Bengale crépitent pour attirer l’attention de tous. Cela signifie qu’un client vient de dépenser 10.000 € en champagne). La grandeur du champagne vient de la qualité des vins nature (quand la bouteille est remise à l’heureux commanditaire, les habitués protègent leur brushing en s’éloignant de quelques mètres…), et de la complexité de son élevage (…au cas où il déciderait de doucher ses invités). Le champagne à la mode pour l’aspersion est le Cristal Roederer, qui mérite mieux. Certes on peut dire que ce post sent la jalousie et la rancœur. Et ça va de soi, on a tous envie de boire du Cristal. N’importe quel amateur ne peut être qu’attristé d’apprendre qu’une part - laquelle ? de la production de Cristal Roederer finira non dans le palais du tsar, qui au moins le buvait, mais sur la poitrine des starlettes de ses successeurs. J’ai eu la chance d’être invité à l’anniversaire d’un ami où le grand champagne coulait à flots. On y a bu du Cristal Roederer, du Dom Pérignon et deux autres grands champagnes. Si quelqu’invité s’était permis de prendre une bouteille pour la faire mousser alentours, je suppose qu’on l’aurait haché menu et livré aux homards. On a respecté le vin, parce qu’il était très bon, et parce que derrière il y avait du travail, des hommes, et de la terre. Quant aux deux autres Champagnes, ils sont trop rares et bons pour être livrés à Saint-Tropez !

mardi, juillet 17, 2012

Où migrera le Château La Bécasse?

Ainsi donc, le Château La Bécasse, après tant d'autres crus du Médoc, va fermer son bec pour intégrer le Château Latour. C'est chose courante depuis longtemps, alors qu'il est bien rare maintenant qu'un grand cru doive vendre des terres (dans ce cas, c'est tout ou rien). J'ai connu La Bécasse dans les années 1980. Il était distribué en Bretagne Intérieure par un ancien instituteur, qui à 75 ans attribuait sa forme (olympique) à la pratique du vélo, chaque jour, et à une bouteille de ce vin, chaque jour aussi. Le vin n'était pas trop cher, et j'ai investi surtout dans l'excellent 1985 pour mon restaurant La Truite de Quénécan. Le sigle en était un rond comportant en haut une bécasse, en bas une truite, car nous avions des deux en abondance. Aujourd'hui je n'ai plus de truites (j'ai des brochets), mais j'ai encore pas mal de bécasses en saison dans cette Bretagne Intérieure qui est un lieu de passage privilégié de ce si bel oiseau. Bien donc. Une belle marque va disparaître, victime je le suppose de l'indivision et des droits de succession, victime aussi de la concentration du vignoble. Il en restera quelques-une, de bécasses: chez Chapoutier, ou au domaine de La Mordorée à Lirac, d'où Monsieur Delorme venait chasser ici. De toutes façons, la bécasse est une grande migratrice: avant que d'être à Pauillac, elle s'était posée à Saint-Julien (photo), du temps de Louis Fonteneau, régisseur du château Ducru-Beaucaillou. Puis, son petit-fils Georges Fonteneau transféra le vignoble à Pauillac. Puis ce fut vendu. J'ai en forêt de Quénécan trois jolies terrasses aux murs de pierre, au-dessus d'un vieux manoir. J'y ai un jour accompagné Georges Fonteneau, et nous n'avions pas levé grand chose. J'ai pour voisin Monsieur Borie de Ducru-Beaucaillou, qui a près de chez nous sa chasse de bécasse. Que de signes... Si le breton fervent qui a acheté La Bécasse est désireux de garder un souvenir de la marque, sur ces trois jolies terrasses on pourrait planter quelque chose! Pas du rouge sans doute, enfin pas tout de suite. Mais le terrain, en altitude, n'est pas gélif, et la mordorée offre toutes les couleurs. J'y verrais bien un bon chenin aussi incisif qu'un coup d'aile d'une bécasse qui s'envole. Outre le Muscadet, bien sûr, nous avons désormais en Bretagne quelques bons petits vignobles, comme les Coteaux du Braden à Quimper ou ceux de Saint-Suliac sur la Rance
. Il n'y en a pas encore en Bretagne Intérieure, pourquoi pas en Kost ar C'hoat? Gilles du Pontavice, expert en vins, administrateur de l'Association pour le renouveau du vin breton.