vendredi, juin 30, 2006

Les primeurs de Bordeaux de 1991 à 2004

Suite de la revue des anciens primeurs avant d'aborder le 2005.

Précision importante: les tarifs des primeurs pris en compte sont les tarifs "sortie de la Place de Bordeaux", toutes taxes comprises. Alors que les cotes de prix de VinorumCodex utilisés sont des estimations de prix de vente en vente publique, "au marteau", hors frais acheteurs. ce ne sont donc pas les mêmes prix. mais comme mes estimations sont aussi utilisées pour des ventes entre particuliers ou de particulier à professionnels, on peut en établir des comparaisons.


1991 est morose, marqué par une forte gelée tardive. Saint-Emilion est durement touché: pas d'Ausone, pas de Cheval-Blanc, pas de Figeac, pas de Canon. A Pomerol, ce n'est guère mieux: pas de Certan, pas de Lafleur, pas de Vieux Certan... et pas de Petrus.
Les vignobles qui s'en tirent le mieux sont les vins du Médoc proches de la Gironde, parfois excellents. Parmi les meilleurs? Latour, Las-Cases, Montrose, Cos d'Estournel, Margaux.
Les vins liquoreux ont subi la grêle en plus du gel. Peu de vin, mais Yquem est très beau.
Petite campagne de primeurs à petit prix. Les premiers crus valent 35 euros. Ils ont bien monté depuis.

Le millésime 1992 est très abondant, ce qui est fréquent après une année de disette. mais la maturité est inégale et beaucoup de vins sont dilués. Les meilleurs ont fait d'excellentes bouteilles de demi-garde: Léoville-las-Cases, Petrus, Latour, Haut-Brion, Angélus, Lafleur, Margaux, L'Eglise-Clinet, Gazin... Les vins liquoreux ont subi la pluie, quelques barriques correctes ont pu être rentré. Pas d'Yquem.
Sur 60 vins dont nous avons relevé le tarif primeur, en partant d'une base 100 pour ce tarif, la valeur actuelle s'établit à 174. Pas une forte hausse donc, mais la plupart des vins sont déjà bus.

1993 est de nouveau une année qui ne reste pas dans les annales: elle avait pourtant bien commencé, avec préocité et une belle maturité en août. Puis il a plu et replu. Les vins sont inégaux. Parmi les meilleurs: Léoville-las-Cases, Pavie-Macquin, Lafleur, La Misson-Haut-Brion, Petrus, Fieuzal, L'Eglise-Clinet, Clinet, Gazin, Haut-Bailly, Léoville-Barton, Le Bon Pasteur, Canon-La-Gaffelière, Troplong-Mondot, Le Pin, Tertre-Roteboeuf, L'Evangile, Trotanoy, et un nouveau qui demande et obtient des prix élevés dans l'incrédulité générale: Valandraut.
Les prix sont sages: pour 105 crus dont j'ai les prix en primeur, base 100, la valeur actuelle s'établit à 184.

On a un peu oublié 1994, qui nous avait beaucoup séduit. Il a encore beaucoup plu avant les vendanges, alors que le millésime s'annonçait exceptionnel. Un tri sévère a permis des grands vins, et j'aime beaucoup Pauillac. Parmi les meilleurs: Petrus, Troplong-Mondot, Latour, Lafleur, Montrose, La Mission-Haut-Brion, Léoville-las-Cases, Pichon-Lalande, L'Evangile, Valandraud, Canon-La-Gaffelière, Cos d'Estournel, Le Pin, Haut-Brion, L'Eglise-Clinet, Margaux, Angélus.
Les Sauternes sont rares, car il a plu, et pas très concentrés. Yquem est très bon, citons aussi Barréjats, Climents, Coutet, Rabaud-Promis.
L'augmentation des prix est de 15% environ, ce qui surprend à l'époque, mais plus aujourd'hui! Pour acheter un premier cru, il faut sortir 42 euros environ, soit de quoi acheter 5 centilitres du même vin en 2005. Sur 128 vins dont j'ai les prix, la valeur actuelle s'établit à 159.

Enfin vient 1995, une belle année avec de la maturité, du fruit, des tannins ( parfois trop). Les meilleurs? Petrus est royal. Ausone, Ducru-Beaucaillou, Pichon-Lalande, L'Eglise-Clinet sont somptueux. Et aussi L'Evangile, Calon-Ségur, Sociando-Mallet, Le Pin, Grand-Puy-Lacoste, Tertre-Roteboeuf, Trotanoy, Haut-Brion, Lafite, Valandraut, Léoville-las-Cases, Angélus, Cos d'Estournel. Et encore Rausan-Ségla, Léoville-Barton, Montrose, Branaire, La Mission-Haut-Brion, Cheval-Blanc, Gazin, Troplong-Mondot, Pontet-Canet, Pichon-Baron, La Fleur-Pétrus, Gruaud-Larose, Mouton-Rothschild, Malescot-Saint-Exupéry, Léoville-Poyferré, Haut-Bailly, Palmer, Lynch-Bages, Smith-Haut-Laffite.
De bons liquoreux, Yquem en premier: Clos Haut-Peyraguey, Fargues, Coutet, Guiraud, Sigalas-Rabaud.
Les prix montent et la Revue du Vin de France s'insurge:
"Il n'y a aucune raison logique dans une gestion stricte des proprétés pour augmenter de plus de 10%." Sans commentaire. Pour ma part, je vends du Valandraut primeur à 350 Francs français, et il augmente à toute allure. Les premiers crus valent 60 euros. Sur 210 crus dont j'ai les prix primeurs, la valeur actuelle s'établit à 157.

1996 est une belle année bordelaise, avec le triomphe des grands Médocs: des vins riches, tanniques et de grande garde. Les Graves sont très séduisants, tandis que le Libournais est plus inégal. Parmi les meilleurs, Lafite et Margaux sont des vins d'anthologie. Latour, Léoville-las-Cases, Pichon-Lalande, Ducru-Beaucaillou, Ausone, Montrose, Tertre-Roteboeuf, Pontet-Canet, Sociando-Mallet, Léoville-Barton, L'Eglise-Clinet, Petrus, Grand-Puy-Lacoste, Léoville-Poyferré, Cos d'Estournel. Et encore Smith-Haut-Laffite, Calon-Ségur, Troplong-Mondot, Pichon-Baron, Canon-La-Gaffelière, Lynch-Bages, Trotanoy, Rauzan-Ségla, Duhart-Milon, La Mondotte, Haut-Brion, Lafon-Rochet, Lagrange, Valandraud, Monbousquet, Pavie-Macquin, L'Evangile, Pape-Clément.
Les Sauternes tardifs sont très bons: Yquem, Lafaurie-Peyraguey, Guiraud, Coutet, La Tour Blanche, Raymond-Lafon, Doisy-Daëne.
Les prix montent sensiblement et la RVF annonce qu'ils "mettront les vins les plus recherchés hors du marché français". Pour les premiers crus, il faut compter 90 euros. Pour ma part, j'arrête de vendre des primeurs, qui ne me semblent plus intéressants, et je n'ai pas recommencé depuis.
Pour 200 vins dont j'ai les prix, la valeur actuelle s'établit à 112.

1997 commence bien et finit sous l'orage et les pluies. Il y a de bons vins, mais aussi pas mal de mauvais. Garde moyenne dans l'ensemble. Parmi les meilleurs: Petrus, Pavie-Macquin, Haut-Brion, Margaux, Cos d'Estournel ont un A ( un seul) sur VinorumCodex.com. Puis Trotanoy, Ausone, Tertre-Roteboeuf, Valandraud, Canon-La-Gaffelière, Nénin, Léoville-Las-Cases, L'Eglise-Clinet, Mouton-Rothschild, Lafite, Lafleur, Latour, Angélus.
Pour ls liquoreux, c'est une autre histoire: des vendanges très longues pour des raisins bien botrytisés, et enfin un très beau millésime. Si les prix augmentent, ce n'est que justice, d'autant que les quantités sont réduites. Citons Yquem et Climens, puis Guiraud, Sigalas-Rabaud, Coutet, Suduiraut, Lafaurie-Peyraguey, Rieussec. Et Raymond-Lafon, La Tour Blanche, Nairac, Doisy-Daëne, Rayne-Vigneau.
A millésime moyen, la recette de 1984: hausse générale. C'est d'ailleurs le seul millésime où Bordeaux reconnaît son erreur d'appréciation. Les premiers crus frôlent les 120 euros. La valeur des 205 crus dont nous avons le prix primeur, pour une base 100, s'établit aujourd'hui à 77. Vraiment une affaire pour spéculateurs ayant acheté de l'Eurotunnel!

L'été 1998 a été très chaud, puis il a plu. Ce qui a donné une vendange inégale, avec des vins douteux et de belles réussite, surtout en merlot. Pomerol prend sa revanche, et la hiérarchie des crus est bien marquée. Parmi les meilleurs vins, un grand Petrus, et Vieux Certan, Sociando-Mallet, Ausone, Mouton-Rothschild, Lafite, Haut-Brion, Cheval-Blanc, Gruaud-Larose, Pavie-Macquin, Trotanoy, Tertre-Roteboeuf, Pavie-Macquin, Léoville-Barton, La Fleu-Pétrus, Margaux, Latour, Palmer, L'Eglise-Clinet, Haut-Brion.
Les vendanges en deux temps ont donné des liquoreux fermes: Yquem, Rieussec, Sigalas-Rabaud, Climens. Et Suduiraut, Doisy-Daëne, Lafaurie-Peyraguey, Coutet, Rayne-Vigneau, Guiraud.
Les prix baissent - un peu- en Médoc: compter 100 euros pour les premiers. Pour 20 crus dont nous avons le prix en primeur, la valeur actuelle s'établit à 92.

Le millésime 1999 a été difficile pour le vigneron: de la chaleur et de l'humidité combinées, ce n'est jamais bon pour les raisins. Septembre commence beau, puis se gâte. Pourtant, les vins sont dans l'ensemble bien réussis. Parmi les meilleurs, Léoville-las-Cases, Petrus, Léoville-Barton, Pavie, Angélus, Palmer, L'Eglise-Clinet, Margaux, Lynch-Bages, Monbousquet, Lafleur, Ausone, Figeac. Et Pontet-Canet, Montrose, Valandraud, Chevalier, Sociando-Mallet, Ducru-Beaucaillou, Clinet, Les Forts, Le Bon Pasteur, Haut-Bailly, Hosanna, La Mondotte, La Mission-Haut-Brion, Tertre-Roteboeuf, Branaire-Ducru, Mouton-Rothschild, Lafite, Latour, Haut-Brion, Canon-La-Gaffelière, Cheval-Blanc.
Malgré les pluies, de beaux liquoreux: Suiduiraut, Climens, Rieussec, Yquem, Clos Haut-Peyraguey, Coutet, Guiraud, Malle, Lafaurie-Peyraguey.
Les prix ne sont pas à la hausse: 110 euros pour les premiers crus, dont Cheval-Blanc parvient à se détacher. Ausone est déjà nettement plus haut. Pour les 168 crus dont j'ai le prix en primeur, la valeur actuelle s'établit à 92 et va grimper tranquillement.

On récolte 2000 dans une athmosphère d'hystérie. Les trois petits rond sont synoymes de beaucoup de ronds pour les revendeurs. Votre serviteur est en reportage pour son prochain livre, La Cuisine des Châteaux du Bordelais. Nous déjeunons avec le comte de Lur-Saluces et du poulet mouillé de vieil Yquem. Repas des vendangeurs avec Corinne Mentzelopoulos à Margaux, avec Madame de Lencquesaing à Pichon-Lalande. Repas aussi chez Anthony Barton, Thierry Manoncourt, Alfred Tesseron, bref un automne de rêve! C'est le millésime du millénaire, même s'il n'est pas partout une grande année. Il y a beaucoup de vins qui ne me plaisent pas à la dégustation des primeurs. Un bel été a permis des cabernet-sauvignon mûrs et très complets. parmi les meilleurs vins, Ausone, Léoville-las-Cases, Petrus, Margaux, Latour, Lafite, L'Eglise-Clinet, Cheval-Blanc, Angélus sont de très grands vins. Puis Lafleur, Chevalier, Monbousquet, La Mondotte, Valandraut, Léoville-Barton, Sociando-Mallet, Figeac, Gruaud-Larose, Haut-Bailly, Pavie-Macquin, Montrose, Troplong-Mondot, La Mission-Haut-Brion, Tertre-Roteboeuf, Haut-Brion, Palmer, Mouton-Rothschild. Et La Couspaude, Rollan de By, Pape-Clément, Malartic-Lagravière, Pape-Clément, Brane-Cantenac, L'Evangile, Cos d'Estournel, Beau-Séjour Bécot, Clinet, Clos de L'Oratoire, Clos Fourtet, Vieux Certan, Ducru-Beaucaillou, Boyd-Cantenac, Laroze, La Tour Haut-Brion, Pichon-Lalande, Trotanoy, Armailhac, Hosanna, Nénin, Pavie, Pontet-Canet, tous de grands vins.
Les Sauternes ont sombré sous la pluie. Quelques rescapés des premières tries: Yquem, Sigalas-Rabaud, Climens, Clos Haut-Peyraguey. Et Lafaurie-Peyraguey, Malle, Coutet, Rieussec, Guiraud, Suduiraut.
Prix très élevés qu'on paye sans rechigner, même les non buveurs: 250 euros pour les premiers, 290 pour Cheval-Blanc, 320 pour Ausone. L'honnête Anthony Barton vend à prix correct son grand vin, voit le négoce faire la culbute sur son vin et, en parfait gentleman, ne s'en plaint pas. Pour les 342 crus dont nous avons le prix en primeur, la valeur actuelle s'établit à 97, mais cache de grandes disparités: en ne tenant compte que des 20 crus les plus chers, la valeur actuelle est de 117. Les grands vins augmentent et augmenteront, mais le gros de la troupe ne se vend pas bien cher: l'effet 2000 s'est limté aux vins stars.

2001 ne peut qu'être en retrait. L'année est inégale, chaud et pas chaud, avec des pluies. Je suis déçu par beaucoup de Saint-Emilion qui me semblent surextraits: on en ressort les gencives grenat! Bref, c'est inégal. parmi les meilleurs: Léoville-las-Cases, Lafite, Pavie-Macquin, Petrus, Léoville-Barton, Mouton-Rothschild, Pichon-Comtesse, Pichon-Baron, Lynch-Bages, Latour, Montrose, Valandraut, Giscours, La Tour-carnet, Smith-Haut-Laffite, Pape-Clément, Tertre-Roteboeuf, L'Eglise-Clinet, Le Pin, Haut-Brion, Trotte Vieille, Léoville-Poyferré, Hosanna, Margaux, Ausone, Rauzan-Ségla, Palmer, Malescot-Saint-Exupéry, Cheval-Blanc, Brane-Cantenac, Lafleur.
Les vins liquoreux sont tout simplement parfaits. Citons entre autres Yquem, Myrat, Lafaurie-Peyraguey, Sigalas-Rabaud, Rayne-Vigneau, Rieussec, Climens, Clos Haut-Peyraguey, Suduiraut, Doisy-Védrines, Coutet, Nairac.
Les prix baissent, bien sûr. Les premiers à 135-150 euros. Pavie tente de se glisser dans l'échappée. Pour les 330 vins dont nous avons les prix en primeurs, la valeur actuelle s'établit à 70, ce qui est très bas. Les vins sont encore largement disponibles.

On devine que 2002 ne sera pas facile à vendre. D'autant que l'été est triste et froid. Un bon mois de septembre a sauvé la vendange. Mais la qualité est très inégale. Parmi les meilleurs, citons Mouton-Rothschild, Ducru-Beaucaillou, Léoville-Barton, Cos d'Estournel, Lafite, Latour, Ausone, Tertre-Roteboeuf, Montrose, Léoville-las-Cases, Margaux, Petrus. Et Lynch-Bages, Pichon-Baron, Haut-Brion, La Mission-Haut-Brion.
En vins liquoreux, 2002, ce n'est pas du 2001, mais c'est quand même très bon. Citons Yquem, sûrement, Climens, Clos Haut-Peyraguey, Sigalas-Rabaud, Suduiraut, Guiraud, Fargues, Lafaurie-Peyraguey, Rieussec.
Les prix baissent: les premiers sont à 95 euros, mais Ausone et Cheval-Blanc presque deux fois plus chers. Pour les 260 vins dont j'ai le prix en primeur, la valeur actuelle s'établit à 70. Comme l'année précédente, les vins de garage ont perdu la moitié de leur valeur.

Bref, c'est la crise, et les caves sont pleines. Rien de mieux dans ce cas qu'un millésime du siècle et ce sera 2003. Canicule, mortalité dans les villes, volets fermés en Bretagne, on se souviendra de l'été. La presse enchaîne sur un millésime exceptionnel, alors que je pense plutôt à 1976. Vendange très précoce, gros tannins et vins de garde. Beaucoup manquent d'équilibre et restent durs. Ils ne sont pas encore notés sur VinorumCodex, ça ne presse pas. Citons Latour, Montrose, Petrus, Ausone, Certan de May, Cheval-Blanc, Cos d'Estournel, Ducru-Beaucaillou, Grand-Puy-Lacoste, Haut-Bailly, Haut-Brion, La Mondotte, Lafite, L'Eglise-Clinet, Léoville-Barton, Léoville-las-Cases, Margaux, Pavie, Pavie-Macquin, Sociando-Mallet, Trotanoy.
Les sauternes passent en force, puissants et concentrés: Yquem sûrement, Suduiraut, Climens, Coutet, Fargues, Guiraud, Sigalas-Rabaud.
Il est temps de remonter les prix: 240 euros pour les premiers, 80 à cent pour les seconds. Valeur actuelle pour 350 crus, toute relative, ces vins n'étant sur le marché que depuis peu: 84 pour une base de 100 en tarif primeur.

Tarif primeur qui restera longtemps affiché, d'ailleurs. Bordeaux ne se donne plus la peine d'annoncer que tout est vendu, et la campagne des primeurs 2004 s'ouvre sur de nombreux sites Internet par la page des 2003... guère plus chers qu'un an avant. ce phénomène se répètera au printemps 2006. C'est acquis: les primeurs se sont mal vendus.

C'st pour moi un plaisir de goûter les 2004. Un année abondante, mais froide, et des raisins pas trop mûrs. Bref, du Bordeaux classique. Les liquoreux sont en deça par manque de maturité. Yquem entre sur le marché des primeurs. La déjà relative solidarité entre les premiers crus explose définitivement: à chacun selon son mérite et la demande. Haut-Brion sort du lot.

Voilà terminée cette petite revue des derniers millésimes. J'aiguise ma plume pour parler des 2005. Il me faudra trouver de grands mots, car, personne ne l'ignore, c'est le millésime du siècle!

jeudi, juin 22, 2006

06-06-06= 12 66 à 12

Pour cet anniversaire si attendu des afficinados du chiffre, dont je ne suis pourtant pas, j'avais cependant décidé d'une réunion à douze pour goûter douze bordeaux de 1966. Grande année, mais qui fait son âge. Malheureusement, je n'ai pu trouver deux bouteilles que je connaissais: Latour, magnifique et encore jeune, et Haut-Brion, fabuleux de complexité.
On a fait avec ce qu'on a trouvé.

Quelques vins blancs divers pour se faire la bouche bretonne.

Laville-Haut-Brion 1966: deuxième dégustation de ce vin qui oscille entre le sec et le pas sec, avec un nez cireux et une bouche grasse. Pas très bon, mais très intéressant.

Monthélie 1966 d'origine inconnue, juste pour avoir un petit goût de pinot dans la bouche.

Résultats de la notation, les notes sur 30:

1
Ducru-Beaucaillou, 19,81. Une surprise pour moi, car c'était le seul vin dont je savais pertinemment qu'il venait d'une cave médiocre, chaude et sèche en été. Très complet.

2
Malartic-Lagravière, 19,17. A divisé l'assistance, mais c'est le troisième de mon palmarès personnel. Un hidalgo à l'espagnole, au nez charmeur de jardin, très sec voire maigre, franchement acide, avec une belle et longue finale. Superbe! et pas cher s'il traîne en salle des ventes.

3
Vin d'Oran Sénéclauze 1959, 18,16. Un pirate régulier de nos dégustations, que la plupart ont reconnu comme atypique. Je ne connais pas les cépages. Toujours très bon, à défaut d'être raffiné.

4
Cheval-Blanc, 17,19. Mon préféré perso. Un nez évolué et complexe, parfait en bouche.

5
Canon, 17,04. Le meilleur équilibre, finissant un peu étriqué, très bon cependant.

6
Nénin, 16,25. Je savais qu'il avait réussi en 66. Il est cependant un peu court et étroit.

7
Saint-Georges, 16,06. Bon classement pour ce St-Georges-St-Emilion, que personnellement j'ai trouvé trop léger et très court.

8
Cos d'Estournel, 15,6. Assassiné par mes commensaux alors que je l'ai classé second, c'est comme ça. Pour moi le nez le plus noble de l'ensemble, avec une note de fumé, et de la vigueur.

9
Lafite, 15,22 . Bouchon suspect. Moyen en tout, sauf une belle finale. J'en attendais mieux et je suppose un problème de conservation.

10
Pichon-Baron, 14,8. Un beau nez de Médoc qui gagne à l'ouverture, mais un vin qui s'écroule en bouche. Dommage.

11
Haut-Batailley, 13,8. Beau nez, acide en bouche, court en tout. Peu d'enthousiasme.

12
Léoville-Barton, 11,5. Nul, trop vieux.

Bien sûr, ces vins sont anciens, ils ont été achetés aux enchères, et même si j'ai pris grand soin de ne prendre que des vins venant de bonnes caves ( sauf Ducru... sorti premier), 1966 marque son âge. C'est un très bon millésime, mais la plupart des vins semblent fatigués. Je remarque que la bonne dose d'acidité de Malartic l'a tenu debout, ce qui me conforte dans mon opinion que les vins très mûrs sont plus fragiles... et que les millésimes moyens peuvent parfois vieillir aussi bien que les bons.

Pour suivre et vider les bouteilles: terrine de chevreuil maison, puis une très belle bouteille de Vosne-Romanée Les Suchots 1971 de chez Leroy, le rêve, et quelques flacons inégaux mais amusants d'alcools du XIX° siècle.

Je vous conseille de finir vos 1966.