mercredi, novembre 30, 2016

Vente DRC à Alençon le 3 décembre 2016

Et revoici notre verticale de Romanée-Conti de 1998 à 2009.
Elle n'avait pas été vendue en mai dernier.


Je n'ai pas l'habitude d'accepter des prix de réserve élevés, mais là on ne pouvait faire autrement. Cette collection est donc restée invendue. Le propriétaire nous a chargés de la revendre, et ce sera le marché qui en fera le prix. Il a bien voulu nous donner quelques bouteilles supplémentaires. Le tout est présenté (et les enchères sont possibles) sur Interenchères:

http://www.interencheres.com/fr/meubles-objets-art/vente-mobilier-objets-dart-ie_v83267.html/3

Il y a même une bouteille de Montrachet!

Confronté à l'augmentation des fraudes, le Domaine de la Romanée-Conti m'a appelé pour s'assurer de la bonne provenance des bouteilles, et demander pourquoi les numéros étaient cachés sur les photos.
Les numéros ont été cachés sur les photos par souci de confidentialité, mais bien sûr pas sur les bouteilles, ce qu'on ne se permettrait pas, crime de lèse-Conti, mais que j'ai déjà vu avec désolation.

Les photos qui vont être mises en ligne sur Interencheres. auront les numéros des bouteilles visibles. Nous avons bien sûr envoyé au Domaine la liste des bouteilles avec leurs numéros, et ni Orne-Enchères ni moi-même n'avons le goût de vendre des bouteilles falsifiées. Il serait plus simple pour nous de dire au Domaine "ce sont les bouteilles de M. ou Mme X.", mais tout simplement nous n'en avons pas le droit.
Heureusement, les faussaires m'évitent, comme ils évitent tous les experts compétents, et comme ils évitent de manière générale le marché occidental. 
Qu'on ne compte pas sur moi pour donner ou vendre une étampe de Petrus "pour me faire un surtout de table", comme demandé il y a quinze jours. Je sais bin où elles atterissent.

Sur la page d'accueil du site de la DRC, en haut à droite, vous trouverez un "Warning" reproduit ci-dessous:



Important : contrefaçons



Tout récemment, les médias se sont fait l’écho d’un important « coup de filet » des services de police de plusieurs pays d’Europe dont la France, qui a révélé l’existence d’un réseau international de contrefaçons concernant notamment la Romanée-Conti dans des millésimes récents.

Plusieurs personnes ont été arrêtées, mais l’opération n’est pas terminée et cette affaire verra certainement d’autres rebondissements.



Ces évènements sont certes regrettables, mais ils montrent la volonté qu’ont aujourd’hui les autorités nationales et européennes de s’opposer fermement et de mettre fin à des agissements qui sont très dommageables pour l’image des grands vins français. Nous nous en réjouissons.



Parmi les victimes des contrefacteurs figurent des professionnels, mais aussi des collectionneurs de grands vins.



C’est pourquoi nous souhaitons profiter de l’occasion pour insister à nouveau sur un point essentiel qui intéresse tous les amateurs de vins du Domaine, qu’ils soient professionnels ou particuliers : il est très important que, sauf certitude totale sur la provenance des bouteilles qui leur sont proposées, ils n’achètent jamais nos vins que par les circuits officiels connus c’est-à-dire nos distributeurs et les cavistes qu’ils ont sélectionnés, seule garantie d’authenticité et aussi d’intégrité, c’est-à-dire de bonne conservation des bouteilles.

On me pardonnera la taquinerie d'observer qu'une certitude ne peut être que totale ou ne pas être (reste d'une éducation jésuitique).
Je travaille uniquement dans le circuit des ventes publiques, donc je vends des vins qui ont déjà été vendus, et souvent à des particuliers. Les distributeurs, exportateurs et cavistes sont mes clients, ils mettent donc sur le marché des bouteilles qui n'ont pas forcément un pedigree impeccable, car elles ont transité par la cave de X. ou Y. La Place de Bordeaux rachète des vins et les vend sous son nom, mais il ne faut pas le dire.
 Le négoce le plus respectable se fournit chez nous, dans les salles des ventes, puisque le stock des grands vins se trouve chez les particuliers ( à voir une très vieille histoire concernant le domaine Coche-Dury):


Bref, on fait de notre mieux. Dans le cas de figure d'aujourd'hui, j'ai vu les étiquettes d'expédition du Domaine de la Romanée-Conti au nom de mon vendeur, ce qui est pour moi un gage d'authenticité. Par contre, j'ai souvent refusé de mettre en vente des bouteilles dont l'origine me paraissait- même un tout petit peu- douteuse.








L'industrie des Faux a fait de grands grands progrès.
J'en ai parlé il y a quelques temps sur ce blog:
http://vinorumcodex.blogspot.fr/2016/04/the-billionaires-vinegar.html
et aussi, pour les fameux magnums de Romanée-Conti 1945 dont nous avons parlé avec Michel Chasseuil dans son 100 bouteilles extraordinaires..., sur:

http://vinorumcodex.blogspot.fr/2016/04/romanee-conti-1945-en-magnums.html

En résumé:
je suis bien sûr heureux de proposer à la vente ces bouteilles prestigieuses, et nous avons pris le maximum de précautions pour être assurés de leur authenticité.
Je suis absolument d'accord avec les mesures prises par le Domaine de La Romanée-Conti pour éviter la vente de bouteilles frauduleuses.

dimanche, novembre 20, 2016



Un boulot aussi rare que confidentiel: auditeur auprès d'une grande instance internationale. C'est un travail qui me plait, car il me permet de joindre la dégustation de vins à mon penchant pour la statistique, à savoir établir une prévision de l'état de la cave en fonction des vins achetés, de leur espérance de vie, de la consommation probable etc.
Bien sûr, c'est le service interne qui décide de servir tel ou tel vin, et mon travail est seulement un cadrage périodique. Est-ce qu'on a trop acheté, ou pas assez? Est-ce qu'on doit terminer de servir tel millésime faiblard? Et que penser de l'avenir de La Dominique 2003?

Après mon passage, je rends un rapport qui donne l'état de la cave, sa valeur d'assurance, des prévisions de consommation etc. qui sont suivies ou pas, mais attestent de l'intérêt de gérer une cave sur le long terme. Au point de vue de la qualité des vins servis comme au point de vue de l'économie financière. 

Dans des milieux ô combien diplomatiques, l'avis d'un expert indépendant (c'est moi) peut sécuriser le service des achats comme l'instance qui le contrôle. Avis donc à la Communauté Européenne: je suis compétent, honnête, incorruptible (sauf avec une palette d'Yquem 1811) et, tare congénitale des bretons, pas très cher.

 Après cette offre de service, revenons à notre cave européenne.
Il y a donc une cave dont l'objet est de garder des vins achetés en primeurs et de les servir à maturité aux invités.

Maturité? Pas moins de 10 ans pour des Bordeaux classiques, souvent plus. Car c'est une cave de Bordeaux.
On y sert actuellement 2001 et 2002.




Cette année, nous avons goûté quelques vins pour savoir quoi en faire.
Passons sur le Château Larrivet-Haut-Brion, Graves 1970 dont il reste 4 bouteilles, petit vin faible, sans intérêt. A l’époque, ce domaine n’avait pas grande réputation.

Il y a en cave un certain nombre de Bordeaux 2003, et il faut toujours se méfier des années très chaudes. Aussi nous en avons goûté deux bouteilles.
La Dominique, Saint-Emilion, a une robe marquée, évoluée, un peu d’ampleur mais s’aminçit vite en bouche. Passera bien à table sans trop tarder.
Beychevelle, Saint-Julien, a un nez bien mûr et fruité. Il n’a pas eu de très bonnes notes en vin jeune. Nous l’avons trouvé très bon, bâti en longueur, avec une finale puissante, un peu sèche mais très longue. J’ai trouvé qu’il prenait à l’ouverture des notes de fumé, puis même de goudron comme un Pape-Clément en plus léger. Le soir, une note de réglisse. Un vin d’amateur. J'en suis.

Ensuite, un classique dont il reste des bouteilles, Château Haut-Brion 1988, 1er cru de Graves. Un vin en pleine, forme, bien, avec un beau boisé, des notes de menthe et de sous-bois, une grande finale qui lui garantit pour moi encore un bel avenir. Mais il faudra bien le commencer !

samedi, novembre 19, 2016

Vente à Saint-Malo le 19 novembre 2016

Retour d'une vente à Saint-Malo ce 19 novembre 2016.
Sale temps au départ, avis de tempête, sur la route grand beau temps avec eau sur la route et grand soleil éblouissant de face, raté la sortie de Dinan, arrivé à Bécherel, en retard pour la vente, j'ai horreur de ça.
Une vente courte, de 170 lots, mais avec quelques belles bouteilles.

Je suis assez inquiet sur les 16 bouteilles de Lafleur 1978. Je connais mal Lafleur à Pomerol. En fait personne ne connaît bien Lafleur. Je me souviens de l'avoir goûté dans une dégustation de 1986 où il était très bon; on l'avait classé 1er devant Petrus. Je sais seulement que 1978 est un grand millésime, et bien plus rare que du Petrus.
Sur 16 bouteilles, j'ai fait trois lots de qualité grand(ua)ante, car c'est à ça qu'on reconnait un bon expert, sans tenir trop compte de l'état des étiquettes. Je pense que le vin est dans la bouteille, et que la qualité des étiquettes qui me pose de plus en plus problème est plus affaire de philatélistes que d'oenophiles.
Lot 155: 4 bouteilles Château Lafleur 1978. Les moins bonnes, mi-haute épaule, estimation à 1000-1200 euros, se vend à 1700 euros.
Lot 156: 6 bouteilles Château Lafleur 1978. Les moyennes, tout haut épaule, estimation à 1500-2000 euros, vente à 3500 euros.
Lot 157: 6 bouteilles Château Lafleur 1978. Les meilleures, bas goulot, estimation  à 2500-3000 euros, vente à 3600 euros.
Je me suis modestement reconnaissant d'avoir privilégié le niveau du vin à la qualité des étiquettes.

Quelques autres jolis prix?
Petrus  1982 (un vrai!) à 2300 euros.
Haut-Brion 1988  ( une caisse parfaite de 12 bouteille) à 2700 euros.
C'est une bouteille que j'ai eu la joie de goûter la semaine dernière dans une autre cave d'un autre pays. Un millésime massif, encore jeune.

Margaux 1988  ( une caisse parfaite de 12 bouteille) à 2800 euros.

Et... 6 bouteilles du Château Rauzan-Ségla 2010 adjugées 500 euros à un amateur qui sait ce qu'est un très grand vin.

Gilles