lundi, octobre 15, 2007

Margaux Interdit ( lancement)


Vendredi 5 octobre, lancement à Rennes de mon roman, pour lequel j'ai commencé une postface à la seconde édition ( si elle arrive) dont voici quelques extraits:

Seul dans une petite maison dans la forêt j’affronte le capitalisme éditorial que mon livre n’intéresse pas. Faute d’avoir trouvé un éditeur, faute surtout d’avoir envoyé mon manuscrit autre part, après les sèches réponses des deux premiers A.S. et E.M., par indépendance autant que par inertie, enfin sur le conseil de Martine, j’ai décidé d’être mon propre éditeur, me souvenant en outre d’être déjà inscrit comme tel au registre du commerce ; c’est fou ce qu’on peut faire de choses ! Alors j’ai fait la maquette, j’ai bricolé la couverture avec des ciseaux et du papier, et j’ai confié le tout à un imprimeur. J’ai bien sûr numéroté à la main tous les exemplaires en essayant de faire que tous les numéros soient différents. Et sur tous j’ai tamponné la date du dépôt légal. C’est fou ce qu’on oublie de choses ! Et après, mon gars, débrouilles-toi, vends-toi, mon livre ! Mais tu trahis ton origine artisanale, tu perds vite ton pelliculage, bref tu n’es pas très attrayant et tu ne te vends guère… »
En artisan brouillon, je suis mon propre éditeur, je découpe les marque-pages, je dédicace et je glisse mes livres dans les enveloppe préaffranchies quand, de loin en loin, je reçois une commande venue par Abebooks de n’importe où. Mes acheteurs lisent mon livre, je suppose, et ne m’en écrivent rien, pourquoi le feraient-ils ?

(...)
Un lancement.
Voilà, un lancement. Mais où, comment, et à quelle distance ? Martine qui m’est très attachée-de-presse a tout mis en branle : ce sera vendredi prochain à Rennes, dans la majestueuse cave Saint-Germain-des-Lys. Il y aura de la terrine de sanglier et Catherine fera son embeurrée de bécasses, parfaitement, des bécasses ! Il y aura des sculptures et de la peinture, et à boire du vin de Soussans, en attendant la statue. J’aurai tous mes cartons bien rangés dans le coffre d’une voiture proche, au cas où. Et ce sera vendredi prochain. Nous avons découpé ( cartons, ciseaux) et envoyé ( enveloppes, timbres verts) trois cent invitation et actionné les tuyaux mystérieux qui délivrent, ou non, l’information. Même avant la date, c’est un succès :
« On a regardé dans tous les coins, mais on ne t’a pas vu ! » Tu n’es pas le seul, mon gars. Un autre ami m’a laissé un message, tout penaud qu’il était devant les grilles closes. Deux autres invités au moins ont appris par hasard, juste au moment de partir, qu’il y a un vendredi chaque semaine et que vendredi dernier n’était pas vendredi prochain. Vendredi prochain donc, je lancerai Margaux Interdit de toutes mes forces, et on verra bien où il retombera.
. Le juge aux performances se précipitera, décamètre à la main. Il me donnera un rang, ou pas de rang du tout, on verra bien.

On l’a lancé. Certes modestement, et je n’ai pas vu beaucoup de journalistes malgré l’embeurrée de bécasses –ai-je précisé que la bécasse était un oiseau ? et ces toasts étaient délectables, et la terrine de sanglier aussi était bonne, et Jen-Pierre Lécluze, caviste, nous avait fait la bonne surprise de faire venir Jean-Michel Garcion, directeur du Château Haut-Breton-Larigaudière à Soussans, AOC Margaux, pour présenter son délicieux 2002. Et j’ai vendu une quarantaine de livres, ce qui est exceptionnel pour un écrivain de ma condition. Puis nous sommes partis au restaurant, où j’ai croisé des clients qui terminaient le même vin en 2001, que le monde est petit.
Te voilà lancé, mon bon ami, à toi de te vendre !

dimanche, octobre 14, 2007

Mentions sur les étiquettes

Sur un Vin de table de Loire-Atlantique:
"vin naturel sans intervention vulgaire".
Vulgaire: admis, éprouvé sans aucune valeur péjorative). Banal, courant. Qui ne se distingue en rien.
A vous de choisir.

Le vin de table

Vin: plus il est mauvais, plus il est naturel.
Gustave Flaubert, Dictionnaire des idées recues

Le vin de table, pourquoi pas? Non que j'aie quoi que ce soit contre les grands vini da tavola de Toscane, par exemple, mais le développement est tel des vins dont la promotion est basée sur le fait qu'ils sont en-dehors des appellations, que ça vaut le coup de s'y intéresser. Peut-on en sortir des points communs?

Ca commence hier dans une cave réputée, où je demande deux bouteilles de vin de Loire (sec). Le vendeur me conseille un Muscadet écarté de l'appellation "parce qu'il est trop bon". Essayons voir. Ca s'appelle "La bohème", écrit à la main bien sûr, avec un dessin d'un type qui marche sur le nez. Au nez justement, pas grand-chose, une pointe de fruit blet. En bouche, c'est rond et assez gras et plutôt mou, un léger perlant, et une pointe de sucrosité sans laquelle le bobo ne reconnaît pas que c'est du vin. Sur l'étiquette, mention du cépage: melon de Bourgogne, et cette indication: ce vin est sec, mais pas acide.
Le melon de Bourgogne n'est pas en soi un très bon cépage. Le génie des vignerons du muscadet est d'avoir réussi à l'acclimater sur des sols adaptés, et de le récolter en sous-maturité ou juste à maturité. Certes, on trouvera toujours des cuvées très mûres qui donnent d'excellents vins, mais c'est une petite minorité. Le muscadet doit être vif, sinon il est mou. Et pour être vif, il doit être acide. L'acidité serait-elle un gros mot? A quand des citrons garantis non acides?
Bref, sans intérêt.

Essayons le second garanti "de la région de Montlouis", je suppose donc que c'est du chenin. Etiquette faite à la main bien sûr. Ca s'appelle Mon Loulou, on est ravi de l'apprendre. Inconnu au Féret (!) et sur Google. En bouche, c'est rond et assez gras et plutôt mou, un léger perlant, et une pointe de sucrosité sans laquelle le bobo ne reconnaît pas que c'est du vin. Rien d'autre ne dépasse. Terminé pour moi.

Je vais continuer à me faire des "amis" quand j'en aurai le loisir. Mais les lecteurs sont cordialement invités à participer! J'ouvre un second message pour recueillir les mentions figurant sur les bouteilles, et les expliquer avec l'aide de Robert ( pas le Grand Robert US, mais le Petit Robert franchouillard). Ca s'appellera tout simplement "mentions sur les étiquettes".

dimanche, octobre 07, 2007

Newsletter VinorumCodex

L'abonnement à VinorumCodex permet, si on le souhaite, de recevoir de temps en temps des analyses sur l'évolution des cours des vin, qui est le "coeur de métier" de cette base de données. Voici la dernière lettre:

NEWLETTER VINORUMCODEX DU 7 OCTOBRE 2007

1. BORDEAUX 1995 et 1996
2. ROMANEE-CONTI 1966
3. MARGAUX INTERDIT
4. STATISTIQUES

1. BORDEAUX 1995 et 1996
En compilant pour VX les résultats de vente de trois ventes récentes de Sotheby’s a New York et à Londres, il me semble pour la première fois depuis le début de l’année qu’un tassement s’opère sur les vins rouges de Bordeaux, hormis les grands vins dans les meilleurs millésimes, qui montent encore, mais moins vite. Il est sûr que la forte demande a suscité une offre encore plus forte, car ces vins ne sont pas rares, pour la plupart. Ainsi les 1994 sont généralement à la baisse; il est vrai que l’année n’est pas fabuleuse. Mais c’est aussi le cas pour beaucoup de 1995 dont je baisse les cotes.
La Mondotte 1995 vaut la moitié de ce qu’elle valait il y a cinq ans, et ce n’est qu’un exemple. Sur les 100 crus les plus chers de 1995, l’augmentation moyenne par rapport à l’année dernière est de 13%. Par rapport à 2005, où les cours étaient bas, elle est de 26%. Mais cette augmentation est le fait des premiers crus. Si je les exclue du calcul, je trouve une petite hausse de 3% par rapport à l’an dernier, et même une légère baisse par rapport aux cours de 2001. Ces très bons vins de 1995 qu’on boit maintenant ne sont donc vraiment pas chers, autant en profiter.
1996, grand millésime s’il en est : Haut-Brion cotait 138 euros l’année dernière, je l’ai remonté par paliers à 280, il redescend à 240. Certes c’est cher, mais quand même à la baisse. Même évolution pour Cheval-Blanc, Ausone et Mouton-Rothschild, ce dernier un peu décroché des fortes hausses des premiers crus. Il n’en reste pas moins que dans l’ensemble le millésime est en forte hausse : + 16% par rapport au cours de l’an dernier, + 40% par rapport au cours de 2005. Mais il me semble que le pic du plus haut cours est passé.
Quand aux 1997, il n’y a décidément aucune chance qu’ils se rattrapent leur tarif en primeur… sauf peut-être en 2047, pour fêter les cinquantenaires…

2. ROMANEE-CONTI 1966
Vente à Alençon le 28 septembre, avec un beau lot du domaine dans l’excellent millésime 1966. Bonne origine sans problème, étiquettes abîmées mais très bons niveaux. La Romanée-Conti, estimée 2500-3000 euros, se vend logiquement entre 3300 et 3500. Mais ce sont les autres vins du domaine qui me surprennent : 1.400 euros pour la meilleure bouteille de La Tâche, c’est le double de l’estimation. 800 euros pour le Richebourg, 700 pour le Grands Echezeaux, 530 pour la Romanée-Saint-Vivant, sont aussi des enchères très élevées. Décidément un domaine toujours à la hausse.

3. MARGAUX INTERDIT
Lancement officiel vendredi dernier de mon roman « Margaux Interdit ». La commercialisation n’est pas encore au point, faute de temps et en attendant la réimpression, le premier tirage ayant besoin de quelques retouches. Alors on s’est amusé avec ce lancement dans une cave réputée de Rennes, Saint-Germain-des-Lys, à défaut de Saint-Germain-des-Prés. Au menu, dédicace, toasts de pâté de sangliers et d’embeurrée de bécasse, et à boire le délicieux Château Haut-Breton-Larigaudière 2002, un cru de Soussans où se passe l’action du roman, présenté par son directeur Jean-Michel Garcion. Soirée superbe ! On peut pour l’instant acheter ce livre directement sur Internet, renseignements sur www.LaTruiteDeQuenecan.com .

4. STATISTIQUES
www.VinorumCodex.com , c’est maintenant 304.000 cotes anciennes et récentes pour 66.400 vins, et 32.400 notes de qualité. Et un service supplémentaire : l’observatoire des primeurs, qui a pris en compte cette année le tarif primeur d’un millier de vins français… avec un succès bien moins élevé que l’année dernière ; visiblement, les abonnés de VX ne se sont pas passionnés pour les primeurs 2006. Il est vrai que les prix étaient très élevés.

vendredi, septembre 07, 2007

Margaux Interdit (roman) (suite)

Pour la seconde édition, il faudra que je pense à rajouter le mot "roman". De gens pensent que c'est un guide touristique. Ventes régulières mais modestes. Ce premier tirage sera un collector, marqué par une couverture pas terrible et fragile, par la numérotation ( 300 exemplaires, c'est vraiment un bouquin-de-garage ) et par l'erreur à la page 175 que je dois rectifier exemplaire par exemplaire...
Ce matin, posté un texte sur le forum de Robert Parker au sujet des faux vins. Même à moi qui sui précautionneux, ça m'est arrivé. Une heure après, une commande de Margaux Interdit venant d'un français établi en Allemagne qui m'a trouvé sur ce site US. Voilà la mondialisation.
A ce propos, l'envoi d'un livre en Allemagne coûte deux fois moins cher que l'envoi du même livre en France. Voilà aussi la mondialisation!

lundi, septembre 03, 2007

Margaux Interdit (roman)


Enfin le voici! Sortie (mondiale) cette semaine au restaurant Le Ty Pont à Bon-Repos, Centre-Bretagne, et en voilà une trentaine de vendus sur les 300 de l'édition originale, avec le marque-page découpé par moi-même, la couverture faite par moi-même, comme la maquette et bien sûr l'écriture du livre.
Margaux Interdit raconte l'histoire d'un vin. En 1855, les courtiers de Bordeaux ont classé 57 crus du Médoc. Ce roman est l'histoire du 58°, appuyé sur une base historique qui me semble assez solide. Ca a été pour moi l'occasion de faire le tour d'un vin, depuis sa production jusqu'aux collectionneur, en passant par la vente aux enchères publiques. Je ne garantis pas que c'est un grand livre, j'ai fait de mon mieux, mais la première acheteuse m'en a commandé dix exemplaires ( penser à livrer... au lieu d'aller encore aux champignons).
Drôle d'impression de sortir un roman fait maison, rien à voir avec la bonne vingtaine de livres que j'ai écrit sous mon nom ou un autre, sur le vin, la cuisine, les prénoms bretons et divers... C'est bien plus fort. J'attends maintenant les critiques. Et les commandes, car mon petit tirage ne me permet pas de prendre un distributeur pour l'instant. Cette première édition sera donc un collector, actuellement vendu surAbebooks
( tous renseignements sur le site de mon (self) éditeur La Truite de Quénécan

Gilles du Pontavice
Ecrivain de garage

mercredi, juillet 04, 2007

La Cabanne et le micro-onde


Ci-joint trois logos qui figureront dorénavant sur la contre-étiquette du Château La Cabanne de François Estager. De haut en bas: la femme enceinte, qui signale a contrario aux acheteurs européens qu'elle ne doit pas boire de bon Pomerol pendant la grossesse. Puis le petit chat qui rappelle opportunément qu'il ne faut pas mettre d'animaux familiers au micro-ondes s'ils ont bu. Enfin la raquette de tennis qui incite les sportifs à la tempérance. Voilà une belle initiative dont on doit le féliciter!

mercredi, juin 27, 2007

LE PRIX UNIQUE DU LIVRE ET L'ECRIVAIN DE GARAGE

Le prix unique résulte de la Loi Lang. Elle a permis la survie en France d'un fort réseau de libraires, qui ont souvent disparu des pays plus libéraux. On le sait, le rabais maximum permis sur un livre est de 5%.

Or le secteur de la vente par Internet ne cesse de se développer: Amazon bien sûr, mais aussi Chapitre ( 20 millions de références!) et maintenant Abebooks: 100 millions de livres mis en vente par 13.500 librairies, de quoi accélérer sngulièrement les flux. Et Chapitre vend sur Abebooks. Où l'on trouve de curieuses distorsions du prix unique du livre:
ainsi un petit guide des liqueurs que j'ai publié aux Editions Ouest-France, en vente un peu partout à 5 euros, ou 4,74 euros avec la réduction de 5%. Chez les partenaires d'Abebooks, on le trouve à 1.90 euro, en neuf! mais je l'ai aussi vu hier à 22 euros, il n'y est plus, était-ce une faute de virgule ou est-il miraculeusement vendu?

Cette mondialisation des échanges a aussi des avantages collatéraux. Ainsi, moi-même. Je viens de terminer l'écriture d'un roman qui se passe dans le monde du vin, et je n'ai pas d'éditeur: cela n'entre pas dans le champ de mes éditeurs habituels, et le manuscrit a été refusé par des éditeurs de littérature générale qui, il est vrai, en reçoivent dix par jour et sont déjà bien en peine de vendre tout ce qu'ils publient.

Le système de distribution du roman en France est hyper-indistrualisé. Pour simplifier, un éditeur tire un livre à 3.000 exemplaires au moins, parfois beaucoup plus si l'écrivain est connu. Si l'écrivain est très connu, on n'hésitera pas à le mettre en vente sans vergogne avec un bandeau "best-seller". Puis il l'envoie "en office" aux libraires, c'est-à-dire qu'il en envoie quelques exemplaires à chacun. Il doit ensuite en faire la promotion le plus vite possible. Car le lbraire n'a rien demandé, et reçoit des cartons et des cartons et des cartons de livres qu'il ne peut tous exposer, ni vendre et encore moins payer. Donc il en renvoie une grande partie, qui sera souvent pilonnée.

Dans ces conditions, il est difficile à un nouvel auteur de percer. Il viendra toujours derrière les gros vendeurs assurés. Et bien sûr derrière les stars en tous genres, qu'elles aient ou non écrit leur livre. Sur les quelques 30.000 livres qui sortent chaque année, la très grande majorité ont un destin bref et amer. Et les auteurs s'aigrissent, chacun étant évidemment persuadé que sa production est de qualité. Comme moi.

J'en viens aux avantages collatéraux. Ils ont pour nom Internet et l'impression numérique. Ainsi, mon manuscrit qu'on m'a refusé, j'en ai fait la maquette tout seul ( pas très dur), j'ai trouvé un imprimeur qui va me l'imprimer en modeste quantité, et je vais commencer à le vendre tout seul. Pas avec les arguments d'une campagne de primeurs:
"Si vous ne l'achetez pas tout de suite, yen aura plus" ( en général yen a encore un an après).
Mais sur le fond, et grâce aux outils de promotion et de vente par Internet. Et aussi, je l'espère, grâce à des libraires qui s'y intéreseront et me feront des commandes. Au fond, un travail artisanal à la maison, de petites quantités, un service soigné, je ne suis rien d'autre qu'un écrivain de garage! J'espère simplement qu'on ne jugera pas ce roman trop concentré... et qu'il vieillira bien.

Primeurs 2006 (2)

Le 29 mai 2007: BORDEAUX PRIMEURS 2006, PREMIERES ANALYSES

La campagne se déroule tranquillement avec des sorties échelonnées. A ce jour nous avons recensé les prix de 170 crus de 2006 offerts en primeur.
La question est bien sûr de savoir quel est le prix du millésime? On l'annonce en baisse après les très fortes hausses de 2005, pour un millésime 2006 qu'on reconnaît comme inégal en qualité. Il nous a donc semblé normal de prendre comme référence non pas 2005, mais plutôt 2004, un bon millésime classique. Pour une centaine de crus significatifs déjà en vente, et qui ne sont pas parmi les plus spéculatifs, pour une base 100 concernant le millésime 2004 en primeur, on trouve un indice de 127 pour le millésime 2005, et de 118 pour le millésime 2006.
2006 est donc nettement plus cher que 2004, et un peu moins cher que 2005. Cette tendance va sans doute augmenter très nettement avec la sortie des plus grands vins.

Pour la petite vigntaine de liquoreux disponibles, et toujours pour une base 100 en 2004, notre indice est de 124 pour le millésime 2006, et de 118 pour le millésime 2006. Là aussi, baisse par rapport à l'année dernière, mais nette hausse par rapport à il y a deux ans.

Le 2 juin 2007: PRIMEURS 2006: CA CONTINUE

De grands vins sortent maintenant, avec des prix très divers. 686 crus sont déjà référencés sur www.VinorumCodex.com, soit plus de la moitié. Nous vous rappelons qu'un tableau xls des prix de vente des primeurs est disponible pour les abonnés sur simple demande accompagnée de leur identifiant VX.

En ce qui concerne les vins de Bourgogne, voilà déjà une tendance:
- pas de hausse pour les rouges, pas de baisse non plus pour l'ensemble ( sauf une légère baisse chez Dominique Laurent.
- une hause sensible pour les blancs, de 15% en moyenne.

On attend maintenant la sortie des premiers crus qui seront forcément très chers

Le 7 juin 2007: LA SUITE

Encore quelques statistiques sur les sorties des primeurs 2006. Cette fois, j’ai cherché à savoir si la relative baisse du millésime 2006 le rendait attractif par rapport à un millésime comparable, par exemple 2004. J’ai donc pris le prix de sortie du millésime 2001, que j’estimais peu cher. Erreur… on oublie vite : 2001, comme 2006, est un millésime né dans l’ombre du précédent ; on a donc beaucoup parlé de la baisse des cours, en oubliant qu’elle succédait à une très forte hausse.
Pour une centaine de crus, excluant les plus grands qui ne sont pas encore sortis, si on prend comme base 100 le prix de sortie du millésime 2001, on trouve
2002 à 81
2003 à 93
2004 à 77
2005 à 124
2006 à 108
On est donc à un prix guère supérieur au 2001. Bien sûr, rien à voir avec les primeurs des années 1990 qui étaient à des prix tellement attractifs. Et le décrochage par le haut des premiers crus est un phénomène durable, que ce soit en primeur ou pour les millésimes plus anciens.

Cantenac-Brown passe de 29,30 euros l’année dernière à 55 euros. C’est la rançon de la bonne note de Parker : 90-92 sur 100.
Parmi les dernières sorties : L’Evangile en baisse de 20%, ce qui le donne quand même à 130 euros. Lynch-Bages en baisse de 24%. Malescot en baisse de 29%. Rauzan-Ségla en baisse de 28%. Talbot en baisse de 23%. Chevalier en baisse de 38%. Beychevelle en baisse de 7%. Branaire en baisse de 4%. Brane-Cantenac en basse de 20%. Calon-Ségur en baisse de 34%. Carbonnieux en baisse de 15%. Cos Labory en baisse de 24%. Clos du Marquis en baisse de 18%. Batailley, Belgrave inchangés.
Pour les Pomerols, Clos du Clocher en baisse de 37%. Beauregard en baisse de 10%. Rouget en baisse de 6%.
Et Clinet en baisse de 51%, mais c’est un cru très sensible au marché qui fait régulièrement le yoyo : 105 euros pour le 2000, 98 le 2001, 63 le 2002, 53 le 2003, 34 le 2004, 79 le 2005 et 52 le 2006. La cote en salle des ventes est toujours plus basse.
A Saint-Emilion : Bélair, Soutard inchangés. Clos Fourtet en baisse de 33%. Clos des Jacobins en baisse de 30%. Chauvin en baisse de 24%. Canon-La-Gaffelière en baisse de 8%.

Le 13 juin 2007: LES PRIMEURS, SUITE

C'est maintenant 820 vins du millésime 2006 dont nous donnons le prix de vente en primeur. Nous vous rappelons qu'un fichier xls est envoyé sur demande aux abonnés ( préciser votre nom d'abonné). Il comprend des milliers de prix de Bordeaux primeurs. Bien sûr, certains deviennent vite obsolètes, soit parce que l'offre est épuisée, soit parce que la première tranche a été épuisée. Mais il peut être utile pour optimiser ses achats de primeurs et pour trouver les vins rares.

C'est une idée fausse que les vins sont partout vendus au même prix:
Ainsi pour Cos Labory, nous relevons une différence de 18% entre le plus cher et le moins cher. Pour Lagrange, Suduiraut et Le Gay, de 10%. Pour Agassac, Desmirail, Doisy-Védrines, Poujeaux, Gruaud-Larose, Clos du Marquis, Clos René, Chevalier blanc, Les Fiefs de Lagrange et Myrat, de 11%. Pour Guiraud, Lafaurie-Peyraguey, Rieussec et Latour-Martillac, de 12%. Pour Doisy-Daëne et Reignac, de 13%. Pour Léoville-Barton et Sociando-Mallet, de 14%. Pour Saint-Pierre, de 15%. Pour Maucamps, de 16%. Pour Fieuzal blanc, de 18%. Pour Destieux et Malartic-Lagravière blanc, de 19%. Pour Langoa et Marquis de Terme, de 22%. Pour Fleur-Cardinale, de 24%. Pour La Tour de Mons et Monbousquet de 29%. Pour Côte de Baleau, de 33%. Pour Talbot, de 35%. Pour Sénéjac, de 36%.

Des différences qui ne sont quand même pas négligeables. Et, bien sûr, le marchand le mieux placé sur un cru peut être le moins bien placé sur un autre.

La Violette, la belle endormie des grands terroirs de Pomerol, se réveille cette année ... à 160 euros TTC. Plus cher que La Conseillante à 95 et même que l'Evangile à 130.

Le 27 juin 2007: 100 EUROS

Un tarif de 100 euros TTC en primeur semble être devenu la règle pour un premier cru ou assimilé, dont voici les derniers:
L'Evangile à 125 euros chez Millésimes et Dubecq, jusqu'à 138 ailleurs.
Vieux Certan à 113 euros chez Dubecq, jusqu'à 131 ailleurs.
Ducru-Beaucaillou à 113 euros chez Estève.
Pape-Clément à 107 euros chez Estève, jusqu'à 118 ailleurs.
Cos d'Estournel à 101 euros chez Jeunemaître, jusqu'à 108 ailleurs.
Pichon-Lalande à 100 euros chez tout le monde.
Troplong-Mondot à 95 euros aux Caves de Bécon, et jusqu'à 99 ailleurs.
La Conseillante à 92 euros chez ChateauInternet, et jusqu'à 102 ailleurs.
Pichon-Baron à 80 euros à la Cave d'Ulysse, chez Lavivia, et un peu partout.
Montrose à 67 euros chez plusieurs vendeurs.

Vous pouvez nous demander le tableau xls des sorties primeur, recensant à ce jour 450 crus mis en vente.

jeudi, mai 10, 2007

Bourgogne vieilles vignes

Un petit post en passant. Je suis en train de recenser pour www.VinorumCodex.com des vins de Bourgogne. Or je remarque que chez les vins de négociants, il y a pléthore de "vieilles vignes". Les négociants sont-ils viticulteurs, pour connaître l'âge de ce qu'ils achètent, ou les vignerons sont-ils trop bêtes pour le savoir?
Je reste suspicieux devant toutes ces "vieilles vignes" qui apparaissent sur les tarifs sans qu'on n'en connaisse l'âge.

Les primeurs en 2006 ( une astuce dans le titre)

Newsletter www.VinorumCodex.com du 10 mai 2007


SPECIAL PRIMEURS (1)

VinorumCodex fournit déjà les prix de vente en primeur de 520 crus de Bordeaux, disponibles sous forme d’un fichier xls sur simple demande accompagnée de votre identifiant d’abonné.
520, déjà ?
Ben oui, mais ce sont les prix du millésime 2005. Car, vous l’aurez remarqué, il est difficile de rechercher les prix des primeurs 2006, tant est grande la pression à vendre encore du 2005, ce « Tanguy » qui ne veut pas partir, alors qu’il devrait être payé et introuvable et surtout pas destiné à atterrir dans les foires au vin de l’automne.


J’ai donc examiné le tarif auquel sont vendus aujourd’hui 240 crus de Bordeaux 2005 en les comparant au tarif moyen lors de la campagne du printemps 2006. C’est un peu compliqué, je sais, mais l’objectif est de savoir si ces 2005, annoncés comme exceptionnels, étaient devenus introuvables. Ma première surprise : Cheval-Blanc, auquel Parker donne un 96-100 sur 100, est encore en vente, et au même prix qu’il y a un an !

D’autres vins sont épuisés. Sans faire le tour de toutes les maisons de vente, je relève : Ausone, Beauséjour-Duffau, Bellevue-Mondotte, Berliquet, Branon, Clinet, Clos des Jacobins, Fleur-Cardinale, Gazin, Grand-Corbin-Despagne, Gruaud-Larose, Kirwan, La Mission-Haut-Brion, Lafleur, Larcis-Ducasse, L’Arrosée, Latour, Le Gay, Le Pin, L’Eglise-Clinet, Léoville-Barton, Margaux, Pavie-Decesse, Pavie-Macquin, Rouget, Tertre-Roteboeuf, Troplong-Mondot, Domaine de L’A, La Chapelle d’Ausone, La Petite Eglise.

Soit 30 crus sur 240, dont un certain nombre sont en quantité confidentielle. Il y a donc encore 88% des vins qui sont proposés sur le marché. Et plus : en cherchant un peu, on trouve facilement Margaux au prix de l’année dernière. Pour Ausone, c’est plus dur : compter 1.800 euros TTC la bouteille. Et pour Petrus, en prévoir 3.000.

Voici le résultat de ce petit exercice sur mes 210 crus rescapés :
110 sont en vente au même prix que l’an dernier, ou avec une augmentation négligeable que j’ai fixée à 3% pour tenir compte de l’inflation.
65 sont en légère augmentation, de 4 à 10%.
28 ont augmenté de 10 à 20%.
Restent 8 pour lesquels je trouve une augmentation supérieure :
La Fleur de Boüard, plus 21%.
Haut-Brion rouge, plus 22%.
Lagrange, plus 23%.
Branaire, plus 33%.
Pontet-Canet, plus 36%.
Chasse-Spleen, plus 46%.
Pavillon Rouge, plus 59%.
Les Forts de Latour, plus 62%.

De tout cela, je ne tire aucune conclusion définitive. Attendons les livraisons des vins, et on verra bien à quel prix ils s’établissent.

SPECIAL PRIMEURS (2)

Mais si, VinorumCodex donne aussi les prix des primeurs 2006 ! A ce jour, 370 crus différents et très bientôt plus de 400. Comme l’année dernière, il y en aura plus d’un millier dans cette campagne.
J’ai remarqué des hausses très sensibles sur les grands Bourgogne. J’attends d’avoir un échantillon plus large pour établir quelques statistiques de comparaison entre 2005 et 2006.

D’ici là, bonnes recherches et bonnes dégustations.
Gilles du Pontavice
Expert en vins.

mercredi, avril 18, 2007

Le vin de Bretagne (3)


Bon, d'accord, on n'est pas chez Thunevin, mais ça c'est un vrai vin de garage!
A noter une particularité bien bretonne: le pressoir sert aussi à faire du cidre, c'est d'ailleurs son premier usage. Les raisins sont foulés grossièrement, puis passent sur une table de tri qu'on voit au second plan. Ils sont cuvés dans de petites cuves en résine. Pour démarrer les fermentation, caisson isolé et radiateur électrique. Monsieur Donnio cultive le Maréchal Foch et le plantet, deux hybrides, pour en faire du vin rouge et du crémant. Il ne prétend pas faire un grand vin, mais un vin correct, et de toutes façons "on s'y fait à son vin, on finit par le trouver bon."
Pourquoi le Maréchal Foch, un hybride? Parce que comme ça, on ne peut pas le comparer à autre chose, du genre " il est moyen votre gamay"!
Problème dans nos campagnes bretonnes: les oiseaux. Alors il recouvre ses vignes avec des filets à palourdes ( autre production très convoitée).

Ca fait rigoler, sûrement, les grands amateurs et les producteurs mieux lotis que chez nous. Mais l'idée de ce pett vignoble du Centre-Bretagne est née avec le concours de Michel Chapoutier. C'est pas rien!

Le vin de Bretagne (2)


Dégustation des vins bretons avec le concours éclairé de Guy Bossard.





Cette association a pour fondateurs l'écrivain Gérard Alle, qui a publié un ouvrage intitulé "Le vin des Bretons", Laurence Zigliara, Ethno-psychologue, et Pierre Guigui, auteur du guide GaultMillau Vin. Dans le livre de Gérard Alle, on trouve des histoires incroyables de chasse-neiges précédant des camions pinardiers pour assurer le vital ravitaillement, ainsi que d'autres surprenantes sur le petit-déjeuner des ouvriers des arsenaux...
A la lecture de ce livre, plein de gens lui ont téléphoné: "Je fais du vin - Moi aussi", et il est apparu qu'ils sont bien plus nombreux qu'on ne le pensait. Alors on s'organise, on échange des tuyaux, et on fait appel à des spécialistes. Et voici l'Association pour le Renouveau des Vins de Bretagne (A.R.V.B], avec pour slogan « Bevet gwin vreizh! ». Tout cela est encore bien amateur, et alors? On fait comme on veut, et j'ai bien l'intention de planter quelque chose cet automne ( je rêve de chenin blanc sur mes très vieux sols de schistes briovériens).

Le vin de Bretagne


26 septembre 2057:
ls vendanges sont presque partout terminées en Bourgogne. Le moût rentré est très sain et devrait donner de beaux vins charpentés. A Vosne-Romanée, le mourvèdre est magnifique quoiqu'un peu chaud, plus de 14° d'alcool en moyenne. Les grenaches sont un peu mous, mais l'assemblage devrait faire un grand vin. Le maître de chai qui me reçoit me fait goûter les deux vins juste pressés, et les deux millésimes qui s'arrondissent en barriques. Tout ça est très bon. Et puis, un peu en s'excusant, il me propose de goûter un 2001 vinifié par son père. J'ai entendu parler de ces vieux bourgogne qui étaient faits avec du pinot noir. Un cépage que je connais, bien sûr, et qui donne de très beaux vins veloutés en Centre-Bretagne et dans le Pays de Galles. Pas mal, très rond et fruité, mais quand même bien léger par rapport aux Bourgogne d'aujourd'hui.
"Vous savez, me dit-il, je ne regrette pas que la génération de mes parents aient du arracher le pinot. Ca manquait de corps, quand même. Et puis, de toutes façons, on n'avait pas le choix".
Hé oui, on n'avait pas le choix. Quand le délicat pinot noir s'est mis à se gorger d'alcool sous le soleil brûlant qui a envahi la Bourgogne, quand on s'est rendu compte que même en vendangeant au 15 août le vin était trop alcoolisé, et quand la vigne a arrêté de s'arrêter l'hiver pour s'épuiser à tourner en boucle, la végétation reprenant dès novembre. Il fallut acccepter l'évidence: après des siècles de présence en Bourgogne, le pinot noir n'y avait plus sa place. Alors on a remonté de Provence les cépages qui ne pouvaient plus y survivre, brûlés par la chaleur. Et le pinot noir a migré vers le Nord, faisant la fortune des vignerons luxembourgeois. Mais il commence déjà à y avoir trop chaud. Les vignobles anglais ont beaucoup d'avenir.

Rassurez-vous, ce n'est qu'une fiction. Mais le fait est que le réchauffement climatique est en cours. Et l'augmentation du taux d'alcool moyen est une réalité. Quant à cette histoire de vigne qui ne se repose plus l'hiver, c'est une réalité dans certains vignobles de Californie.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Dimanche dernier, réunion de l'association des vignerons bretons. Pas les professionnels du muscadet et du gros-plant, mais les amateurs qui ont quelques pieds de vigne pour le plaisir. Il y aura prochainement un compte-rendu sur le blog:
[vigneronsbretons.over-blog.net]

On a eu une conférence de Guy Bossard qui connaît bien nos sous-sols parmi les plus anciens de France. Puis on a goûté diverses productions, dont:
du Maréchal Foch qui est un hybride teinturier ( visite du vignoble sur la photo en haut de l'article). Le vigneron en fait un vin rouge costaud et rustique. Et aussi du crémant!
Un très bon vin demi-sec fleuri fait avec des vignes non identifiées.
Un joli pinot noir, plutôt rosé à vrai dire.
Du chardonnay acceptable.
Et d'autres imbuvables, essentiellement par une mauvaise vinification, tout cela est fait dans des garages et pour le plaisir. Il semble que le principal problème n'est pas trop le froid, il y a désormais moins de gelées tardives surtout près des côtes, mais l'humidité donc le mildiou et l'oïdium.
Des vins de garage donc. A suivre, la visite du garage.

jeudi, avril 12, 2007

J'attends mes primeur, J'élève mes primeurs


En attendant l'ouverture de la campagne des primeurs 2006, qui sera sûrement palpitante... j'ai retrouvé ça, publié en 2005 sur un vieux blog peu accessible.


16 avril 2005: A commander: J'attends mes primeurs, J'élève mes primeurs.


Ces deux nouveaux ouvrages pratiques et disponibles en souscription, publiés par deux éditeurs différents, mettent en lumière les caractéristiques profondes de l'acte de conclure une "transaction" en primeur. Une "transe-action" en effet, car cet acte est à la fois une action au sens kantien du terme ( quoique...), j'agis, j'évolue, je me construit en construisant ma cave, et une transe, où l'on trouve autant la peur de manquer, la ruée pour être-le-premier-servi ( comme à la cantine), un état second qui nous entraîne loin du rationnel, qu'une danse propriatoire exécutée à l'intention de celui qui peut satisfaire le voeu ( en l'occurence, le propriétaire de Pomerol).


Dans J'attends mes primeurs, tout découle du début: avant il n'y a rien, pas de souvenirs, que des bruits confus. La gestation du millésime, on le sait, obéit à des règles assez générales. Pour l'acheteur, se succèdent dans l'ordre la météorologie de l'année dont il n'a qu'une vague idée - les premières revues de presse annonçant "qu'on a vendangé les Graves blancs en août" - puis vers novembre l'annonce par la presse généraliste d'un millésime exceptionnel, voire jamais vu depuis 1893 - enfin en mars quelques signes annonçant qu'il y aura des dégustations en avril. Tout cela ne sont que des prémices.
La conception des primeurs aura lieu dans un savant ballet, d'avril à juin. C'est là qu'intervient la transe dont nous parlons plus haut. Elle tient au concept de "prime-heure": si je ne suis pas sur les rangs à la prime heure, ce sera trop tard tout-à-l'heure. Mais la prime-heure n'annonce pas son heure. D'où cette angoisse permanente de l'attente. D'où cette veille permanente de l'intellect, source de névroses et d'insomnies.
L'achat effectué, l'angoisse devrait normalement retomber. Il n'en est rien: d'autres questions viennent se rajouter aux questions: serai-je livré? Est-ce que j'ai fait des économies? Est-ce que le vin sera bon? Est-ce qu'il sera moins cher en FAV (Nous n'avons malheureusement pas pu découvrir la signification de ce sigle réservé aux initiés)?
D'autant plus que la structure linéaire du système des primeurs se complique depuis quelques années d'une superposition de couches qui accroît l'anxiété. En témoigne ce discours relevé dans le cabinet d'un primanalyste réputé:
"Je ne sais plus quoi faire. Tout me dit que je dois acheter des 2004, bien que les vins soient chers et le millésime moyen; tout - car il faut que j'achète des primeurs chaque année. En même temps, quand je vois que Cheval-Blanc 2003 est encore en vente primeur avec une augmentation négligeable, j'ai bien envie d'en prendre; je n'en avais pas pris l'année dernière, car je trouvais ça trop cher. Mais c'est peut-être un meilleur rapport qualité-prix que les 2002, bien que ça soit bien plus cher que les 2001 de l'hyper d'en face. Je pensais financer les 2004 en revendant un peu de 2000, mais ils valent la moitié d'en primeur, on dirait des 1997!..." etc,etc... Une logghorée préoccupante et qui touche de plus en plus de patients, à laquelle le thérapeute ne peut pour l'instant apporter qu'une écoute attentive, sans proposer de solution.


J'attends mes primeurs, Editions de l'Expectative, 120 pages, présenté en coffret bois. Livraison au premier semestre 2007. Tarif de souscription: jusqu'au 30 juillet 2005: 30 euros. Du 30 juillet 2005 au 30 juillet 2006: 35 euros. Du 30 juillet au 31 décembre 2006: 40 euros. En librairie début 2007: 20 euros.


J'élève mes primeurs est un ouvrage sensiblement différent, s'il aborde le même processus. On peut le lire comme un thriller où se succèdent les coups de théâtre. L'objet psychanalityque repose sur la fixation. On connaît depuis Freud le caractère de la fixation. Il s'agit ici de la fixation des prix de sortie des primeurs, selon un process complexe où l'affirmation de l'ego tient une part dominante. "Si mon prix est bon, je vends bien mon vin et je suis considéré; si mon prix est trop élevé, je ne vends rien; si mon prix est trop faible, les voisins se foutent de moi". L'enjeu est vital. Le "prix-meurt" ne donne qu'une seule chance. Sa fixation obéit autant à la logique qu'à l'intuition.
Ensuite, c'est l'élevage proprement dit. Pour ça, on fait comme d'habitude.


J'élève mes primeurs, collectif, Fédération de l'Agriculture et de l'Elevage, 12 pages, présenté en coffret bois. Livraison au premier semestre 2007. Tarif de souscription jusqu'au 30 juillet 2005: 30 euros. Sera sûrement épuisé ensuite.

mardi, avril 10, 2007

Les primeurs 2006, quelques notes de dégustation





Quelques 2006 goûtés en primeur, classés par appellation et par ordre de préférence.

Les Bordeaux blancs

Fieuzal, excellent, très gras. Malartic-Lagravière, très différent, du bon sauvignon, fruité, avec un bon soutien acide. Larrivet-Haut-Brion, du gras, mûr, pas très plein en milieu de bouche. La Louvière, franc, minéral, de l’acier ! C’est mon quarté gagnant.

J’ai aussi beaucoup aimé les vins suivants : Château de France, complet et incisif. Pape-Clément, très jeune, dur, tannique, de longue garde. Chevalier, encore discret mais d’avenir. Latour-Martillac, clair mais complet, de garde.

Un degré en-dessous, Smith-Haut-Lafitte, très gras et démonstratif. Bouscaut, vanillé, assez mûr. Rahoul, boisé, dur, un peu mou en même temps ! Haut-Bergey, un fumé intéressant, assez mou, boisé. Chantegrive Cuvée Caroline, sur le bois, un peu court. Olivier, du gras, un peu court. Carbonnieux, fin mais encore bien discret. Marjosse, pas mal, fin, un peu court. Hostens-Picant, Cuvée Demoiselles, commence bien mais finit bizarrement.

Saint-Emilion

Balestard-La-Tonnelle
, surprenant, excellent complet, bonne acidité. Pavie-Macquin, en poids lourd, gras, coloré, accrocheur, très long. Troplong-Mondot, lui aussi noir, gras, chaud, très plein pour un 2006. Figeac, pas le mieux noté mais mon préféré, avec un superbe velours en bouche. Fonroque, excellent, de l’alcool, du fruit et une belle longueur. Valandraud, long et raffiné. La Dominique, ferme et de bel avenir. La Couspaude, en costaud, fruité et puissant. Trottevieille, clair, très long, raffiné, manque de fruit. Clos Fourtet, sombre, acide, une très bonne chair. Clos Badon Thunevin, excellent. Grandes Murailles, velouté, très bonne chair. Tout ça m’a beaucoup plu, dans des registres différents : sur la finesse, ou en puissance, ce qui était dur à assurer cette année.

Ensuite, Grand-Mayne, très bien, longue finale, un peu trop d’alcool. Cap de Mourlin, belle robe, costaud, bons tannins. Trianon, riche, boisé, peu de nerf. Pas de L’Ane, bon vin, lisse et soyeux. Clos des Jacobins, sérieux, élégant, bon élevage. Franc-Mayne, mal défini au nez, mais délicieux, très fruité. La Gaffelière, clair, peu concentré mais très bon, fin. La Tour Figeac, coloré, bon grain, moyennement corsé. Péby Faugères, corsé, du café, finale puissante, plus fort que fin. Grand Pontet, vineux, des notes animales. Sanctus, sombre, velouté, très bon. Bélair, clair, fin, long, sec, bref Bélair. Sansonnet, muet mais carré, très attrayant. Beau-Séjour Bécot, pas très coloré, longueur moyenne, frais, un peu sec.

Puis Riou de Taillas, mûr, assez rond, belle finale. Grand-Corbin-Despagne, un peu maigre mais très long. Canon-La-Gaffelière, encore de l’amertume, belle finale, mais une déception ( à ce stade). Fleur Cardinale, bien, une certaine froideur pas malvenue. Patris, fruité, très vineux. Berliquet, assez clair, un peu chaud. Larmande, des fruits rouges, pas très concentré, finesse. Ferrand Lartigue, nez floral, mais charnu, chocolaté, un peu lourd. Angélus, très belle robe, chaud, de l’allonge, très apprécié, je l’ai pourtant goûté deux fois, à revoir.

Puis Franc-Maillet Cuvée Jean-Baptiste. Larcis-Ducasse, un peu fluet, ce n’est pas du 2005. Laniote, bon, soutenu. Côte de Baleau, boisé, finale longue et soutenue. Barde-Haut, vif et sec, à revoir. Jean Voisin, gras et lisse. Dassault, très serré, amer. Chauvin, vineux, mais fluide. La Clotte, un boisé léger, goût métallique. La Commanderie, léger, une belle finale. Destieux, nez de pruneau, bon grain, demi-corps. Villemaurine, noblesse du terroir, mais sèche. Ripeau, bien, mais un peu amer. Clos La Madeleine, joli nez de rose, assez vif.

Puis Franc Grâce Dieu, fruits rouges, dur et un peu terreux. La Fleur d'Arthus, dur, mais du potentiel et du fruit. Boutisse, nez de cerise, fruité correct. La Grangère, plutôt vert. Quinault, puissant, mais manque de centre et tend à sécher. Bellefont Belcier, nez prometteur, coulant. La Marzelle, fermé, rêche et court mais prometteur. Pressac, fruité, mûr, vif, mais dilué. Saint-Georges Côte Pavie, sec et assez court. Le Fer, fruité, souple, finale gourmande. La Gomerie, fin mais étroit. Fombrauge, très bon sans compication. La Fleur, robe chatoyante, nez frais, strict, un peu vert. Rochebelle, de la rondeur. Faugères, nettement rural. Clos Saint-Martin, plutôt simple et court.

Pomerol et Lalande-de-Pomerol

La
Conseillante est excellent de bout en bout, fruité et racé. La Clémence est pour moi une découverte et une belle surprise : sec, complexe, une grande finale. Gazin est coloré, tanique, et se goûte très bien de bout en bout. Prieurs de La Commanderie est fin et très vineux et équilibré. Rouget, beau Pomerol, dur, savoureux, prometteur. La Fleur de Gay est rond, doux et d’abord facile.

Bonalgue a un nez fin, réglissé, il est un peu court mais très agréable. La Pointe est violet, gras, séveux, un poil rustique, ce qui en fait un très bon Pomerol. Feytit-Clinet, fermé, est costaud avec le goût du terroir. La Croix de Gay aussi est un peu rustique, coloré et plein. La Commanderie de Mazeyres m’a semblé dur et sec, puis bien plus complet le lendemain. Le Bon Pasteur est très jeune, un peu dur. Le nouveau Pomerol du domaine Fayat-Thunevin, ex Vieux Château Bourgneuf, ne comprend que du merlot : long, charnu, très bon.

Puis Clos du Clocher, nez discret, puissant, tanins durs. L’Ambroisie de La Croix des Moines, violacé, nez simple, fruits rouges, sec, tanins puissants. La Cabanne, joli vin agréable, un peu court. Clinet, nez fermé, long et soyeux. Bourgneuf-Vayron, un boisé noble, vif mais peu corsé. Clos L'Eglise, bien, velouté, pas très long. L'Enclos du Beau-Père, très bon, petit corps. Vray Croix de Gay, rond et « froid », mais des promesses. Le Moulin, tout de droiture, demande du temps. Petit Village, fluide, assez complet. Jean de Gué, un nez frais épicé, une fermeté de cabernets bienvenue, un peu sec. L’Enclos, terreux, un peu mou, puis vif. Domaine Fayat-Thunevin en Lalande-de-Pomerol, très bon, pas très défini.

Beauregard, violet, très rond, fruité mais terreux, vaguement ennuyeux. Montviel, pas très Pomerol, gagne à l'ouverture, long, droit. La Croix, nez de bonbon, complet… et en avant! Domaine de L'Eglise, joli vin pas très concentré. Vieux Maillet, nez puissant, rappelle la syrah ! pas mal mais sans éclat. La Fleur de Boüard, gras, nez complexe, pas ouvert, finale trop sèche.

Beau Soleil, de petit format, un peu court. Bellegrave, semble étriqué. Perron La Fleur, un peu plat, assez sympa. Grand Ormeau Cuvée Madeleine, nez fin mais délavé, pas très puissant ni mûr. Le Clos des Sabines est léger. Viaud, un petit fruit, un peu léger. La Gravière, clair ; pas mal, mais peu de corps. La Sergue, maturité au nez mais pas en bouche. Mazeyres, nez de cour de ferme, dilué, pas très mûr. Siaurac, nez puissant mais froid, longiligne, sans gras. Taillefer était faiblard.

CRUS DU MEDOC

Lynch-Bages
est excellent avec évidence. Pichon-Longueville est excellent, j’ai écrit « rentre-dedans sans fioritures ». Pontet-Canet, nez de cassis, sérieux, corsé. Léoville-Barton, complet, beaucoup d’avenir. Lagrange, puissant et tannique, très bien.

Léoville-Poyferré est très ouvert ; on aime ou pas. Lascombes cette année est féroce ! Brane-Cantenac est doux et fin. Clerc-Milon est facile, cassis et joli corps. Monbrison est un beau Margaux. Batailley un peu clair, mais mi-corps, déjà ouvert, harmonieux, pas très long, délicieux. Marojallia est très bon et raffiné. Kirwan, sombre, nez mûr, très plein, finale un peu dissociée. Le Tertre est très agréable. Talbot, bon fruit, de l’avenir. Dauzac, un bon équilibre. Gruaud-Larose n’est pas très concentré. Croizet-Bages, bon nez, cassis, fumé, un peu creux en bouche. Cantenac-Brown est plein avec de la mâche. Clos Margalaine est très tannique mais soyeux. Durfort-Vivens, sombre, pas très plein mais complet et équilibré.

Cos Labory est sympathique, un peu discret. Langoa-Barton est réservé et discret. Marquis de Terme est franc et rustique. Haut-Bages-Libéral au nez fumé, vif et léger. Rauzan-Ségla, un beau nez fin, joli mais pas très long. Giscours, violent, très long, acide comme Tertre sous la même direction. Branaire-Ducru est charnu, bon vin. Rauzan-Gassies, coloré, plein, pas très fin. Tival, un médoc de Bernard Magrez, est très bien fait. Armailhac, bien, un peu muet. Phélan-Ségur, bien, mais finale amère. Malescot-Saint-Exupéry, fin et subtil, équilibré et léger. Les Ormes de Pez, un peu terreux.

Bellevue de Tayac, c’est 90% de merlot et c’est bon, mais est-ce du Margaux ? Prieuré-Lichine, le Marquis de Terme en plus court. Desmirail, nez curieux pas net, bouche agréable. Servitude volontaire de La Tour Carnet, Très coloré, nez torréfié, pas mon truc. Angludet dominé par les tannins. Lafon-Rochet, trop léger, mi-chair, belle finale incisive. Siran, un peu léger, pas très mûr mais bonne finale. La Tour Carnet, nez puissant, beau fruit, bouche un peu fluide.

Les Grands Chênes, fort et boisé, plutôt rustre. Beychevelle, trop dur. Ferrière, pas très mûr, un peu sec. Labégorce. Grand-Puy-Ducasse, pas du tout en forme. Lynch-Moussas.

GRAVES ROUGES

Pape-Clément
, c’est Monsieur plus : puissant, épicé, très, très long en bouche. Chevalier, mûr, du gras, coulant, facile, une belle bouteille.

Ensuite, La Louvière, nez très jeune, fruits rouges et rondeur, finale dure, bel avenir. Fieuzal est quand même très tannique. Carbonnieux, violet, nez discret, bien, tannique.

Puis Larrivet-Haut-Brion, très coloré et gras, nez fumé violent, un peu mou, pas concentré. Bouscaut, bien mûr, doux, bons tanins un peu secs mais fins. Haut-Bailly, nez en retrait, trop tannique, pour une fois pas l’un de mes préférés. Latour-Martillac, clair, nez de cassis, acerbe, attendre. Picque-Caillou, facile dans son style de Graves de Bordeaux.

Haut-Bergey, des groseilles, du gras et des tannins. France, nez serré et végétal, le pin des Landes, acide et amer. Malartic-Lagravière, une curieuse prise de bois. Sérénité de Poumey, très rond, trop chaud. Olivier, pas très mûr. Les Carmes-Haut-Brion, non plus.

D’AUTRES BORDEAUX

Bad Boy
, vin de table de Thunevin, 100% merlot. Rond et excellent. Carignan Prima, Premières Côtes de Bordeaux, délicieux. Girolate, un Bordeaux vif et long.

Reignac, nez chaud, viandé, moderne, trop dur. Hostens-Picant, Sainte Foy-Bordeaux, léger, long et vif. Veyry, pas mal.

Haut-Mazeris, Canon-Fronsac, de bons tanins. Haut-Mazeris, Fronsac, plus simple. Jonqueyres, nez végétal, bien son style ancien. Compassant, végétal, mais trop d’alcool. Marjosse, moyen. Thieuley, sur la vanille. Pey La Tour Réserve du Château, nez cuit, rare en ce millésime.

CONCLUSION

Un millésime très inégal. Les vins puissamment extraits ne sont pas les meilleurs, sauf quelques exceptions habituelles comme Pape-Clément, Pavie-Macquin ou Troplong-Mondot. Mes 20 premières notes : Pape-Clément, Chevalier, Lynch-Bages, Balestard La Tonnelle, Pichon-Longueville, Pontet-Canet, Pavie-Macquin, Léoville-Barton, Troplong-Mondot, La Conseillante, La Louvière, Figeac, La Clémence, Fonroque, Lagrange, Léoville-Poyferré, Valandraud, Gazin, Lascombes, Prieurs de La Commanderie. Donc un échantillonnage sur les deux rives, alors qu’on annonce Pomerol comme la meilleure appellation. Mais je n’ai pas tout goûté. En tous cas, bonne réussite des Graves, qui font de bons rouges et d’excellents blancs.

dimanche, mars 25, 2007

Petrus et Cheval-Blanc 1947


Ca existe encore!
de trouver dans une cave de particulier ces bouteilles dont on ne sait combien restent encore, en tous cas combien restent non trafiquées et correctement conservées. C'était du côté d'Alençon.
Quelques prix, pour les meilleurs niveaux:
Haut-Brion 1945: 1.200 euros.
Cheval-Blanc 1947: 3.200 euros.
Petrus 1947: 4.000 euros.
Mouton-Rothschild 1947: 1.400 euros.
Latour 1947: 600 euros.
Mouton-Rothschild 1948: 1.100 euros.
Yquem 1953: 520 euros ( et déjà en vente le soir même sur Internet).
La Mission-Haut-Brion 1953: 560 euros.
Latour 1953: 370 euros.
Haut-Brion 1955: 650 euros.
La Mission-Haut-Brion 1955: 1.000 euros.
Margaux 1959: 500 euros.
Trotanoy 1959: 500 euros.
Haut-Brion 1961: 1.100 euros.
Vieux Certan 1961: 250 euros.

Tout ça vendu dans son jus à la salle des ventes d'Alençon. Et dire que les vendeurs voulaient les présenter à Paris! J'ai un grand faible pour ce genre de vente. Au total, des prix élevés qui affolent encore les tableaux statistiques de www.VinorumCodex.com qui n'en finissent pas de grimper. Pour faire une dégustation de 45 à pas trop cher, c'est définitivement trop tard.

lundi, novembre 20, 2006

Les fruits de mer

www.Pafmag.com, le magazine qui a horreur de l’eau, me prend au débotté d’une grande marée. Avez-vous un article pour le numéro d’octobre ? Ben non, je suis en train de trier mes coquillages pour mon prochain livre sur les fruits de mer. Tout en me demandant qui va s’intéresser à la différence entre la montre fauve et la mactre coralline, à supposer que je m’y retrouve. Qu’est-ce qu’on boit sur les fruits de mer ? Du muscadet, basta. Ou, si on a peu d’argent, le blanc de blancs spécial fruits de mer de chez Soize, qui vous donne à l’estomac les mêmes embruns qu’un vent de force 7-8. Ou bien du Cour-Cheverny, le vrai de cépage romorantin, pas le Cheverny qui n’est qu’un sauvignon commun. Le Cheverny est le seul vin que je connaisse qui ait souvent un goût de sel, et qui soit bon en même temps.

Tiens, le sel ! Pas bête, le sel.

L’existence d’un coquillage ou crustacé, sur une plage abandonnée, ou non, est, on le devine, une rude épreuve : il faut manger, en évitant de se faire manger. Et si on y arrive, tenter de se reproduire en repérant bien son état du moment. Est-on mâle, femelle, hermaphrodite, le truc là-bas dans l’eau est-il à fuir, à manger ou à embrasser ? Le temps d’y réfléchir, plouf ! la mer vous a fait boire la tasse et vous entraîne à mille pieds de gastéropode. Mais le pire danger du marin, Mesdames et Messieurs, c’est le sel! Le sel corrosif, usant, qui vous entoure de toutes parts. La salicorne, qui est une plante mais n’est pas bête, se gorge d’eau douce pour empêcher le sel de la pénétrer. Les mollusques bivalves qui filtrent l’eau laissent le sel les traverser.
« J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi . Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi. »
( in Dune, de Franck Herbert, un expert en matière de pénurie d’eau).

Car le sel est la grande peur de la moule. Petit aparté : tout le monde connaît la grande lutraire. Eh bien, j’en ai souvent trouvé dans des étangs très éloignés de la mer, alors que c’est une espèce bien maritime. Contrairement à la libertine crépidule, crepidula fornicata, elle n’a pas pu être introduite par les Liberty Ships qui se sont arrêtés à la côte. Elle est donc arrivée dans nos étangs par mystère. Mais il semble qu’elle y ait vécu paisiblement et sans sel. Du reste, intérêt gastronomique médiocre.

Des découvertes récentes semblent contredire celle du grand savant Alphonse Allais qui écrivit : « la mer est salée parce qu’elle est pleine de morues ». Il semblerait en effet que la morue, qui certes est très salée, ne soit qu’un demi-poisson, côté droit ou côté gauche, et que son dessalage n’entraînerait pas une augmentation de la salinité de la mer. A cela s’ajoute le fait indiscuté que la Méditerranée est plus salée que l’Atlantique et qu’on n’y trouve pas de morues. La Mer Morte est encore plus salée, mais elle est morte. Bref, il faut faire avec.

Une de mes grandes expériences en 2006 a été de déguster du homard breton à Prat ar Coum, sur la rive de l’Aber-Benoît. Cuisson simple, servi tiède, accompagné simplement de pommes de terre à l’eau et d’un muscadet vieilli un an dans l’aber, et dans un endroit tenu secret bien sûr, car c’est en pays léonard. Ca devient une habitude, car une de mes grandes expériences en 2005 était de déguster de la langouste dans les mêmes conditions. Eh bien, ce muscadet n’était même pas salé, et même l’addition ne l’était pas trop. Comme quoi le sel respecte les bonnes choses, même les fruits de mer qu’il entoure, puisque nous en salons l’eau de cuisson.

Par contre, un séjour plus prolongé peut avoir des effets néfastes : ainsi j’ai vendu en tant qu’expert en vins, l’année dernière à Saint-Malo, deux bouteilles présumées Gruaud-Larose dont l’histoire est intéressante : le 2 novembre 1871, le trois-mâts Marie-Thérèse quitta les quais de La Lune à Bordeaux chargé de vins, d’alcools, de faïences, etc… Il fit naufrage dans le détroit de Gaspar qui se trouve en Indonésie. Un peu plus d’un siècle plus tard, des fouilles permirent de retrouver de nombreux objets, dont ces bouteilles. Je les ai vendues 600 euros pièce, ce qui est peu pour un souvenir d’histoire, sans doute beaucoup pour un liquide qui a été décrit ainsi lors du changement tardif des bouchons, par le Professeur René Pijassou :
« Une dégustation faite par un panel de spécialistes a révélé un bouquet exceptionnel où l’on peut encore distinguer des arômes d’orange, de vieux cuir, d’épices, de tabac et de feuilles mortes. La couleur est un peu passée, tirant sur le marron-rose, mais très dense et profonde. En bouche, l’attaque est bien nette, avec un goût de vin marqué quoiqu’assez fuyant et d’une tenue manquant un peu d’ampleur et de persistance. Une forte teneur en sel est malgré tout évidente, comme l’ont confirmé les analyses faites à l’Institut d’œnologie de Bordeaux. Cependant, la surprenante résistance au vieillissement de ce vin pourrait faire penser au millésime 1869, excellente année à Bordeaux, ou bien encore à celui de 1865, millésime exceptionnel à Saint-Julien. Il convient malgré tout de signaler qu’après 120 ans d’immersion en milieu marin, la qualité de ce vin reste très aléatoire et ne peut être de ce fait garantie. C’est donc davantage la quête d’émotions et de souvenirs qui guidera ici le collectionneur. »

Bref, tout juste bon à accompagner le plateau de fruits de mer le plus cher du monde, si un richissime collectionneur décide de figurer dans le Guinness Book.

Du sel, certes il en faut, mais point trop n’en faut. Mais depuis que je fréquente assidûment les fruits de mer, je suis effaré de leurs pratiques. W.C. Fields disait : « je ne bois jamais d’eau, les poissons pissent dedans ». S’il n’y avait que les poissons ! Mais il faut bien conclure. Et si le vin était le sel de notre vie ?

lundi, octobre 02, 2006

Le métier d'expert

J'ai retrouvé ça, écrit quelques mois avant qu'on me propose de participer au développement de iENCHERES.com, devenu depuis le premier site de ventes publiques en Europe. Comme quoi seuls les imbéciles ne changent pas d'avis.

GILLES DU PONTAVICE , EXPERT EN VINS ,
qui n'assure aucune vente aux enchères sur le WEB
et qui vous explique ci-dessous pourquoi
il ne peut donner à vos listes
des réponses détaillées
sans vous avoir
causé

Mes estimations sur liste sont effectuées gracieusement si elles sont suivies d'une vente publique. Pour une expertise privée, ou concernant un partage une assurance, le taux appliqué est le taux normal de prisée:
2% sur le montant inférieur à 100.000 Frs de valeur.
1% au-delà.
Honoraires Hors taxes, TVA 20,60% en sus.
Je me déplace dans toute la France si besoin.

LES VENTES PUBLIQUES
Les ventes publiques sont des ventes aux enchères organisées par des commissaires-priseurs.La vente d'un bien est une affaire sérieuse qui suppose l'examen de plusieurs questions:
- A quel moment intervient le transfert de propriété entre le vendeur et l'acheteur ?
- Quelle est la garantie de l'acheteur de recevoir son bien, et qu'il soit conforme à une description , et qu'il n'y ait pas de frais imprévus à assurer ?
- Quelle est la garantie du vendeur d'être payé de son bien ?
Dans une vente publique intervient un commissaire-priseur qui est un officier ministériel assermenté. Il est garant du déroulement de la vente, du règlement au vendeur et de la délivrance à l'acheteur de ses lots. Ses affirmations sur la qualité des lots vendus l'engagent - ainsi que l'expert qui l'assiste- pour trente ans.

PROBLEME:
La vente aux enchères publiques pose souvent deux problèmes aux éventuels vendeurs:
1). Les frais élevés qui leur sont retenus.
2). L'obligation de déposer les vins à la salle des ventes.
Aux nombreuses listes de vins que je reçois, une possibilité bien plus simple serait pour moi de répondre par une simple offre de prix: j'achète, je paie, je prends les vins et je les revends. Ayant qualité de commerçant, je peux le faire, et je le fais si c'est votre désir. Mais dans ce cas, la négociation entre nous deux est d'un vendeur - qui veut vendre le plus cher possible - et d'un acheteur - qui veut acheter le moins cher possible. Objectivement, je suis votre adversaire dans la négociation. Et j'en connais plus que vous sur la question.
A une liste envoyée pour expertise, il ne m'est pas possible de répondre directement par une offre chiffrée: car si j'achète c'est en tant que commerçant, pour faire un profit - d'autant plus que ma fille veut prendre des leçons de piano... Si j'achète donc, c'est en-dessous du prix que je peux revendre, ce qui peut rester un prix très honorable compte tenu de mes connections et de la confiance dont je jouis - pour longtemps je l'espère- sur un marché où la parole a valeur de contrat.
Je réponds donc "en valeur d'expertise", c'est-à-dire en donnant le prix que je peux obtenir de vos vins auprès d'un marché sans cesse mouvant, multiple et international. Vendant des vins pour vous, je ne suis plus votre adversaire, mais votre allié. Et cela mérite mes 4%. Et aussi les frais de vente totaux, inférieurs à 20 %. Qui refuserait de se voir retenir 20%, s'il vend 40% plus cher - ou le double- par un système sécurisé ? Seule une vente publique m'a permis de vendre le 6 Novembre 1999 pour 6800 Frs un magnum de Vieux Château Certan 1928... estimé 2600-3000 Frs. En résumé: les frais que nous demandons sont amplement justifiés par la plus-value qu'apporte aux vins le fait d'être vendus:
- par un officier ministériel, donc avec toutes garanties quand au bon déroulement de la transaction.
- en vente publique, donc après une large publicité, l'envoi d'un catalogue auprès de très nombreux acheteurs, et la réception d'un peu partout d'ordres d'achat.
- et avec un expert, dont la parole est pour les acheteurs, même très lointains, l'assurance que le lot sera conforme à sa description.

L'obligation de déposer les vins à la salle des ventes est une obligation légale ( les vins doivent pouvoir être délivrés immédiatement) autant qu'évidente ( l'expert doit pouvoir vérifier la qualité de la marchandise). Les hôtels des ventes avec lesquels je travaille ( Alençon, Angers, Bayeux, Bernay, Bordeaux, Brest, Bordeaux, Chatellerault, Coutances, Deauville, Le Mans, Mayenne, Nantes, Pontivy, Quimper, Rennes, Versailles, en gros...) sont prêts à traiter, protéger et présenter ces vins... pour les revendre aux quatre coins du monde:
le NET nous permet d'amplifier notre clientèle, mais jusqu'à présent ne m'inspire aucune envie de changer de formule.
C'est pourquoi j'ai décliné des offres de garantir des ventes aux enchères sur Internet, ne pouvant assurer dans l'ivresse du virtuel la matérialité de ma tâche. Après tout, je ne suis qu'un vendeur de produits agricoles.

Virtuel justement... Mes catalogues de ventes publiques sont consultables sur ce site, et aussi les résultats de vente: en général, quelques jours après la vente, le résultat par lot, puis ensuite le résultat ramené au prix de la bouteille en francs français, et bientôt ( quand ?) en Euros. C'est un service rendu aux client, dont beaucoup d'étrangers qui veulent savoir pourquoi "ils n'ont rien eu"... et peut-être pourquoi j'ai vendu en 1998 dans une ville de 10.000 habitants une bouteilles de Petrus plus cher qu'à New York, Chicago ou Londres. Le tuyau qui véhicule les ordres d'achat n'a de valeur qu'avec un robinet Securit.

CONCLUSION DU JOUR:
Je pourrais considérer les listes de vins que vous m'envoyez comme ce qu'elles sont sans doute: vins à vendre, en échange du règlement. Et faire des offres en conséquence. J'ai décidé de ne pas le faire, même si cela peut souvent être une bonne affaire. J'ai une certaine opinion de mon métier, etc...mais la vraie raison est plus prosaïque: il est très inconfortable de donner un prix en tant qu'acheteur éventuel, puis de tenter de rattraper le coup en donnant une estimation supérieure en tant qu'expert.

CONCLUSION DE DEMAIN

A vos demandes d'estimations, je réponds donc:
- en donnant une valeur d'expertise correspondant au montant d'adjudication en vente publique.
- en donnant une estimation globale de la valeur de l'ensemble des vins: une estimation détaillée n'est donnée qu'après accord pour la vente, ou pour le moins après un contact téléphonique. Si elle n'est pas suivie d'une vente elle donne lieu à une facturation ( voir ci-dessus les tarifs, et le piano de ma fille...)
- étant entendu que je reste ouvert à toutes possiblités pour la vente de lots exceptionnels.

vendredi, juin 30, 2006

Les primeurs de Bordeaux de 1991 à 2004

Suite de la revue des anciens primeurs avant d'aborder le 2005.

Précision importante: les tarifs des primeurs pris en compte sont les tarifs "sortie de la Place de Bordeaux", toutes taxes comprises. Alors que les cotes de prix de VinorumCodex utilisés sont des estimations de prix de vente en vente publique, "au marteau", hors frais acheteurs. ce ne sont donc pas les mêmes prix. mais comme mes estimations sont aussi utilisées pour des ventes entre particuliers ou de particulier à professionnels, on peut en établir des comparaisons.


1991 est morose, marqué par une forte gelée tardive. Saint-Emilion est durement touché: pas d'Ausone, pas de Cheval-Blanc, pas de Figeac, pas de Canon. A Pomerol, ce n'est guère mieux: pas de Certan, pas de Lafleur, pas de Vieux Certan... et pas de Petrus.
Les vignobles qui s'en tirent le mieux sont les vins du Médoc proches de la Gironde, parfois excellents. Parmi les meilleurs? Latour, Las-Cases, Montrose, Cos d'Estournel, Margaux.
Les vins liquoreux ont subi la grêle en plus du gel. Peu de vin, mais Yquem est très beau.
Petite campagne de primeurs à petit prix. Les premiers crus valent 35 euros. Ils ont bien monté depuis.

Le millésime 1992 est très abondant, ce qui est fréquent après une année de disette. mais la maturité est inégale et beaucoup de vins sont dilués. Les meilleurs ont fait d'excellentes bouteilles de demi-garde: Léoville-las-Cases, Petrus, Latour, Haut-Brion, Angélus, Lafleur, Margaux, L'Eglise-Clinet, Gazin... Les vins liquoreux ont subi la pluie, quelques barriques correctes ont pu être rentré. Pas d'Yquem.
Sur 60 vins dont nous avons relevé le tarif primeur, en partant d'une base 100 pour ce tarif, la valeur actuelle s'établit à 174. Pas une forte hausse donc, mais la plupart des vins sont déjà bus.

1993 est de nouveau une année qui ne reste pas dans les annales: elle avait pourtant bien commencé, avec préocité et une belle maturité en août. Puis il a plu et replu. Les vins sont inégaux. Parmi les meilleurs: Léoville-las-Cases, Pavie-Macquin, Lafleur, La Misson-Haut-Brion, Petrus, Fieuzal, L'Eglise-Clinet, Clinet, Gazin, Haut-Bailly, Léoville-Barton, Le Bon Pasteur, Canon-La-Gaffelière, Troplong-Mondot, Le Pin, Tertre-Roteboeuf, L'Evangile, Trotanoy, et un nouveau qui demande et obtient des prix élevés dans l'incrédulité générale: Valandraut.
Les prix sont sages: pour 105 crus dont j'ai les prix en primeur, base 100, la valeur actuelle s'établit à 184.

On a un peu oublié 1994, qui nous avait beaucoup séduit. Il a encore beaucoup plu avant les vendanges, alors que le millésime s'annonçait exceptionnel. Un tri sévère a permis des grands vins, et j'aime beaucoup Pauillac. Parmi les meilleurs: Petrus, Troplong-Mondot, Latour, Lafleur, Montrose, La Mission-Haut-Brion, Léoville-las-Cases, Pichon-Lalande, L'Evangile, Valandraud, Canon-La-Gaffelière, Cos d'Estournel, Le Pin, Haut-Brion, L'Eglise-Clinet, Margaux, Angélus.
Les Sauternes sont rares, car il a plu, et pas très concentrés. Yquem est très bon, citons aussi Barréjats, Climents, Coutet, Rabaud-Promis.
L'augmentation des prix est de 15% environ, ce qui surprend à l'époque, mais plus aujourd'hui! Pour acheter un premier cru, il faut sortir 42 euros environ, soit de quoi acheter 5 centilitres du même vin en 2005. Sur 128 vins dont j'ai les prix, la valeur actuelle s'établit à 159.

Enfin vient 1995, une belle année avec de la maturité, du fruit, des tannins ( parfois trop). Les meilleurs? Petrus est royal. Ausone, Ducru-Beaucaillou, Pichon-Lalande, L'Eglise-Clinet sont somptueux. Et aussi L'Evangile, Calon-Ségur, Sociando-Mallet, Le Pin, Grand-Puy-Lacoste, Tertre-Roteboeuf, Trotanoy, Haut-Brion, Lafite, Valandraut, Léoville-las-Cases, Angélus, Cos d'Estournel. Et encore Rausan-Ségla, Léoville-Barton, Montrose, Branaire, La Mission-Haut-Brion, Cheval-Blanc, Gazin, Troplong-Mondot, Pontet-Canet, Pichon-Baron, La Fleur-Pétrus, Gruaud-Larose, Mouton-Rothschild, Malescot-Saint-Exupéry, Léoville-Poyferré, Haut-Bailly, Palmer, Lynch-Bages, Smith-Haut-Laffite.
De bons liquoreux, Yquem en premier: Clos Haut-Peyraguey, Fargues, Coutet, Guiraud, Sigalas-Rabaud.
Les prix montent et la Revue du Vin de France s'insurge:
"Il n'y a aucune raison logique dans une gestion stricte des proprétés pour augmenter de plus de 10%." Sans commentaire. Pour ma part, je vends du Valandraut primeur à 350 Francs français, et il augmente à toute allure. Les premiers crus valent 60 euros. Sur 210 crus dont j'ai les prix primeurs, la valeur actuelle s'établit à 157.

1996 est une belle année bordelaise, avec le triomphe des grands Médocs: des vins riches, tanniques et de grande garde. Les Graves sont très séduisants, tandis que le Libournais est plus inégal. Parmi les meilleurs, Lafite et Margaux sont des vins d'anthologie. Latour, Léoville-las-Cases, Pichon-Lalande, Ducru-Beaucaillou, Ausone, Montrose, Tertre-Roteboeuf, Pontet-Canet, Sociando-Mallet, Léoville-Barton, L'Eglise-Clinet, Petrus, Grand-Puy-Lacoste, Léoville-Poyferré, Cos d'Estournel. Et encore Smith-Haut-Laffite, Calon-Ségur, Troplong-Mondot, Pichon-Baron, Canon-La-Gaffelière, Lynch-Bages, Trotanoy, Rauzan-Ségla, Duhart-Milon, La Mondotte, Haut-Brion, Lafon-Rochet, Lagrange, Valandraud, Monbousquet, Pavie-Macquin, L'Evangile, Pape-Clément.
Les Sauternes tardifs sont très bons: Yquem, Lafaurie-Peyraguey, Guiraud, Coutet, La Tour Blanche, Raymond-Lafon, Doisy-Daëne.
Les prix montent sensiblement et la RVF annonce qu'ils "mettront les vins les plus recherchés hors du marché français". Pour les premiers crus, il faut compter 90 euros. Pour ma part, j'arrête de vendre des primeurs, qui ne me semblent plus intéressants, et je n'ai pas recommencé depuis.
Pour 200 vins dont j'ai les prix, la valeur actuelle s'établit à 112.

1997 commence bien et finit sous l'orage et les pluies. Il y a de bons vins, mais aussi pas mal de mauvais. Garde moyenne dans l'ensemble. Parmi les meilleurs: Petrus, Pavie-Macquin, Haut-Brion, Margaux, Cos d'Estournel ont un A ( un seul) sur VinorumCodex.com. Puis Trotanoy, Ausone, Tertre-Roteboeuf, Valandraud, Canon-La-Gaffelière, Nénin, Léoville-Las-Cases, L'Eglise-Clinet, Mouton-Rothschild, Lafite, Lafleur, Latour, Angélus.
Pour ls liquoreux, c'est une autre histoire: des vendanges très longues pour des raisins bien botrytisés, et enfin un très beau millésime. Si les prix augmentent, ce n'est que justice, d'autant que les quantités sont réduites. Citons Yquem et Climens, puis Guiraud, Sigalas-Rabaud, Coutet, Suduiraut, Lafaurie-Peyraguey, Rieussec. Et Raymond-Lafon, La Tour Blanche, Nairac, Doisy-Daëne, Rayne-Vigneau.
A millésime moyen, la recette de 1984: hausse générale. C'est d'ailleurs le seul millésime où Bordeaux reconnaît son erreur d'appréciation. Les premiers crus frôlent les 120 euros. La valeur des 205 crus dont nous avons le prix primeur, pour une base 100, s'établit aujourd'hui à 77. Vraiment une affaire pour spéculateurs ayant acheté de l'Eurotunnel!

L'été 1998 a été très chaud, puis il a plu. Ce qui a donné une vendange inégale, avec des vins douteux et de belles réussite, surtout en merlot. Pomerol prend sa revanche, et la hiérarchie des crus est bien marquée. Parmi les meilleurs vins, un grand Petrus, et Vieux Certan, Sociando-Mallet, Ausone, Mouton-Rothschild, Lafite, Haut-Brion, Cheval-Blanc, Gruaud-Larose, Pavie-Macquin, Trotanoy, Tertre-Roteboeuf, Pavie-Macquin, Léoville-Barton, La Fleu-Pétrus, Margaux, Latour, Palmer, L'Eglise-Clinet, Haut-Brion.
Les vendanges en deux temps ont donné des liquoreux fermes: Yquem, Rieussec, Sigalas-Rabaud, Climens. Et Suduiraut, Doisy-Daëne, Lafaurie-Peyraguey, Coutet, Rayne-Vigneau, Guiraud.
Les prix baissent - un peu- en Médoc: compter 100 euros pour les premiers. Pour 20 crus dont nous avons le prix en primeur, la valeur actuelle s'établit à 92.

Le millésime 1999 a été difficile pour le vigneron: de la chaleur et de l'humidité combinées, ce n'est jamais bon pour les raisins. Septembre commence beau, puis se gâte. Pourtant, les vins sont dans l'ensemble bien réussis. Parmi les meilleurs, Léoville-las-Cases, Petrus, Léoville-Barton, Pavie, Angélus, Palmer, L'Eglise-Clinet, Margaux, Lynch-Bages, Monbousquet, Lafleur, Ausone, Figeac. Et Pontet-Canet, Montrose, Valandraud, Chevalier, Sociando-Mallet, Ducru-Beaucaillou, Clinet, Les Forts, Le Bon Pasteur, Haut-Bailly, Hosanna, La Mondotte, La Mission-Haut-Brion, Tertre-Roteboeuf, Branaire-Ducru, Mouton-Rothschild, Lafite, Latour, Haut-Brion, Canon-La-Gaffelière, Cheval-Blanc.
Malgré les pluies, de beaux liquoreux: Suiduiraut, Climens, Rieussec, Yquem, Clos Haut-Peyraguey, Coutet, Guiraud, Malle, Lafaurie-Peyraguey.
Les prix ne sont pas à la hausse: 110 euros pour les premiers crus, dont Cheval-Blanc parvient à se détacher. Ausone est déjà nettement plus haut. Pour les 168 crus dont j'ai le prix en primeur, la valeur actuelle s'établit à 92 et va grimper tranquillement.

On récolte 2000 dans une athmosphère d'hystérie. Les trois petits rond sont synoymes de beaucoup de ronds pour les revendeurs. Votre serviteur est en reportage pour son prochain livre, La Cuisine des Châteaux du Bordelais. Nous déjeunons avec le comte de Lur-Saluces et du poulet mouillé de vieil Yquem. Repas des vendangeurs avec Corinne Mentzelopoulos à Margaux, avec Madame de Lencquesaing à Pichon-Lalande. Repas aussi chez Anthony Barton, Thierry Manoncourt, Alfred Tesseron, bref un automne de rêve! C'est le millésime du millénaire, même s'il n'est pas partout une grande année. Il y a beaucoup de vins qui ne me plaisent pas à la dégustation des primeurs. Un bel été a permis des cabernet-sauvignon mûrs et très complets. parmi les meilleurs vins, Ausone, Léoville-las-Cases, Petrus, Margaux, Latour, Lafite, L'Eglise-Clinet, Cheval-Blanc, Angélus sont de très grands vins. Puis Lafleur, Chevalier, Monbousquet, La Mondotte, Valandraut, Léoville-Barton, Sociando-Mallet, Figeac, Gruaud-Larose, Haut-Bailly, Pavie-Macquin, Montrose, Troplong-Mondot, La Mission-Haut-Brion, Tertre-Roteboeuf, Haut-Brion, Palmer, Mouton-Rothschild. Et La Couspaude, Rollan de By, Pape-Clément, Malartic-Lagravière, Pape-Clément, Brane-Cantenac, L'Evangile, Cos d'Estournel, Beau-Séjour Bécot, Clinet, Clos de L'Oratoire, Clos Fourtet, Vieux Certan, Ducru-Beaucaillou, Boyd-Cantenac, Laroze, La Tour Haut-Brion, Pichon-Lalande, Trotanoy, Armailhac, Hosanna, Nénin, Pavie, Pontet-Canet, tous de grands vins.
Les Sauternes ont sombré sous la pluie. Quelques rescapés des premières tries: Yquem, Sigalas-Rabaud, Climens, Clos Haut-Peyraguey. Et Lafaurie-Peyraguey, Malle, Coutet, Rieussec, Guiraud, Suduiraut.
Prix très élevés qu'on paye sans rechigner, même les non buveurs: 250 euros pour les premiers, 290 pour Cheval-Blanc, 320 pour Ausone. L'honnête Anthony Barton vend à prix correct son grand vin, voit le négoce faire la culbute sur son vin et, en parfait gentleman, ne s'en plaint pas. Pour les 342 crus dont nous avons le prix en primeur, la valeur actuelle s'établit à 97, mais cache de grandes disparités: en ne tenant compte que des 20 crus les plus chers, la valeur actuelle est de 117. Les grands vins augmentent et augmenteront, mais le gros de la troupe ne se vend pas bien cher: l'effet 2000 s'est limté aux vins stars.

2001 ne peut qu'être en retrait. L'année est inégale, chaud et pas chaud, avec des pluies. Je suis déçu par beaucoup de Saint-Emilion qui me semblent surextraits: on en ressort les gencives grenat! Bref, c'est inégal. parmi les meilleurs: Léoville-las-Cases, Lafite, Pavie-Macquin, Petrus, Léoville-Barton, Mouton-Rothschild, Pichon-Comtesse, Pichon-Baron, Lynch-Bages, Latour, Montrose, Valandraut, Giscours, La Tour-carnet, Smith-Haut-Laffite, Pape-Clément, Tertre-Roteboeuf, L'Eglise-Clinet, Le Pin, Haut-Brion, Trotte Vieille, Léoville-Poyferré, Hosanna, Margaux, Ausone, Rauzan-Ségla, Palmer, Malescot-Saint-Exupéry, Cheval-Blanc, Brane-Cantenac, Lafleur.
Les vins liquoreux sont tout simplement parfaits. Citons entre autres Yquem, Myrat, Lafaurie-Peyraguey, Sigalas-Rabaud, Rayne-Vigneau, Rieussec, Climens, Clos Haut-Peyraguey, Suduiraut, Doisy-Védrines, Coutet, Nairac.
Les prix baissent, bien sûr. Les premiers à 135-150 euros. Pavie tente de se glisser dans l'échappée. Pour les 330 vins dont nous avons les prix en primeurs, la valeur actuelle s'établit à 70, ce qui est très bas. Les vins sont encore largement disponibles.

On devine que 2002 ne sera pas facile à vendre. D'autant que l'été est triste et froid. Un bon mois de septembre a sauvé la vendange. Mais la qualité est très inégale. Parmi les meilleurs, citons Mouton-Rothschild, Ducru-Beaucaillou, Léoville-Barton, Cos d'Estournel, Lafite, Latour, Ausone, Tertre-Roteboeuf, Montrose, Léoville-las-Cases, Margaux, Petrus. Et Lynch-Bages, Pichon-Baron, Haut-Brion, La Mission-Haut-Brion.
En vins liquoreux, 2002, ce n'est pas du 2001, mais c'est quand même très bon. Citons Yquem, sûrement, Climens, Clos Haut-Peyraguey, Sigalas-Rabaud, Suduiraut, Guiraud, Fargues, Lafaurie-Peyraguey, Rieussec.
Les prix baissent: les premiers sont à 95 euros, mais Ausone et Cheval-Blanc presque deux fois plus chers. Pour les 260 vins dont j'ai le prix en primeur, la valeur actuelle s'établit à 70. Comme l'année précédente, les vins de garage ont perdu la moitié de leur valeur.

Bref, c'est la crise, et les caves sont pleines. Rien de mieux dans ce cas qu'un millésime du siècle et ce sera 2003. Canicule, mortalité dans les villes, volets fermés en Bretagne, on se souviendra de l'été. La presse enchaîne sur un millésime exceptionnel, alors que je pense plutôt à 1976. Vendange très précoce, gros tannins et vins de garde. Beaucoup manquent d'équilibre et restent durs. Ils ne sont pas encore notés sur VinorumCodex, ça ne presse pas. Citons Latour, Montrose, Petrus, Ausone, Certan de May, Cheval-Blanc, Cos d'Estournel, Ducru-Beaucaillou, Grand-Puy-Lacoste, Haut-Bailly, Haut-Brion, La Mondotte, Lafite, L'Eglise-Clinet, Léoville-Barton, Léoville-las-Cases, Margaux, Pavie, Pavie-Macquin, Sociando-Mallet, Trotanoy.
Les sauternes passent en force, puissants et concentrés: Yquem sûrement, Suduiraut, Climens, Coutet, Fargues, Guiraud, Sigalas-Rabaud.
Il est temps de remonter les prix: 240 euros pour les premiers, 80 à cent pour les seconds. Valeur actuelle pour 350 crus, toute relative, ces vins n'étant sur le marché que depuis peu: 84 pour une base de 100 en tarif primeur.

Tarif primeur qui restera longtemps affiché, d'ailleurs. Bordeaux ne se donne plus la peine d'annoncer que tout est vendu, et la campagne des primeurs 2004 s'ouvre sur de nombreux sites Internet par la page des 2003... guère plus chers qu'un an avant. ce phénomène se répètera au printemps 2006. C'est acquis: les primeurs se sont mal vendus.

C'st pour moi un plaisir de goûter les 2004. Un année abondante, mais froide, et des raisins pas trop mûrs. Bref, du Bordeaux classique. Les liquoreux sont en deça par manque de maturité. Yquem entre sur le marché des primeurs. La déjà relative solidarité entre les premiers crus explose définitivement: à chacun selon son mérite et la demande. Haut-Brion sort du lot.

Voilà terminée cette petite revue des derniers millésimes. J'aiguise ma plume pour parler des 2005. Il me faudra trouver de grands mots, car, personne ne l'ignore, c'est le millésime du siècle!

jeudi, juin 22, 2006

06-06-06= 12 66 à 12

Pour cet anniversaire si attendu des afficinados du chiffre, dont je ne suis pourtant pas, j'avais cependant décidé d'une réunion à douze pour goûter douze bordeaux de 1966. Grande année, mais qui fait son âge. Malheureusement, je n'ai pu trouver deux bouteilles que je connaissais: Latour, magnifique et encore jeune, et Haut-Brion, fabuleux de complexité.
On a fait avec ce qu'on a trouvé.

Quelques vins blancs divers pour se faire la bouche bretonne.

Laville-Haut-Brion 1966: deuxième dégustation de ce vin qui oscille entre le sec et le pas sec, avec un nez cireux et une bouche grasse. Pas très bon, mais très intéressant.

Monthélie 1966 d'origine inconnue, juste pour avoir un petit goût de pinot dans la bouche.

Résultats de la notation, les notes sur 30:

1
Ducru-Beaucaillou, 19,81. Une surprise pour moi, car c'était le seul vin dont je savais pertinemment qu'il venait d'une cave médiocre, chaude et sèche en été. Très complet.

2
Malartic-Lagravière, 19,17. A divisé l'assistance, mais c'est le troisième de mon palmarès personnel. Un hidalgo à l'espagnole, au nez charmeur de jardin, très sec voire maigre, franchement acide, avec une belle et longue finale. Superbe! et pas cher s'il traîne en salle des ventes.

3
Vin d'Oran Sénéclauze 1959, 18,16. Un pirate régulier de nos dégustations, que la plupart ont reconnu comme atypique. Je ne connais pas les cépages. Toujours très bon, à défaut d'être raffiné.

4
Cheval-Blanc, 17,19. Mon préféré perso. Un nez évolué et complexe, parfait en bouche.

5
Canon, 17,04. Le meilleur équilibre, finissant un peu étriqué, très bon cependant.

6
Nénin, 16,25. Je savais qu'il avait réussi en 66. Il est cependant un peu court et étroit.

7
Saint-Georges, 16,06. Bon classement pour ce St-Georges-St-Emilion, que personnellement j'ai trouvé trop léger et très court.

8
Cos d'Estournel, 15,6. Assassiné par mes commensaux alors que je l'ai classé second, c'est comme ça. Pour moi le nez le plus noble de l'ensemble, avec une note de fumé, et de la vigueur.

9
Lafite, 15,22 . Bouchon suspect. Moyen en tout, sauf une belle finale. J'en attendais mieux et je suppose un problème de conservation.

10
Pichon-Baron, 14,8. Un beau nez de Médoc qui gagne à l'ouverture, mais un vin qui s'écroule en bouche. Dommage.

11
Haut-Batailley, 13,8. Beau nez, acide en bouche, court en tout. Peu d'enthousiasme.

12
Léoville-Barton, 11,5. Nul, trop vieux.

Bien sûr, ces vins sont anciens, ils ont été achetés aux enchères, et même si j'ai pris grand soin de ne prendre que des vins venant de bonnes caves ( sauf Ducru... sorti premier), 1966 marque son âge. C'est un très bon millésime, mais la plupart des vins semblent fatigués. Je remarque que la bonne dose d'acidité de Malartic l'a tenu debout, ce qui me conforte dans mon opinion que les vins très mûrs sont plus fragiles... et que les millésimes moyens peuvent parfois vieillir aussi bien que les bons.

Pour suivre et vider les bouteilles: terrine de chevreuil maison, puis une très belle bouteille de Vosne-Romanée Les Suchots 1971 de chez Leroy, le rêve, et quelques flacons inégaux mais amusants d'alcools du XIX° siècle.

Je vous conseille de finir vos 1966.

mardi, avril 18, 2006

De l'intérêt des primeurs

VinorumCodex donne des estimations de la valeur de vente des vins en vente publique, ou entre particuliers, ou encore de particulier à professionnels. Par exception, la cote de l'année suivant le millésime de récolte est la basée sur le prix de vente en primeur TVA comprise.

Au départ, ce type de vente était réservé aux professionnels. Son principe est de transférer au négoce une part du poids financier de l'élevage. Le bénéfice est pour le négoce de s'assurer la disponibilité des vins en bouteille à un tarif avantageux, et pour la propriété d'avoir une avance financière au lieu de travailler à une échéance de trois ans.L'ouverture de ce marché aux particuliers leur a permis d'acheter le plus tôt possible des vins rares ou spéculatifs et de réaliser de très bonnes affaires en sécurité.
Mais le passage d'un petit marché à un marché de très nombreux acheteurs a entraîné une hausse qui rend l'affaire plus hasardeuse. Parallèlement, le marché des foires au vin donne une seconde cote dès la mise en bouteilles. Si les vins y sont moins chers qu'en primeur, il est évident que le millésime a été vendu trop cher.
Dès lors que le négoce revend une grande partie de ces vins dans la foulée, sa charge de "portage" du millésime se transforme en une opération financière à court terme où tous les coups peuvent être permis, comme de déclarer tous les deux ans que le millésime est exceptionnel, ou de revendre 60 euros un vin acheté 30 une semaine avant si la demande est forte. Dans ce cas, bien sûr, le propriétaire est légitimement furieux et ne manquera pas de monter son prix à la prochaine campagne.

Depuis le millésime 1997 vendu trop cher, l'intérêt d'acheter des vins en primeur a baissé, sauf exceptions. Du coup, les marchands vendent encore le millésime 2004 en avril 2006. L'adage qui veut qu'en achetant tous les ans en primeur on est gagnant en moyenne est sans doute encore vrai, mais le bénéfice s'est beaucoup réduit. Reste, c'est sûr, la tranquillité et la sécurité pour l'acheteur.

Le marché est mondial et instable. Il y a plus à gagner à travailler des primeurs qu'à entretenir un stock coûteux. Il est plus avantageux de traiter le vin comme une valeur boursière que comme une marchandise.
Dans cette optique, chaque millésime doit être mis en scène: rédactionnel dans la presse à l'automne, dégustation géante début avril, alors que les vins sont encore très jeunes et peuvent bouger par la suite, campagne de teasing sur les prix, enfin sortie des tarifs. Puis un millésime chasse l'autre.

Les cotes que je publie permettent de garder la mémoire des campagnes en primeur. En général, les cotes de www.VinorumCodex.com sont celles du marché des enchères en prix d'adjudication, valant aussi pour des ventes entre particuliers ou de particuliers à professionnels, donc dans un marché ouvert. Les prix des primeurs sont moins fixés sur la demande: ils sont fixés par la propriété, augmentés de la marge du négoce, et ensuite ça passe ou ça ne passe pas. Il est quasiment impossible de baisser le prix si les acheteurs n'en veulent pas. Depuis quelques années, la concurrence y a fait son apparition, et par exemple les prix des premiers crus peuvent varier à la revente. Auparavant, les premiers sortaient tous au même prix par accord tacite de la Place de Bordeaux. L'éclatement de ce consensus a été un signe fort de la dérégulation.

La valeur de ces cotes de vente en primeur n'est donc pas la même que les autres cotes, qui sont mes propres estimations. Mais c'est le seul prix dont on puisse disposer pour des vins qui ne sont pas encore matériellement disponibles. Il permet des constatations intéressantes.Je donne des cotes TTC, les vins étant le plus souvent vendus hors taxes. Et je donne le meilleur prix que j'ai pu trouver. Je donne aussi maintenant des prix pour des vins d'autres régions, la vente en primeur s'étant largement répandue. Ce qui fera pour un millésime comme 2005 environ 700 vins cotés.

Les primeurs de Bordeaux de 1984 à 1990

Le millésime 1984 n'est pas très abondant, pas mûr et pas très bon sauf quelques cabernets, dont l'excellent Margaux dopé au vin de presse. Ausone n'embouteille pas son vin. La RVF le qualifie de "lugubre"! N'empêche, il faut bien vendre les Bordeaux. Alors on prend une décision courageuse: hausse massive des tarifs. Et ça marche!
Les plus anciens d'entre nous se rappelleront que la même statégie avait été appliquée en 1894, avec le même succès.

Les 1985 sont dans l'ensemble très bons, avec quelques vins rouges exceptionnels dont: Certan de May, Cheval-Blanc, Cos d'Estournel, Haut-Brion, La Conseillante, Lafite, Lafleur, L'Eglise-Clinet, Léoville-las-Cases, Le Tertre-Roteboeuf, Margaux, Mouton-Rothschild, Petrus... Les vins sont très bons, et les prix baissent, c'est comme ça. La vente en primeur est encore en majorité l'affaire des professionnels. Les Sénéclauze vendent directement leur Marquis de terme à 83 Frs TTC. A Bordeaux, le Club Vinophile de Conseil vend déjà des primeurs...

Vient 1986, un vrai beau millésime bordelais avec des cabernets magnifiques. 20 cadors? Certan de May, Clerc-Milon, Cos d'Estournel, Grand-Puy-Lacoste, Gruaud-Larose, Lafite, Lafleur, Léoville-las-Cases, Lynch-Bages, Margaux, Montrose, Mouton-Rothschild, Pichon-Lalande, Petrus, Rausan-Ségla dont c'est le retour, Vieux Certan... et de grands liquoreux, Yquem bien sûr, et Climens, Coutet madame, Fargues, Lafaurie, Raymond-Lafon...Les vins ne sont pas chers: Fieuzal à 85 Frs TTC., par exemple.

1987: votre serviteur, alors restaurateur, vend des primeurs. Année médiocre. Une sélection? Clinet, Margaux. Rausan-Ségla n'embouteille pas ses vins, ce qui lui fait plus de renommée que d'avoir réussi en 1986. Il a beaucoup plu au moment des récoltes. Beaucoup de vins ratés, et pas mal délicieux dès la mise, qui ont fait de parfaits vins de restaurant. Le négoce ne se bouscule pas pour les prendre, et on trouvera plus tard des crus classés à 49 Frs en grande surface, dont personne à Bordeaux n'avoue être le fournisseur. Je vois dans ce millésime l'origine des foires au vin .Moi, je vends Cos à 95 Frs, Fieuzal à 53 Frs, Léoville-Barton à 67 Frs, Haut-Brion à 178 Frs, Margaux à 181 Frs, le tout hors taxes.

1988 est une bonne année classique, vendue un peu plus cher que 1986. Pas toujours: Fieuzal à 85 Frs TTC. 20 cadors? Certan de May, Chevalier, Lafite, Lafleur, La Fleur de Gay, La Mission-Haut-Brion, Larmande, Latour, L'Eglise-Clinet, Léoville-las-Cases, Le Tertre-Roteboeuf, Mouton-Rothschild, Petrus, Rausan-Ségla, Vieux Certan. Les Sauternes aussi sont plus chers, mais ils le méritent largement.

1989 est une année très chaude et sèche. Idéal pour les Sauternes. Les rouges sont très bons dans l'ensemble, avec des réussites exceptionnelles. 20 cadors? Ausone, Beauséjour-Bécot, Canon, Cheval-Blanc, Clinet, Cos d'Estournel, Gazin, Grand-Mayne, Figeac, Haut-Brion, La Conseillante, La Dominique, Lafite, Lafleur, La Mission-Haut-Brion, L'Angélus, Latour, Le Bon Pasteur, Léoville-las-cases, Le Pin, Le Tertre-Roteboeuf, L'Evangile, Lynch-Bages, Margaux, Montrose, Palmer, Petrus, Pichon-Baron, Pichon-Comtesse, Sociando-Mallet, Troplong-Mondot.
Les prix montent sacrément. Rapportés en euros et TTC, quelques prix de vente: les premiers crus à 63 euros, les super-seconds à 35-40... mais Barton à 15, Clerc-Milon à 14, Larmande à 13, Gloria à 12, Marquis de Terme à 11, Lafon-Rochet à 10, Brillette à 9, Camensac à 8, Fourcas-Dupré à 7, Potensac, hé oui, à 6, Patache d'Aux à 5...C'est depuis le millésime 1989 que VinorumCodex donne les prix de vente en primeur. Pour 1989, 142 prix primeurs.
Pour une base 100 au printemps 1990, l'indice en 2005 est de 237.

1990: troisième grand millésime consécutif en sauternais. De grands vins rouges, riches, mais peu acides et dont beaucoup ont fatigué. 20 cadors? Ausone, Beau-Séjour Bécot, Beauséjour-Duffau, Canon, Canon-La-Gaffelière, Certan de May, Cheval-Blanc, Clinet, Clos Fourtet, Cos d'Estournel, Figeac, Gazin, Grand-Puy-Lacoste, Gruaud-Larose, Haut-Brion, La Conseillante, La Dominique, Lafite, Lafleur, La Mission Haut-Brion, L'Angélus, Latour, Le Bon Pasteur, Léoville-Barton, Léoville-las-Cases, Léoville-Poyferré, Le Pin, Le Tertre-Roteboeuf, L'Evangile, Lynch-Bages, Magdelaine, Montrose, Mouton-Rothschild, Pape-Clément, Pavie, Petrus, Pichon-Baron, Rausan-Ségla, Saint-Pierre, Sociando-Mallet, Troplong-Mondot, Vieux Certan... ça fait déjà une grosse vingtaine.
C'est vraiment l'année où acheter du vin en primeur. Belle qualité, donc les prix baissent, d'autant que la récolte est abondante. On peut toucher les premiers crus à 50 euros TTC, et Vieux Certan à 30, Palmer à 25, Magdelaine à 20, L'Angélus à 19, Beychevelle à 18, Les Forts de Latour à 17, Calon-Ségur à 16, Beau-Séjour Bécot à 15, Barton à 14, Soutard à 13, Sociando-Mallet à 12, Gloria à 10, Poujeaux à 9, Roc de Cambes à 8, Potensac à 7, Camensac à 6, et Beaumont à 5... A 19 euros, c'eût été une bonne idée que de prendre du Montrose.
A l'automne 1991, un marchand me propose du Cheval-Blanc 1990 autour de 400 francs. Il en a une dizaine de caisses sur le dos et pense avoir payé trop cher!Voici comme ci-dessus l'indice des 1990 dont nous avons un prix primeur sur VinorumCodex.
Sur 148 vins cotés, et une base 100 au printemps 1991, l'indice en 2005 est de 292, ce qui fait une belle plus-value qui cache des écarts de 1 à 10 sur certains vins.

A suivre...