jeudi, juin 22, 2006

06-06-06= 12 66 à 12

Pour cet anniversaire si attendu des afficinados du chiffre, dont je ne suis pourtant pas, j'avais cependant décidé d'une réunion à douze pour goûter douze bordeaux de 1966. Grande année, mais qui fait son âge. Malheureusement, je n'ai pu trouver deux bouteilles que je connaissais: Latour, magnifique et encore jeune, et Haut-Brion, fabuleux de complexité.
On a fait avec ce qu'on a trouvé.

Quelques vins blancs divers pour se faire la bouche bretonne.

Laville-Haut-Brion 1966: deuxième dégustation de ce vin qui oscille entre le sec et le pas sec, avec un nez cireux et une bouche grasse. Pas très bon, mais très intéressant.

Monthélie 1966 d'origine inconnue, juste pour avoir un petit goût de pinot dans la bouche.

Résultats de la notation, les notes sur 30:

1
Ducru-Beaucaillou, 19,81. Une surprise pour moi, car c'était le seul vin dont je savais pertinemment qu'il venait d'une cave médiocre, chaude et sèche en été. Très complet.

2
Malartic-Lagravière, 19,17. A divisé l'assistance, mais c'est le troisième de mon palmarès personnel. Un hidalgo à l'espagnole, au nez charmeur de jardin, très sec voire maigre, franchement acide, avec une belle et longue finale. Superbe! et pas cher s'il traîne en salle des ventes.

3
Vin d'Oran Sénéclauze 1959, 18,16. Un pirate régulier de nos dégustations, que la plupart ont reconnu comme atypique. Je ne connais pas les cépages. Toujours très bon, à défaut d'être raffiné.

4
Cheval-Blanc, 17,19. Mon préféré perso. Un nez évolué et complexe, parfait en bouche.

5
Canon, 17,04. Le meilleur équilibre, finissant un peu étriqué, très bon cependant.

6
Nénin, 16,25. Je savais qu'il avait réussi en 66. Il est cependant un peu court et étroit.

7
Saint-Georges, 16,06. Bon classement pour ce St-Georges-St-Emilion, que personnellement j'ai trouvé trop léger et très court.

8
Cos d'Estournel, 15,6. Assassiné par mes commensaux alors que je l'ai classé second, c'est comme ça. Pour moi le nez le plus noble de l'ensemble, avec une note de fumé, et de la vigueur.

9
Lafite, 15,22 . Bouchon suspect. Moyen en tout, sauf une belle finale. J'en attendais mieux et je suppose un problème de conservation.

10
Pichon-Baron, 14,8. Un beau nez de Médoc qui gagne à l'ouverture, mais un vin qui s'écroule en bouche. Dommage.

11
Haut-Batailley, 13,8. Beau nez, acide en bouche, court en tout. Peu d'enthousiasme.

12
Léoville-Barton, 11,5. Nul, trop vieux.

Bien sûr, ces vins sont anciens, ils ont été achetés aux enchères, et même si j'ai pris grand soin de ne prendre que des vins venant de bonnes caves ( sauf Ducru... sorti premier), 1966 marque son âge. C'est un très bon millésime, mais la plupart des vins semblent fatigués. Je remarque que la bonne dose d'acidité de Malartic l'a tenu debout, ce qui me conforte dans mon opinion que les vins très mûrs sont plus fragiles... et que les millésimes moyens peuvent parfois vieillir aussi bien que les bons.

Pour suivre et vider les bouteilles: terrine de chevreuil maison, puis une très belle bouteille de Vosne-Romanée Les Suchots 1971 de chez Leroy, le rêve, et quelques flacons inégaux mais amusants d'alcools du XIX° siècle.

Je vous conseille de finir vos 1966.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Bonjour Alain,

effectivement, ça fait très sèvère. mais
1) Mes amis de l'Association des Sommeliers de Bretagne ont l'habitude, que je leur reproche, de noter très sévèrement.
2) Ces vins pour la plupart auraient fait d'excellents compagnons de table, alors qu'ils séchauent en dégustation pure. Nous donnons de bien meilleures notes à des vins jeunes, il faut donc relativiser.

Je pense que la bouteille de Lafite n'était pas à son niveau. Un Latour aurait sans doute écrasé la dégustation. Mais je me demande si la finesse d'un Haut-Brion n'aurait pas surpassé un Latour. Pour une autre fois peut-être...

Gilles du Pontavice