jeudi, avril 14, 2016

Bordeaux primeurs 2015 : vendredi : Bad Boy, Bad Girl

Du garage à la basse-cour... C’est Robert Parker (dit-on, mais on ne prête qu'aux riches), le maître du chien de Mondovino, qui a trouvé le surnom de Jean-Luc Thunevin : Bad Boy, le mouton noir de Bordeaux. Après avoir créé le vignoble de Valandraud, proclamé qu’il deviendrait le vin le plus cher de Bordeaux – et y réussi-, après avoir bâché ses vignes et vu son Saint-Emilion déclassé en vin de table (L’...interdit de Valandraud 2000 se trouve aujourd’hui autour de 150 euros), le Mouton noir a continué à jouer au chat et à la souris avec l’INAO et les diverses instances. Aujourd’hui auréolé du passage de Valandraud du statut de « Saint-Emilion grand cru » (généreusement accordé dans l'appellation) à celui de « Saint-Emilion 1er grand cru classé » en passant une étape à saute-mouton (race caussenarde sans doute, de type dolichocéphale), bien sûr, il peut tout se permettre.

Y compris un Bad Boy de merlot et grenache, puis de syrah, un autre de chardonnay, déclarés dans la nouvelle appellation « Vin de France ». Et puis un crémant de Bordeaux, Bad Girl. La famille s’agrandit sans cesse, notamment avec Baby Bad Boy (140 dollars à Hong-Kong, soit 30 euros). Et avec Virginie Thunevin, la fille de Jean-Luc et Murielle, qui donne son nom à un Bordeaux produit près de Fronsac.
Quelques prix en cave ? Virginie Thunevin à 9 euros, Baby Bad Boy à 10-15, Bad Boy à 15, Bad Girl à 15, 3 de Valandraud à 30, Clos Badon à 26, Virginie de Valandraud blanc à 30, Virginie de Valandraud rouge à 40, Valandraud blanc à 40, Valandraud rouge de 200 à 400.
Après une dégustation flamboyante à l’Angélus, nous déjeunons sur une place de Saint-Emilion quasiment déserte. L’église monolithe est en travaux, comme d’habitude. En bretons typiques, nous avons apporté quelques gouttes de crachin. Les poules du jardin sont des Bantam de Pékin, pas farouches, et leur coq n’est point trop jaloux.

L’accueil chez Thunevin est unique dans la semaine des Grands Crus, absolument familier et familial. Il y a des bouteilles partout, leurs vins, les vins qu’ils conseillent, les vins des copains… On goûte ce qu’on veut, mais il faut goûter La Marzelle.

Valandraud est très bon, avec une grande finesse. Virginie de Valandraud est bien sûr plus accessible aujourd’hui, sur sa rondeur et sa maturité. Le Clos Badon est discret au nez, avec du volume en bouche, mais très tannique. 3 de Valandraud est d’un abord aisé. Bad Boy est corpulent, dur en bouche (existe en syrah, chaud en bouche).
J’aime beaucoup La Marzelle, tout en rondeur ; le second vin, Prieuré La Marzelle, a une belle attaque et une bonne bouche.
J’aime bien le Clos Margalaine à Margaux, boisé, puissant, amer, long, mais le grand vin, Marojallia, me semble vraiment trop dur. Ce n’est pas la première fois ; mais je n’ai pas eu l’occasion de le goûter ensuite en bouteille.
Nous passons ensuite à tout hasard à Cheval-Blanc. Mais la semaine des primeurs est terminée et la chaîne est mise. Il n’y a plus qu’à rentrer en Bretagne. J’aurai goûté 240 vins cette année, et malheureusement fait l’impasse sur les grands Pomerol, Fronsac et d’autres. Restent les commentaires de ce que j’ai goûté, dont les articles vont s’étoffer peu à peu de renseignements techniques, et bien sûr des prix de sortie en primeur.
Crédit photos: Bleuzen du Pontavice

Bordeaux primeurs 2015 : vendredi : Angélus

Au château Angélus sont présentés les crus de la famille bien sûr, mais aussi les nombreux domaines conseillés par Hubert de Boüard. Je n’ai pas goûté ce qui est hors de Bordeaux, et pas non plus tout ce qui est à Bordeaux, faute de temps.

Angélus est très jeune, plein d’harmonie et très long en bouche et plein d’avenir. Le Carillon est riche, assez minéral terrien, excellent. Bellevue est puissant et complexe. J’ai trouvé Daugay inférieur, sur son fruit, un peu étriqué.

La Fleur de Boüard est sombre, très plein en bouche, très bon. Le Plus du même en est proche, avec plus de dureté en arrière-bouche. Tous deux sont très bons. Comme d'habitude, le premier est plus agréable jeune.

Voici maintenant quelques vins de Hubert de Boüard Consulting : Trianon (Saint-Emilion, 80% merlot, 10% CF, 5% CS, 5% carmenère, un rare cépage qu’on commence à revoir) est fin et franc en bouche.
L’Infini de Francs (sélection 100% merlot) est dense et puissant, avec de beaux tannins enrobés. Haut-Surget (Lalande-de-Pomerol (que du merlot en 2015, les cabernets ont été écartés) est délicieux, rond et lisse. Carlmagnus (Fronsac, (95% merlot, 5% CF)est fruité et facile. Lanessan (Haut-Médoc, 58% CS, 35% merlot, 7% petit verdot) a un nez curieux, avec du champignon, une bouche terrienne. Francs Les Cerisiers (90% merlot, 10% CF) est très bien équilibré, et comme d’habitude sera à pas cher. Vieux Chaigneau (Lalande-de-Pomerol, 86% merlot, 8% CS, 6% CF) est souple et raffiné. Mayne Vieux (Saint-Emilion) surprend par son nez mentholé. Roc de Boisseau (Saint-Emilion, 75% merlot, 25% CF) est boisé et finit dur. Sergant (Lalande-de-Pomerol, pur merlot) est clair, sans chaleur.


Au sud de la Dordogne, Meyney (Saint-Estèphe, 45% CS, 39% merlot, 10% petit verdot, chargé cette année en merlot) est cette année très sérieux, corsé et long. Siran (Margaux, 55% merlot, 38% CS, 7% petit verdot) est assez léger, mais joli vin. L’Aura de Cambon La Pelouse (Haut-Médoc) est vineux et corsé. La Pointe (Pomerol, 84% merlot, 16% CF) est précis, un peu pointu. La Perle de Peyrous (Graves de Mazères) est un très joli vin. Mayne-Lalande (Listrac, 60% CS, 30% merlot, 5% CF, 5% petit verdot) est charnu et facile. Le Château Laurence est un vignoble de 6 hectares sur la commune de Montussan, au nord-est de Bordeaux. Ce Bordeaux Supérieur de pur merlot est tout en finesse ; la cuvée Petite Laurence est plus courte en bouche. Dorléac (Graves, quasiment pur merlot) manque de netteté.
Crédit photos: Bleuzen du Pontavice

lundi, avril 11, 2016

La vente des Hospices de Beaune, c'est quoi?

Dans le monde du vin, la vente annuelle des vins des Hospices de Beaune est la plus renommée. Cet hôpital très ancien et d’une grande beauté, fondé en 1451, que tout promeneur en Bourgogne se doit de visiter, possède un vignoble prestigieux, somme des legs faits par des donateurs. Des vignerons sont chargés de le cultiver.

Après la vinification, les vins sont assemblés en cuvées qui portent le nom de leur(s) donateur(s) ainsi que celui de leur Appellation Protégée. Les vins de plusieurs communes ne sont pas mélangés, mais des vins de climats différents de la même commune peuvent l’être. Ainsi la Cuvée Nicolas Rolin, un Beaune Premier cru, est un assemblage de cinq climats : Les Cent Vignes, Les Bressandes, Les Grèves, Les Teurons, En Genêts.

La vente aux enchères des Hospices a lieu chaque année le troisième dimanche de novembre. On disait que le commissaire-priseur de Beaune était le plus heureux de France : il faisait l’essentiel de son produit de vente avec cette seule vente des Hospices. Depuis 2005, Sotheby’s assure cette vente transformée en évènement mondial. Elle est très médiatisée, avec un grand cérémonial, le concours de stars et l’affluence de journalistes du monde entier. On scrute les prix de vente, on note les records et on en tire des conclusions sur la valeur future du millésime. Ainsi, le prix moyen de la pièce est largement reproduit dans tous les médias.
Personnellement, je n’en ai jamais tenu compte.

Il faut considérer la réalité : les vins vendus sont des vins de l’année, dont l’élevage ne fait que commencer. La vente se fait par pièces, soit des tonneaux de 228 litres qui donneront ensuite chacun 280 bouteilles. Les acheteurs sont des négociants de Bourgogne qui élèveront chacun ses achats, les mettront en bouteilles avec les étiquettes des Hospices, et les diffuseront auprès de leur clientèle. Il peut se former des groupes de particuliers pour acheter une pièce, mais le résultat sera le même : il leur faudra un éleveur pour mener les vins à leur terme.

Comme il s’agit d’une vente de charité, les revenus servent à entretenir le domaine et les bâtiments et à aider l’hôpital, il est de bon ton de s’y montrer et d’y acheter des lots, parfois très cher. La qualité du vin est fonction de la culture et de la vinification, et bien sûr de la qualité des terrains cultivés. Mais elle dépend aussi de la qualité de son élevage par un négociant. Il n’y a donc pas un, mais plusieurs producteurs des vins des Hospices de Beaune, avec évidemment des différences de qualité.

Du point de vue spéculatif, les prix très élevés obtenus lors de la vente aux enchères ne permettent pas un achat en spéculation, puisque la plus-value est réalisée le jour de cette vente.
Ainsi le Clos de la Roche Cyrot-Chaudron 2015 s’est vendu 66750 euros la pièce de 228 litres. Il convient d’y ajouter les frais de vente. Ce tonneau produira environ 280 bouteilles, sachant qu’il faut du vin pour ouiller la barrique, qu’il faut payer l’élevage par un négociant, puis la mise en bouteilles. Le prix de revient de ce Clos de la Roche sera de 260 euros par bouteille avant l’élevage et la mise.
Pour le Bâtard-Montrachet, c’est 240 euros.

Il n’est pas possible de réaliser une plus-value sur ces vins. Par contre, il est tout-à-fait charitable d’en acheter, d’autant plus que les vins sont en général de grande qualité.

dimanche, avril 10, 2016

Bordeaux primeurs 2015 : jeudi : Smith-Haut-Lafitte

Après une dégustation passionnante à Malartic, et un peu dépité par cet incident de Rochemorin absolument dépendant de ma volonté, je nous promène dans les graves de Léognan.
Passant devant Smith-Haut-Lafitte, je me souviens qu’il n’était pas à Malartic. On y va pour faire une photo. A l’accueil on m’explique que les propriétaires reçoivent chez eux cette année, pour fêter deux anniversaires :
Le 25° millésime de la famille Cathiard.
Le 650° millésime du vignoble de Smith.

Pour l’occasion, Florence Cathiard a dessiné une étiquette inédite, noire, qui tranche avec l’antique jaune de Smith. Et qui semble poser des questions quand à l’avenir. Changer une étiquette, c’est assez courant ; changer une couleur emblématique comme le jaune de Smith, le noir de Guiraud, ou la capsule rose du Vieux Certan, c’est une longue réflexion. L’avenir dira.

Nous goûtons dans la belle salle à l’étage, vue sur les vignes, deux blancs et deux rouges, ici commentés prochainement.

Bordeaux primeurs 2015: belle plantade à Rochemorin

De retour à la maison, je repars illico avec Charles pour la dégustation du Grand Cercle à Rochemorin à Martillac. Dans cette dégustation très éclectique, il y a de tout, du connu comme du méconnu, par exemple en Graves le Château Lafargue qui est un plaisir de Graves traditionnel. Peu de voitures sur le parking, et pour cause, c'est fini depuis hier. Merde. Que faire? sinon retourner à Malartic, pour une horizontale de 5 blancs, puis de 6 rouges, très instructive.
A ce propos de Rochemorin, bu le soir un domaine de la Martinette 2014, Bordeaux de Jacques Lurton, fils d'André Lurton qui, avec La Louvière, Cruzeau et Rochemorin et d'autres, a grandement contribué à faire connaître les vins de Graves. A La Truite de Quénécan, on servait Cruzeau. Et, ce qui est toujours agréable quand on pose une bouteille sur la table, ces gens-là savent dessiner une étiquette. Pour ce qui est de la Martinette, pur merlot, c'est un vin très agréable s'il est un peu carafé. Je ne sais pas comment il est filtré, mais les deux bouteilles avaient du dépôt. Bonne affaire à pas cher. Après, on a bu Haut-Bailly 1989, évidemment c'est différent.

Bordeaux primeurs 2015 : jeudi : Pessac-Léognan

Rien de tel pour finir la journée que de goûter les Graves au Château Malartic-Lagravière avant de rentrer à la maison.
Hélas ! En ce temps de crise (mais oui), les restrictions budgétaires nécessaires (et populaires) ont conduit l’Union des Grands Crus (le marché est cuit) à supprimer le repas du dernier jour (c’est jeudi) sur tous les sites (inscrits ou pas) de dégustation (au pain sec) du millésime 2015 (au prix où on pourra les vendre, Monsieur …).
Nous aurons la chance de décrocher les deux derniers steacks à cheval à la brasserie de Léognan.

Auparavant, les graves blancs :
Pape-Clément est peut-être moins explosif qu’à l’ordinaire, il est quand même impressionnant : une robe pleine, terne, un nez bien mûr, une bouche imposante et très longue.
J’ai beaucoup aimé Larrivet-Haut-Brion, en rouge comme ici en blanc : un nez intense, une bouche grasse et très équilibré, une belle finale. Latour-Martillac en est proche, avec une coquetterie supplémentaire et une acidité prometteuse.

Tout différent, Carbonnieux reste dans la ligne des Graves sapides et buvables, avec sa robe claire, un nez vif d’agrumes, une belle finale. Picque-Caillou est plus acidulé, élégant, joli vin.

Fieuzal est fermé. Il y a beaucoup de volume, sûrement autant d’avenir. Chevalier est discret, tout en longueur, c’est courant en vin jeune. Bouscaut est clair, avec du gras, un nez simplement citronné, une bouche carrée, tannique, intéressante, la finale dure. Malartic-Lagravière est plutôt léger, Olivier plutôt carré.

Puis les Graves rouges :
Pape-Clément : beau nez de Graves, beaucoup de matière. Un Carbonnieux élégant : du fumé au nez, bouche présente, belle longueur.
Larrivet-Haut-Brion : robe raffinée, nuancée, pas très sombre, joli nez de Graves, sous-bois, gras, presque collant, note de résine, de l'ampleur et de la longueur.
Latour-Martillac : puissant, paysan, de la mâche, très bon. Soit quatre crus très différents d’expression, mes préférés ce jour-là.
Fieuzal a un beau nez de fruits noirs, du volume, pas très long en finale. Bouscaut : belle robe nuancée, nez net et boisé, souple, élégant, un peu fumé, un peu rustique (est-ce du aux 6% de malbec?), bien. La Louvière : bon Graves de sous-bois, fruité.
Chevalier : nez élégant, fruits rouges, cassis, très rond, lisse. Plus loin, Les Carmes Haut-Brion : Robe très sombre, bouche toute en finesse, bon grain, jolie longueur. Malartic-Lagravière : nez de Graves, bouche facile et équilibrée. Olivier : belle robe, bouche souple et facile. Picque-Caillou : vif et délicat, demi-corps.

Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

Parution: Les Miscellanées de la vigne et du vin

Mon dernier ouvrage aux Editions Ouest-France
94 pages, 8,90€. Primé par l'Académie culinaire de France

Quelques extraits:

ILS BUVAIENT BEAUCOUP. ILS ONT MARQUE L'HISTOIRE
Pierre Le Grand (Cahors versus ulcère), Maurice Utrillo ("un Utrillo, un litre, disait son marchand), Winston Churchill (dans un ordre quoridien immuable), Richard Nixon (fermeture à 18 heures), Boris Eltsine (blanc sur rouge, rien ne bouge)...

UN EVEQUE = UN VIGNOBLE
Quelques évêques vignerons : saint Didier à Cahors, Radbot à Dijon, saint Lambert à Maestricht, Vilicus à Metz, Théodulphe à Orléans, saint Germain à Paris, Théotolon à Tours, Paul à Verdun, Nicetius à Trêves… et saint Ermeland qui, en Cotentin, fit le prodige de faire un jour naître du vin là où il n’y avait pas de vignes.

VIN NATUREL, quelques conseils pour bien le vendre dans les salons:
- N’ayez pas l’air d’un vigneron : soyez rock’n’roll, techno ou cadre branché ;
- produisez au moins une cuvée par hectare de vigne, en soignant l’affichage des cépages, la densité des vignes, la nature des sous-sols.

SYSTEME DE NOTATION DES VINS PAR LE CRITIQUE AMERICAIN ROBERT PARKER
Un minimum de 50 points sert de base
La couleur et l’apparence comptent pour 5 points
Les arômes et le bouquet comptent pour 15 points
Les sensations en bouche et la finale comptent pour 20 points
L’impression d’ensemble compte pour 10 points
Contrairement à la notation du patinage artistique, celle-ci n’autorise pas une note supérieure au maximum prévu.

VIN NATUREL, quelques conseils pour le bien vendre dans les salons
- donnez à chaque cuvée un nom revigorant, en évitant absolument la mention de château, voire de domaine.
- n’oubliez pas de donner le nom d’une cuvée à chacun de vos moutards;
- élevez vos vins de façon inhabituelle : musique classique ou techno, amphores, sous la mer, sur une montagne;
- ne filtrez pas vos vins ; s’ils sont troubles, faites-en un argument ;
- soulignez l’originalité de vos vins, avec cette phrase type : « C’est un muscadet (ou un beaujolais, ou autre) qui n’a pas un goût de muscadet»;
- refusez de faire goûter : vos cuvées sont trop limitées ;
- ne vendez qu’avec réticences ;
- soyez cher !

samedi, avril 09, 2016

Bordeaux primeurs 2015 : jeudi : Sauternes et Barsac

Toujours un plaisir de venir au Château La Lagune, où subsiste une parcelle du travail dans un chai. Passé l’entrée nickel et les livres offerts au repos des yeux, on goûte les Sauternes et les Barsac directement dans la cuverie ; les commodités sont celles du personnel, avec les faire-part de naissances épinglés au panneau du règlement.
Crédits Photos Bleuzen du Pontavice
Les liquoreux sont très réussis. Il y manque le botrytis des années exceptionnelles, mais les vins sont très mûrs, et gardent dans l’ensemble pureté et fraîcheur. Les finales parfois un peu courte laissent supposer un épanouissement assez rapide, à l’échelle de Sauternes bien sûr. Suduiraut est mon préféré parmi ce que j’ai goûté : vineux, excellent en bouche, et une finale extra. Doisy-Daëne est corpulent pour un Doisy-Daëne, la finale est superbe. Guiraud associe puissance et longueur. Doisy-Védrines brille à l’œil, s’impose au nez et par sa bouche complexe et changeante, mais sa finale est un peu courte. La robe de Rieussec est claire pour ce cru, mais le volume et la longueur sont bons.
Un peu plus loin, Malle séduit par ses notes fleuries, mais reste un peu court. Lamothe-Guignard, robe claire, fait très jeune, très équilibré, avec une belle finale. Romer est puissant, vif, un peu court. Rabaud-Promis, très belle robe, est plein en bouche, puis un peu fluide. La plus belle robe est celle de Fargues, la suite est pour l’instant discrète. Le nez de Lafaurie-Peyraguey est précis et élégant, la bouche est plutôt légère, la bouteille est gravée d’une reproduction d’un bas-relief de Lalique pour le Pullman Express des années 1920 .
Arche, robe dorée, beau nez mur, attaque fine, ensuite plus léger. Le nez de Myrat est facile, acidulé, le vin est rond et peu concentré. Un peu plus loin, Filhot est clair, délicat au nez, longiligne et fin. Le Clos Haut-Peyraguey est discret de nez, plein en bouche, mais court. Romer du Hayot, après une jolie robe, est simple et un peu mou. Bastor-Lamontagne, assez gras, a un nez fin d’agrumes. Broustet est puissant et classique, on peut y croire. Coutet plait beaucoup, je suis désolé de l’avoir goûté plutôt simple, à revoir donc. Rayne-Vigneau, comme jadis, manque de nuance. Comme Sigalas-Rabaud, dont j’aime la robe d’un jaune franc et profond. La Tour Blanche semble dilué. Lamothe-Despujols est marqué par la mollesse.

Bordeaux primeurs 2015 : jeudi : Citran, les Médocs

La journée commence au Château Citran pour les Médocs de l’UGC. Une fois de plus, je n’aurai pas le temps de tout goûter. Chaque année je place les quelques mêmes en queue de liste, je passerai sans doute à côté d’une bonne surprise, tant pis. Contrairement aux grands vins de l’année, le paon refuse de faire la roue pour l’appareil.
Les assemblages annoncés sont bien sûr ceux du millésime 2015.
Poujeaux ( 50% CS, 42% merlot, CF, PV et 30% de bois neuf) m’impressionne, dur au nez, souple en bouche, ferme en finale.
La Tour Carnet (60% merlot, 35% CS, 4% CF, 1% PV, 30% bois neuf, élevage partiel en cuves micro-aérées) est bien plus ouvert, sphérique en bouche.
Lamarque (50% CS, 40% merlot, 10% PV) a un joli nez de cacao, il est délicieux.. si jeune.
Camensac (57% cs, 43% merlot) est dans son style, très bien fait, rond sans aspérités, bref moderne.
Maucaillou (55% CS, 40% merlot, PV) est très mûr au nez, frais de bouche, linéaire en finale.
Belgrave est franc et généreux avec un bon grain.

Plus loin, Cantemerle (59% CS, 27% merlot, 8% CF, 6% petit verdot, 40% bois neuf) est plein d’élégance, mais finit bien dur. La Lagune (60% CS, 35% merlot, 5% PV) me déçoit : clair, fin de nez et de corps, assez étroit. Chasse-Spleen (50% CS, 42% merlot, PV et CF) est doux et velouté, dans un format léger. Citran (56% CS, 38% merlot, 6% CF) est rond et équilibré, facile. Coufran ( "Le Pomerol du Médoc", 85% merlot, 15% CS) est marqué par ses merlots, touches de chocolat, rond, belle finale. La Tour de By (60% CD, 35% merlot, 5% petit verdot) est discret au nez comme en bouche. Je n’aime pas Clarke (70% merlot, 30% CS) : robe sombre, nez simple, bouche amère, finale acerbe. Je n'ai pas goûté d'autres vins de Listrac.
Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

Bordeaux primeurs 2015 : mercredi : crus bourgeois

Au château d’Arsac, passé le parc qui est très chouette et le château dédié à l’art contemporain, c’est comme chaque année la dégustation la plus éprouvante, celle des crus bourgeois. En petit millésime comme 2013, c’est un pensum dont on ressort le palais asséché.
Je n’ai pas pu faute de temps goûter grand-chose des 300 vins présentés. Je me suis contenté de ceux que je connais, de quelques nouveautés, et pour commencer des crus dont l’assemblage est fort en petit verdot et comprend parfois un peu de malbec ou de carmenère ; mais pour la plupart ce sont des vins à l’ancienne, pas toujours bien définis.

Voici une petite sélection. Sauf si l’appellation est précisée, ce sont des Médoc ou des Haut-Médoc :
Je ne connaissais pas le Château Caroline, un Moulis lié au Château Lestage (famille Chanfreau). C’est un beau vin noblement boisé, d’un beau grain, de bonne longueur.
Tour du Haut-Moulin est très bien, corpulent. Fleur La Mothe a un nez intense de vanille, la bouche est en retrait. Pontet Barrail, une belle robe, un nez vif, une bouche souple et longue. Belle-Vue est plein et coloré avec une belle finale. Deyrem-Valentin (Margaux) a un beau nez, la bouche est lisse et ronde. Tour Castillon est clair, avec un bon boisé et de la longueur. Maucamps est agréable, sur son fruit. Larose Perganson est réussi, avec une bouche ferme.

Voici maintenant quatre Margaux assez proches, du moins sur mes notes chiffrées : La Fortune est un beau vin, avec une excellente finale ; Haut Breton Larigaudière est un joli vin, souple et facile ; Pontac-Lynch est assez ferme ; un cran en-dessous, Paveil de Luze a un bon boisé, la finale est un peu faible.

Sacrifiant à la mode consumériste du « vin assemblé par l’acheteur », je me suis permis un verre assemblant ces quatre crus. Le résultat dépasse mes espérances, car il est meilleur que chacun de ces quatre crus : un beau nez vineux, surtout une fermeté et une rondeur en bouche supérieures. Me voilà Winemaker !

Un cran en-dessous, Cissac commence par un beau nez mûr, mais finit court. La Garricq (Moulis) est fin et souple. Gironville a de la rondeur. J’ai donné une note médiocre à Charmail, c’est peut-être injuste, le vin est fruité et la finale longue et sèche. Castéra est déjà évolué, avec de l’amertume. Bellevue de Tayac est fin, mais froid en bouche, froid comme l’estey éponyme de mon roman Margaux Interdit. Cambon La Pelouse, derrière une belle robe, se révèle léger. Clément Pichon manque de netteté. Laujac est facile. Du Taillan est léger, mais la finale n’est pas mal. J’ai aussi goûté Arsac, Les Trois Manoirs, Fontesteau, Saint-Aubin, Lacombe-Noaillac.

Une question me taraude depuis hier : à l’entrée de Margaux, face à la banderole mensongère qui annonce que Margaux est le vignoble le plus célèbre au monde (et le Champagne, alors ?), le café L’Indigo annonce sur la liste légale des consommations un « vin ordinaire au verre » à 2,50 euros. Clin d’œil, ingénuité, je-m’en-foutisme ? Nous décidons de tenter l’aventure, et je le goûte sur la terrasse, avec Palmer en fond d’écran. J’en bois même une lampée, puisque la journée est finie. J’ignore à qui sont les vignes qui ont recueilli ce liquide imbuvable. Quand je pense à tout ce que j’ai craché de si bon aujourd’hui !
Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

Bordeaux primeurs 2015 : mercredi : Margaux

Le chai du Château du Tertre est sombre, ce qui est flatteur pour les vins, mais pas toujours facile pour les juger. Dans un millésime où les cabernets sont grands, les Margaux m'ont paru inégaux, les meilleurs et les moins bons de l'ensemble des quatre grandes appellations du Médoc. Bien entendu, les assemblages que je donne, recueillis par Bleuzen, sont ceux du millésime 2015, sinon ils n'auraient aucun intérêt. Parmi les Margaux, pour moi, un duo de tête : Kirwan (50% CS, 35% merlot, 10% CF, 5% PV), tout en force, complexe, très long, et Cantenac-Brown (61% CS, 39% merlot) très généreux. Ce sont de beaux vins de garde.
Du Tertre, Ferrière (63% CS, 33% merlot, CF et PV) et Monbrison forment un beau trio de vins typés Margaux ; le premier sombre et très jeune, le second fin, floral, vêtu d’une robe chatoyante, le troisième riche et fleuri.
J’aime ensuite Angludet (50% CS, 40% merlot, 10% petit verdot), sombre, souple en bouche, avec son amertume de jeunesse.
Giscours (70% CS, 25% merlot, 5% petit verdot), pas très dégrossi, généreux et terrien. Dauzac ((72% CS, 28% merlot) tout en finesse et Malescot sur le fruit. Desmirail (60% CS, 35% merlot, 5% petit verdot), facile.
Un peu plus loin, Labégoce (50% CS, 44% merlot, PV et CF) a du creux en bouche. Rauzan-Gassies, pas très mûr, me déçoit par rapport à 2010 et, toutes proportions gardées, 2011 et 2012. Prieuré-Lichine n’est pas mal, Marquis de Terme assez fluide, Siran clair, boisé et dur.
On se presse pour goûter Brane-Cantenac ( 70% CS, 26% merlot, cabernet-franc carmenère), une révélation du millésime ; mais nous l’avons goûté comme un bon vin, sans rien qui le mette en tête. Le second vin, Baron de Brane, privilégie les merlots. Rauzan-Ségla avait un nez pointu, une bouche incisive, un charme léger.

Est-ce pour fêter ce millésime joyeux, ou pour renfrogner quelques vieux Chartrons que le chai est pavoisé de peintures enfantines? En tous cas, cela fonctionne.
Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

Bordeaux primeurs 2015 : mercredi : au Tertre

Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice
Le château du Tertre est en reconversion en biodynamie, vaste entreprise quand on cultive 50 hectares. Nous somme accueillis par deux représentants de la race de Giscours, sauvée de la disparition grâce notamment au vigoureux taureau Byzance, avec qui je fais mon 2° selfie.
Sera-ce le dernier ?

Ici on ne craint pas de cirer les pompes à la presse.
La dégustation de l’Union des Grands Crus est celle des Margaux.

vendredi, avril 08, 2016

Bordeaux primeurs 2015 : mercredi midi : déjeuner

L’art de déguster à l’Union des Grands Crus, c’est aussi l’art de choisir où déjeuner. Hier nous sommes passés à Gruaud-Larose en fin de service. Les restes étaient de beaux restes. Le repas était assuré par le restaurant Le Saint-Julien, de Saint-Julien. Plus tentateur qu’un traiteur. Revenant de Saint-Estèphe vers Arsac pour goûter les Margaux, nous faisons logiquement halte à Gruaud-Larose.

Le buffet est superbe et raffiné : des huîtres, une salade de légumes anciens, nos premières asperges de printemps… Tout ce qui peut l’être et doit l’être est déglacé au rouge de Gruaud. Le maigre (un gros poisson d'ailleurs un peu gras) est très bien cuisiné.
Sur table, un vin blanc de Malagar (près de Langon, Mauriac bien sûr) de 2011 dont on apprend que la vigne appartient au propriétaire de Gruaud. Très bon, pas un Graves, autre chose, assez charnu. Et un délicieux Gruaud 2003 bourré de parfums. On peut boire les 2003.
Pour Bleuzen, en 20 ans de primeurs, c’est sans doute le plus beau buffet (pourtant, Desmirail...). Donc elle va remercier le chef du Saint-Julien. Et nous partons pleins de reconnaissance vers le Château du Tertre.
Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

Bordeaux primeurs 2015 : mercredi matin : Lafon-Rochet

Dégustation des Saint-Estèphe puis des Pauillac.
Pour les premiers, courte délégation, mais tout est bon. Cos Labory est corsé mais frais. Les Ormes de Pez et Phélan-Ségur sont rond et pleins, abordables. Pez et Lafon-Rochet sont sur le fruit, charnus, un peu courts.

Le niveau des Pauillac ( 12 vins) est très élevé. Les cabernets sont de grande qualité.
Grand-Puy-Lacoste, Pichon-Baron et Pichon-Comtesse ont des nez nobles, une grande structure, une finale longue. Beuzen retrouve une dame de Pichon-Comtesse chez qui nous avions fait il y a 17 ans un reportage pour La cuisine des châteaux du Bordelais. On évoque le repas des accabailles ce jour-là avec la Générale de Lencquesaing (c'est-à-dire la gerbaude. Le repas des vendanges, quoi!).

J’aime bien Batailley dans un style plus léger. Lynch-Bages, le plus coloré, est dominé par un nez vanillé, très plein en bouche avec un peu de rusticité. Clerc-Milon aussi est un poids lourd avec un corps concentré. Lynch-Moussas est plus léger et d’un beau fruit.

Un peu plus loin à mon goût, Armailhac a un nez fruité intense, une bouche douce, de petits tannins avec de l’amertume de jeunesse. Grand-Puy-Ducasse est fin, avec un joli nez de sous-bois. Haut-Bages-Libéral semble moins mûr. Croizet-Bages est clair, fruité, d’abord et de fin faciles.
Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

jeudi, avril 07, 2016

Bordeaux primeurs 2015: mercredi matin: Bages

Mercredi matin : Bages
Nous commençons par visiter le village de Bages près Pauillac.
Derrière le château Lynch-Bages, c’est un vrai village français qui doit ravir les touristes étrangers. Le boucherie propose du bœuf de Bazas et de l’agneau du Mont-Saint-Michel. Au bazar, on trouve de tout, y compris mes Miscellanées du vin.
J’achète le livre de Monsieur Jean-Michel Cazes – son bureau est juste à côté et j’ai droit à une dédicace de ce grand monsieur.
Tiens ! Les bureaux du château La Bécasse sont ici. Ce cru migrateur dont j’ai déjà parlé s’est donc posé sur le plateau de Bages.
Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

Bordeaux primeurs 2015: mardi à Gruaud-Larose

Bon accueil, une tour moderne s’est dressée en acier brossé, du haut de laquelle on voit au-delà de la rivière. On a raté le déjeuner, on y reviendra demain sûrement.

Saint-Julien est représenté, maigrement. L’Union des grands crus comprend les crus classés, dont un certain nombre ne daignent pas s’abaisser aux dégustations de terroir, le premier étant Las-Cases (grand vin tannique et abrupt dans sa bouteille comme la réception au domaine), et quelques-uns des meilleurs bourgeois.

Toujours à la pointe de la nouveauté, j'ai fait mon premier selfie.
Mes vins préférés :
Lagrange. Robe sombre, nez charmeur, du volume, profond, belle longueur et beaux tannins
Langoa-Barton : Robe claire, nez fin et intense, en bouche pas corsé mais très défini, finale très longue, très fin
Gloria : Robe sombre, nez de barrique, fruits rouges, attaque agréable, bouche arrondie et fraîche, soyeux, belle finale, un régal
Branaire-Ducru : Bonne attaque, bon grain, fruité
Léoville-Barton : mal noté comme d’habitude. Tellement jeune
Beychevelle : Clair, doux, finale amère, pas au niveau
Un niveau d'ensemble très élevé pour ces 2015.
Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

mardi, avril 05, 2016

Bordeaux primeurs 2015: lundi, Villemaurine

Départ avec Bleuzen pour Saint-Emilion.
Cette année, l’Union des Grands Crus ne commence que le mardi. Nous allons goûter les grands crus classés au Château Villemaurine. Comme d’habitude l’accueil est superbe. Je m’enferme dans le « bocal » des journalistes peu fréquenté ce matin.


2015 a une excellente réputation, mais on craint des degrés d’alcool trop élevés, comme souvent.
Petit rappel : les 2012 étaient assez légers, de semi-garde, et on en boit déjà de délicieux. J’avais été globalement déçu par les 2013 : petite récolte souvent mal triée, avec des raisins pas sains. Je ne les ais pas (encore) chroniqués, il faudra bien le faire. J’ai fait l’impasse sur 2014, car il y avait un lac à vider en Bretagne : Guerlédan, 300 hectares au-dessus de feu le Canal de Nantes à Brest, et nous avons sorti six livres pour l’occasion. Donc pas du tout du temps de temps pour les primeurs ; c’est bien dommage.

Ma première impression est que ces 2015 sont puissants, avec souvent des finales dures.
Voici quelques premières impressions à Saint-Emilion :
J’ai beaucoup aimé Ripeau : riche et plein, un quelque chose de Pessac.
Le Châtelet : sombre, aux arômes de fruits noirs, bien tannique
La Fleur Morange : bonne vanille, plein et sérieux
Sansonnet : du gras, assez rustique
Fonplégade : bon vin dans un registre bien plus frais
Grand Pontet : curieux nez incisif, de la longueur, dur, prometteur
Destieux : joli vin, clair, une touche de cacao au nez, très long, délicieux
La Dominique : gras, chaud, puissant, fruité, très bon
Cadet Bon : sur la fraîcheur
Ferrand : dur et carré, prometteur

Ensuite, dans l’ordre mais à préciser : Jean Faure, La Marzelle, Balestard, Fombrauge, Dassault, La Couspaude, Soutard, Laroze, Pressac (un caillou !), Grand-Corbin-Despagne, Petit Faurie de Soutard.

Puis Faurie de Souchard, Larmande, Laroque, La Serre, Péby-Faugères, Fonroque, Yon-Figeac (féroce !).

Puis, tous avec quelque chose qui me dérange, Faugères, Clos La Madeleine, Côte de Baleau, La Commanderie, Cap de Mourlin, Fleur Cardinale, Franc Mayne, La Tour Figeac, Clos Saint-Martin, Barde Haut, Haut-Sarpe, Villemaurine, Clos des Jacobins, Corbin, Chauvin.
C’est loin d’être dans l’ordre de la hiérarchie établie. Très bon niveau dans l’ensemble, vins de garde.


A Pomerol, j’ai trouvé dans l’ensemble les vins très durs, amers, avec des finales rèches. On va y repasser pour goûter les plus grands.
Bel-Air est très bon en tout.
Petit-Village, vin complexe, de garde.
Feytit-Clinet est encore bien dur
Rouget, de la chaleur, très vineux, très bon
Vray Croix de Gay, un peu terreux, terrien donc, très bon
Puis Taillefer, Le Gay, Maillet, La Cabanne.

Puis Clos René, Fayat, Les Templiers, La Tribune (le vin des turfistes, que je ne connaissais pas), Le Moulin (bonne note de Quarin, notre bouteille était franchement diluée), La Renaissance.
C’est tout pour aujourd’hui !
Crédit photo: Martine Bleuzen du Pontavice

dimanche, décembre 20, 2015

Résultats de vente à Nantes le 17 décembre 2015

Quelques résultats rapportés à la bouteille sur les premiers crus de cette belle vente.

Comme à l'habitude, je donne des résultats d'adjudication "au marteau" (entre parenthèses, l'estimation basse). Il est facile et courant de donner des résultats frais acheteurs inclus.
Ainsi, si un lot estimé 100 euros est vendu 100 euros, la salle des ventes annonce un résultat de 100+20 euros de frais de vente, soit 120 euros, et peut donc se féliciter d'avoir vendu 20% de plus que l'estimation. Est-ce assez clair?
En tous cas ce n'est pas très honnête.

Cheval-Blanc 2003: 233 (233). Cheval-Blanc 1990/ 525 (450). Cheval-Blanc 1986: 240 (200). Cheval-Blanc 1984: 110 (60).
Haut-Brion 2001: 210 (180). Haut-Brion 1992: 140 (150). Haut-Brion 1990: 400 (333). Haut-Brion 1986: 200 (230). Haut-Brion 1984 ETA: 100 (130).
Lafite 1990: 360 (360). Lafite 1986: 433 (400). Lafite 1981: 200 (150).
Margaux 1997: 235 (130). Margaux 1993: 200 (190). Margaux 1992: 200 (180). Margaux 1991: 200 (180). Margaux 1986 EA: 240 (300).
Mouton-Rothschild 1993 ELA: 240 (200). Mouton-Rothschild 1992: 200 (180). Mouton-Rothschild 1991: 200 (160). Mouton-Rothschild 1987 EA: 166 (158). Mouton-Rothschild 1975 mi-épaule: 150 (120).
Petrus 1987, étiquette déchirée: 850 (600). Petrus 1983, étiquette déchirée: 850 (800). La magie du chiffre 7, symbole de félicité en Chine!
Yquem 1996: 183 (166). Yquem 1985: 216 (200). Yquem 1955 EA et légèrement basse: 400 (500).

Chartreuse blanche à Alençon

- En plus des vieux Armagnac, il peut aussi mettre en vente une vieille Chartreuse. Mais le niveau est bas.
- Pas trop grave. Il y a une grosse demande.
- Je t'envoie une photo.
(...)

- Chartreuse jaune apparemment.Avant 1870.
- Combien ça vaut?
- Vu l'état, je préfère être prudent: entre 1000 et 2000 euros.
(...)

- Et la Chartreuse?
- Il ne l'a pas apportée, il dit qu'elle est en trop mauvais état.
- Faut essayer de la rentrer.
(...)

- Problème: le bouchon n'est pas d'origine, donc elle a été ouverte. Tout ça est très fragile. Je propose de mettre un bouchon neuf.
- (au téléphone) Ne faites pas ça, M. du Pontavice. Ca n'aura plus aucune valeur.
- Je ne prends pas le risque, de vendre une bouteille avec un bouchon de rechange. Je vais acheter un bouchon tronconique, le changer, et mettre un certificat sur le goulot, avec un muselet.
- Personne n'en voudra.
- Alors tant pis.

On a fait comme ça. Le caviste n'a pas voulu me faire payer les deux bouchons que je lui achetais. En reconnaissance, j'ai acheté du Savennières.
Le bouchon était si friable, mangé par l'alcool, qu'il s'est brisé. J'ai, avec les moyens du bord, filtré la bouteille. Je l'ai remplie de nouveau, en gardant 2 centilitres pour expertise, j'ai enfoncé un nouveau bouchon, ciré un muselet de cuivre de fortune, et l'ai collé dans un certificat entourant le goulot, que j'ai signé. Ce n'est pas une réussite esthétique, mais c'est une garantie.

Le liquide était incolore. Or je ne connais pas d'exemple d'une Chartreuse décolorée. Recherches donc. L'ouvrage de référence de Michel Steinmetz est muet sur cette question. Tiens, non: page 33, un encadré sur "les mésaventures de la Chartreuse blanche". On y lit qu'il s'agit d'une cuvée créée en 1860, moins onéreuse et moins complexe; et c'est ce que nous avons trouvé à la dégustation (une grosse pêche, une sucrosité affirmée, sans la complexité des Vertes et Jaunes centenaires que j'ai pu goûter). Cette cuvée a été un échec commercial, et est restée confidentielle.

C'est bien ça. Je peux enfin affiner ma datation: entre 1860 et 1869, et présenter dignement cette rare bouteille avec une estimation de 1000-2000 euros,un prix de départ justifié de 500 euros, et une vente "au marteau" à 5100 euros.
Bon boulot.

Non-buveurs d'étiquettes

Dernière vente publique de l'année, à Nantes. Pour quelques belles caisses de Bordeaux, comme Las-Cases 1982, moins belle que prévue, ou La Fleur-Pétrus 1989, des "courtiers" se sont déplacés.
Courtier n'est pas du tout le terme propre, mais je n'en connais pas d'autres. Ces intermédiaires n'achètent que ce qui est parfait: une étiquette rongée par des vers compromet l'ensemble du lot.
Peu importe que le vin ait été conservé dans une bonne cave humide, c'est l'extérieur de la bouteille qui en fait la valeur. Un niveau moyen et une étiquette parfaite, et le lot vaut plus cher qu'un niveau parfait et une étiquette tachée.

Je me méfie de ces acheteurs qui sont toujours tendus, toujours calculant leur marge à la revente. Au printemps, l'un d'eux a refusé un lot de Lafite 1992 au prétexte qu'il y avait un (petit)trou dans une étiquette. La règle édicte que l'acheteur est responsable de son lot dès l'adjudication. Ce petit trou était postérieur.
Mais cet acheteur ne voulait pas de la règle; il a refusé de payer, il est bien entendu exclu de mes ventes et de celles de quelques autres.

Dans les contrées lointaines où atterrissent ces grandes bouteilles, elles sont en concurrence avec d'autres remplies de je ne sais quoi, mais d'une présentation irréprochable car toutes neuves. Finalement, les étiquettes abîmées nous permettent de conserver ici un peu de grand vin.

Mais en ventes publiques nous ne voyons qu'une part minuscule de ce qui s'échange.
Printemps 2015: un internaute publie sur LaPassionDuVin un post mentionnant un Lafite 1982 avec l'indication "73 cl". Faux!
Rapport du Comité National des Conseillers du Commerce Extérieur de la France (ouf... CNCCEF)au printemps 2015: il y aurait en Chine plus de vins français contrefaits que d'authentiques. Droits de douane élevés, difficulté à obtenir des grands vins en nombre, naïveté des acheteurs expliquent ce marché florissant contre lequel le gouvernement ne peut pas faire grand-chose. Certaines bouteilles ne contiennent pas du tout de raisin!
A l'autre bout du monde, le milliardaire Bill Koch a gagné en septembre un procès en contrefaçon; il s'était fait refiler aux enchères, entre autres, Lafite 1811, Petrus 1921, Latour 1964 (vieux) et 1865 (yes!).
Mais, en juin 2015, la Chine a reconnu l'Indication Géographique Bordeaux, ainsi que celles plus restrictives de la Gironde.
Oui, mais le regretté Henri Jayer n'a sans doute pas produit autant de bouteilles de Cros Parantoux de son vivant qu'il ne s'en vend depuis sa mort. Pour les vieux Bourgogne, l'affaire Ponsot a permis de mettre au jour une fraude industrielle.
Il est vrai que les français n'y sont pour rien, et que les fausses bouteilles circulant en France sont sans doute très rares. Ou alors, à l'ancienne. Dans mes débuts dans le métier, j'ai ainsi vendu des Bourgogne Aligoté qui, selon les acheteurs, avaient goût de Montrachet. Aucun ne s'en est plaint.

Mais récemment encore, j'avais en vente publique deux bouteilles de Mouton-Rothschild 1986 en caisses individuelles. Petit problème à l'ouverture: les bouteilles étaient vides, le bouchon déposé à côté. Les enfants, peut-être.... Ces bouteilles vides, aux étiquettes impeccables, tout le monde voulait les acheter.

Aujourd'hui, sur un très important site de vente en ligne:
Château Lafite Rothschild 2009: sur la photo, pas de millésime sur l'étiquette, mention PAUILLAC sans AOC... et du Latour à partir de 1,75 euro... et aussi du Petrus DRC Conti produit à Bordeanx (sic). Les faussaires chinois ont une prédilection pour le nom de Languedoc, qui orne des étiquettes de Latour ou de Cheval-Blanc.

Je vous souhaite à tous d'excellentes fêtes de fin d'année.
Pour nous au repas de Noël: Yquem 1992, Ausone 1991, Romanée-Conti 1947. (Hélas, trois bouteilles qui n'ont jamais existé.
Quoique j'ai bu du vin du vignoble d'Yquem de 1992, et qu'on m'ait proposé un jour de la Romanée-Conti 1947.)

jeudi, avril 17, 2014

Bordeaux Primeurs 2013 (1)

Je n'ai pas encore fini la rédaction de mes dégustations des 2013. Comme on s'en doute, ce n'était pas facile, d'autant que par un coup de tête j'avais décidé de consacrer une bonne partie de mon temps aux vins du Bas-Médoc. J'y reviendrai donc dès que possible. Pendant des années j'ai publié sur VinorumCodex.com les tarifs des vins primeurs. C'était un gros travail de documentation destiné à mes abonnés. Aujourd'hui des dizaines de sites les donnent gratuitement, je n'y vois donc plus grand intérêt.
Il est clair que 2013 n'est pas un bon millésime, à l'exception des délicieux liquoreux. Cependant, les Pomerol de moyenne gamme que j'ai goûtés étaient plutôt bien, les Pessac pas mal, Saint-Julien aussi, Médoc très inégal. Quant aux Saint-Emilion, je n'ai pu en goûter que très peu. Les argiles du secteur Cheval-Banc-Figeac ont protégé les vins, ceux de Saint-Emilion-même m'ont semblé surextraits selon la vieille habitude.
Côté prix, la dégringolade annoncé n'est pas encore au rendez-vous. Lors des dégustations, on ne parlait que de Pontet-Canet, marque aujourd'hui de référence, qui a sorti, et semble-t-il vendu rapidement, son 2013 au prix (pas donné) du 2012: 60 euros HT, 67,50 pour l'acheteur. Soit le prix d'un second cru, récompense de la grande qualité.
C'est parfois la débandade: Duhart-Milon à 55 euros, c'est plus de deux fois moins cher que le 2010, mais c'est compréhensible. Idem pour Lynch-Bages qui devient une affaire tentable. Mais je doute qu'à 300 euros les premiers crus aient beaucoup d'amateurs. Les bébés de l'an dernier auront peu de chance de boire pour leur mariage des Bordeaux rouges encore en forme. A Saint-Emilion, Bellevue me semble une affaire correcte. Pomerol ne devrait pas beaucoup baisser, vu sa réussite indéniable dans ce millésime. En Médoc, je proposerai en primeur Belle-Vue, bon et pas cher. Autre jolie bouteille: Charmail.
Il y a de jolis vins dans les Graves. On y revient toujours.

jeudi, mars 20, 2014

Crimée: le trésor méconnu de Massandra

Ballottée entre l'Ukraine et la Russie, la presqu'île de Crimée recèle pas mal de trésors... gaz, hydrocarbures... ce n'est pas mon domaine. Mais il existe en Crimée un trésor peu connu mais essentiel, qui est la cave de Massandra.
Un peu d’histoire d’abord : la culture de la vigne est très ancienne en Crimée, essentiellement sur la côte sud. Les grecs y ont fait du vin du temps de leur splendeur. Dans sa topographie de tous les vignobles connus (édition de 1866), Jullien cite des vignes indigènes et assure qu’on pourrait y faire du bon vin si on s’en donnait la peine. Or, au 18° siècle, le tsar Pierre Le Grand soignait son ulcère au vin de Cahors, le Kaorskoie vino, et l’église orthodoxe l’utilisait comme vin de messe. Avec la détermination des très-puissants, le tsar fit venir de Cahors des vignerons avec leurs familles, des plants, des barriques, bref il implanta au sud de la Russie un vignoble cadurcien. Puis le vignoble de Crimée se développa en copiant tout ce qui pouvait l’être : porto, madère, champagne, bordeaux, bourgogne… Dans son ouvrage 100 bouteilles extraordinaires de la plus belle cave du monde, auquel j’ai collaboré, publié chez Glénat, le collectionneur Michel Chasseuil, grand ami de Massandra, a fait la part belle aux vins de Massandra, dont la plus ancienne bouteille est de 1775 :
Muscat 1945 (nous reviendrons sur ce millésime).
Muscat 1934.
Cagore 1933. A base du cépage saperavi, c’est l’imitation du fameux vin noir autrefois produit à Cahors par chauffage des moûts, et récemment remis à l’honneur en France.
Muscat 1924.
Lacrima Christi 1897. Un vin liquoreux de grande classe, qui usurpe un nom célèbre… que se distaient déjà l’Italie (Vésuve) et l’Espagne (Malaga). Porto 1891.
The Honey of Altea Pastures 1886, un vin inventé par le prince Golitzin, et fortifié au miel.
Muscat de Lunel 1948, produit à partir du muscat à petits grains, connu à Lunel en France, mais originaire de Grèce.
Madère 1837.
On le voit, Massandra ne s’embarrassait pas des Appellation, contrôlées ou non. On trouve encore dans cette cave des tokays, des portos, des rieslings, des pedro ximenez, des sherries…
Massandra, ce sont depuis Nicolas II et le prince œnologue Golitzin, soit depuis 1894, sept tunnels parallèles de 150 mètres de long. Mais le plus intéressant est à venir, autour de deux dates dramatiques : 1945 et 1941.
En février 1945, du 4 au 11, Churchill, Roosevelt et Staline réglèrent en secret la face du monde d’après la guerre dans le palais impérial de Livadia, résidence de Staline. Faute de place, les phrases suivantes n’ont pas été retenues dans le livre :
« De Gaulle n’avait pas été invité, malgré la demande de Churchill. On sait que Roosevelt, qui mourrait deux mois plus tard, était très affaibli ; quant à son conseiller, Hopkins, ravagé par un cancer, on le portait sur une civière. Au cours de la conférence, on mangea, dit-on, trois wagons de cavier, et on but à satiété du Bourgogne et du Champagne de Crimée. Ces étiquettes contrefaites, c’était la place de la France. Et Roosevelt au moment des adieux, déclara en souriant à Staline que quand il ne serait plus président des Etats-Unis, il s’établirait représentant en Champagne du Caucase ! Amère conclusion… » Un président affaibli, un premier ministre abondamment abreuvé de bons vins, et un Staline resplendissant de santé, voilà le trio des vainqueurs, et on en connaît le résultat terrible.
Il faut dire que les vins de Massandra revenaient de loin, plus précisément d’au-delà de l’Oural : en 1941, devant l’avance des allemands, Staline avait réquisitionné des wagons pour évacuer les trésors de la cave de Massandra, un million de bouteilles, abandonnant en échange aux envahisseurs les blessés de l’Armée Rouge. Ce sont ces grands vins, de retour en Crimée, qui aidèrent Staline dans son triomphe de Yalta. On voit que les tsars de Russie, quelque soit leur dénomination, ont toujours eu le plus grand intérêt pour ce trésor national !
Aujourd’hui le vignoble de Crimée couvre plus de 30.000 hectares. On y cultive tous les cépages du monde, on y produit 50 vins liquoreux différents ! Qui l’emportera ? Il est trop tard, semble-t-il, pour refaire le coup de wagons.

dimanche, décembre 15, 2013

La cave en Or de Matignon d'Argent

La cave en Or de Matignon d'Argent* "La vente aux enchères d'une partie de la cave de Matignon, qui s'est déroulée à l'Hôtel Drouot vendredi 6 décembre, a rapporté plus de 173 000 euros, alors que l'estimation était faite à 100 000 euros. Parmi les acquisitions, un Romanée-Conti* de 2004 a été acquis par un acheteur chinois pour 10 500 euros. Un lot de 12 bouteilles de Mouton-Rothschild 2000 a également été vendu, pour 14870 euros." Je lis cela sur le site de... 1855.com! Peu importe la source tant qu'elle n'est pas tarie. Quant à la vente, elle a été opérée par Maître Pierre Cornette de Saint-Cyr. Je l'ai rencontré, un jour. A chaque fois qu'une mairie, qu'un ministère ou qu'un palais vend du vin acheté avec nos sous, s'élèvent des protestations quant au dilapidement, voire la dilapidation de notre patrimoine, qui en tous cas fout le camp à l'étranger. Je ne suis pas d'accord. Je trouve ça très bien. Si on peut vendre du Château Siaurac 1986, honnête Lalande-de-Pomerol produit d'une famille de ministre au prix exorbitant de 50 euros la bouteille, c'est tout bénéfice pour la République. Depuis longtemps je conseille une importante institution européenne en ce qui concerne sa cave, qui est conséquente. Cette cave est gérée "en bon père de famille" avec des achats en primeurs, un long vieillissement en bouteilles, et une consommation à maturité. Ca fonctionne, c'est européen, mais c'est peut-être vieu jeu. Une fois que je leur suggérais de revendre des vins qui avaint acquis une certaine plus-value, afin d'en racheter de plus jeunes, ils ont haussé les sourcils et les épaules. Une démarche moderne prenant en compte le marketing est peut-être celle choisie par nos élites: mettre en vente de grands vins ayant séjourné dans les caves de nos palais, dûment authentifiés, les vendre un max en jouant sur la vanité des acheteurs ( comme ce chinois qui s'est offert croit-il un petit bout de l'Etat français en achetant une Romanée-Conti 2004 au double de sa valeur), et si la gestion est bonne racheter des vins avec cette plus-value. Car il faut séparer l'effet d'annonce du résultat: vendre quelques grands crus pour montrer que l'Etat est modeste, c'est idiot: le résultat est dérisoire, l'Etat n'en est pas plus modeste. Les vendre à des vaniteux, qu'ils soient chinois, russes ou français, pour faire une plus-value, c'est de la bonne gestion. Il suffit ensuite de racheter les mêmes vins sur le marché à moins cher et de recommencer, mais pas trop souvent. Le principal investissement est l'achat des autocollants certifiant sans indication de durée que ces vins ont séjourné au Palais de L'Elysée, à Matignon, à la mairie de Paris, ou autre (sachant que la plus-value du sticker est très variable selon le prestige du lieu de détention. En effet, si le maire de ma commune de 160 habitants mettait en vente la cave que de toutes façons nous n'avons pas, je doute que l'opération soit bénéficiaire. Profitons donc sans vergogne de la vanité et de l'ignorance des riches pour leur fourguer les bouteilles bonnes ou mauvaises et augmenter notre capital. En tant qu'expert, je suis bien sûr tout disposé à participer à ce genre d'opérations. * Personnellement, j'aurais plutôt écrit "une Romanée-Conti". http://vinorumcodex.blogspot.fr/2009_12_01_archive.html

mardi, décembre 10, 2013

Ventes publiques à Alençon et Nantes

Classique vente d'automne à Alençon. Une belle cave de château des Pays de la Loire, des bouteilles de très bon niveau, de belles étiquettes, mais plus de caisses bois. Ca dérange les revendeurs, mais c'est comme ça. On vend Lafite 1992 à 375 euros marteau, ce qui est très cher pour les cours actuels. Sans doute la garantie d'une origine certifiée... Petrus 1972 en état médiocre part à 580 euros, alors qu'une bouteille de 1989 en excellent état atteint 2.050 euros, ce qui est bien. La Tour de Mons 1982, une jolie bouteille de Soussans, ne dépasse pas 12 euros, car les bouteilles n'ont plus d'étiquettes. Les demandes sur la forme sont aujourd'hui plus importantes que celles sur le fond. Les acheteurs acceptent des niveaux moyens, pourvu que les étiquettes soient impeccables. Je refuse toujours, exception faite de Mouton, de décoter des bouteilles bien conservées avec des étiquettes tachées. Le vin est une denrée comestible, tout d'abord. La semaine suivante, vente de Noël à Nantes. Dans un lot de petits vins, j'avais trié quelques jolies bouteilles, dont un Champagne Salon de 1971 de bon niveau. Il s'est vendu 400 euros, loin derrière le magnum du millésime qu'on y avait vendu 2000 euros il y a trois ans. Mais ce n'est pas trop mal. Des dizaines de bouteilles de whiskies feront de bons réveillon. Un Clos des Lambrays 1951, de niveau moyen, atteint 120 euros. Pas cher. Yquem 1988 se vend à son juste prix: 200 euros, bien moins cher que les cotes surgonflées des millésimes récents. Rayne-Vigneau 1947, tout haut d'épaule, était une affaire à 150 euros. Mouton 1990 bloque à 210 euros, pas plus cher que le 2002. La culture des vieux millésimes se perd. Latour 1989 à 255 euros est à son prix, Lafite 1989 aussi à 375 euros. A 325 euros, l'excellent Haut-Brion 1990 est correctement vendu.Palmer 1990 ne dépasse pas 100 euros, mais ce n'est pas une marque facile à vendre au-delà des primeurs. Comme d'ailleurs Las-Cases: les "super-seconds" se vendent comme de seconds. Ce n'est pas le cas de Lynch-Bages, tellement populaire et demandé: 180 euros pour le 1989 à Alençon, 30 euros ici pour le 1997. Duhart-Milon est scotché par la spéculation de l'an dernier. On finit sur de beaux Sauternes en hors catalogue, des cadeaux: Rieussec 1943 à 150 euros, Doisy-Védrines 1948 (pas une si mauvaise année) à 50 euros, et, en fin de course, Sociando-Mallet 2006 à 16 euros. Prochaiment; des ventes le 14 décembre à Mayenne et le 21 décembre à Châtellerault. Puis relâche. Je viens de coter un très beau lot de vieux vins de Bordeaux qui sera -peut-être- à vendre cet hiver en Normandie.

vendredi, juillet 19, 2013

Pierre-Bise & La Tour Blanche & Le Tour de France

Samedi 20 juillet 2013 à Bayeux, dans deux jours, une vente aux enchères. Parmi les différentes caves de particuliers que j'ai à présenter, l'une d'elles m'a semblé particulièrement intéressante quand je suis venu voir les lots. Il y avait un peu de tout, du grand comme du petit, dans des présentations médiocres: étiquettes souvent très abîmées - mais des niveaux plutôt bons. Je repère environ 180 bouteilles du Château Pierre-Bise, plus en blanc (Anjou le Haut de La Garde) qu'en rouge (avec même quelques bouteilles non millésimées que je suppose dater des débuts de Claude Papin). Pas facile à cataloguer, car il manque souvent les millésimes, parfois toutes les étiquettes. Je classe donc ça comme je peux, sachant qu'il y a les millésimes 1988, 1990, 1991, 1992, 1993, 1994, 2000, au moins. Reste à savoir ce que valent les vins. J'ai donc goûté avec quelques dégustateurs familiers de Pierre-Bise le rouge en 1990 et 2000. 2000 a une belle robe encore jeune; le nez est marqué de cabernet, franc! sans aucune trace de vieillissement. Le vin est fondu, équilibré,très velouté avec des tannins doux. C'est facile, coulant, très agréable. Quatre heures après, le nez s'est un peu estompé, mais le vin a toujours la même chair veloutée. L'Anjou Pierre-Bise 1990 est plus évolué à l'oeil, avec un peu mons de gras visible. Le nez est moins marqué par le cépage, mais plus complexe, fruité, avec un léger goût de champignonnière. En bouche, le vin est excellent, construit, équilibré, de longueur moyenne néanmoins. C'est un très bon Anjou dans un grand millésime. D'un lot de bouteilles bourguignonnes sans étiquettes, venues d'un autre vendeur, nous en goûtons une prise au hasard. Ca évoque la terrible descente du col de La Sarenne au Tour de France cet après-midi.Out! Ensuite, une fillette sans étiquette et fermée à la cire, d'un autre lot. Le liquide est trouble et marronnasse... Dès la carafe, ça sent la truffe à plein nez. On attend que le vin se décante, mais ça ne semble pas être du vin. Ensuite, un nez net d'abricot! En bouche, quelque chose d'un peu sucré, qui n'est sûrement pas du vin. On suppose qu'il s'agit d'une liqueur maison. Très étonnant, sans doute assez vieux. Enfin, un Sauternes dont il ne reste que les deux tiers (et je suis large). Il y en avait quatre bouteilles, j'ai choisi de goûter la plus basse pour avoir un aperçu. Le vin est orangé et un peu trouble, bien qu'il n'y ait pas de dépôt dans la bouteille. Il a conservé du brillant, ce qui est bon signe. Le nez est classiquement Sauternes, mûr mais pas confit, même un peu dur. La bouche est similaire, plus longue que large, attaque fine, corps équilibré, finale étroite, un peu comme Froome dans l'Alpe d'Huez cet après-midi. Sans avoir l'opulence d'un grand Sauternes, c'est franchement très bon, surtout pour une bouteille en aussi médiocre état. Le vin, c'est La Tour Blanche, et le millésime c'est 1938, une année que je ne connais pas. Je sais qu'elle n'a pas grande réputation, mais il faut vérifier: elle suit 1937 exceptionnel, et souvent le cadet d'un grand millésime est injustement décrié. Peut-être un Contador? Je commence par vérifier chez moi, sur Vinorumcodex. Le seul Sauternes auquel je donne une note est Yquem, et elle est médiocre. Richard Olney ne commente pas Yquem 1938, ce qui est une des exceptions dans son ouvrage sur Yquem. Broadbent parle d'un millésime moyen, où pourtant il a bien goûté, dans les années 1970, Rieussec et Lafaurie-Peyraguey. Mon La Tour Blanche 1938 mérite bien une bonne note, et je dirai du bien lors de la vente des autres bouteilles qui sont en bien meilleur état. De la même cave, j'ai extrait, mélangées à de petits vins, quelques bouteilles de Climens 1940 Dans ce lot insolite, il y a aussi deux bouteilles dont je n'ai jamais entendu parler. Je pense qu'elles datent des années 1950. Il s'agit de "blanc de blancs" du Château Saint-Georges, propriété emblématique de Saint-Georges-Saint-Emilion. Mais c'est du vin pour vendre, pas pour goûter!

samedi, mai 25, 2013

22 millésimes de Mac Carthy


Une verticale inédite: 22 millésimes du Château Mac Carthy à Saint-Estèphe. Ce petit frère du grand Haut-Marbuzet nous a bien surpris. Cliquez sur le titre pour voir les résultats.

jeudi, mai 23, 2013

Primeurs 2012, mon tarif

Je viens de publier mon tarif primeurs des Bordeaux 2012. Comme je l'ai déjà écrit, le millésime est très hétérogène. Je me suis adossé à Dubecq, une maison de confiance, et sur les centaines de références qu'ils proposent, j'ai fait une sélection drastique de 35 vins, soit 10% de ce que j'ai goûté. Bien sûr, je peux vous en obtenir d'autres, mais je n'avais cette année envie de vendre que ce que j'ai bien aimé, dans mon goût plutôt classique: pas trop d'alcool, une attention pour l'élégance apportée par les cépages d'appoint: du cabernet-franc avec le merlot, du petit-verdot avec le cabernet-sauvignon, un peu de malbec au nord... bref cet assemblage qui fait la finesse du vignoble de Bordeaux. Tout ça est disponible sur VinorumCodex en cliquant sur le titre du post.

mercredi, mai 08, 2013

Bordeaux Primeurs 2012: 340 vins commentés

Comme chaque année, en avril 2013 j'ai parcouru les vignobles de Bordeaux pour avoir un aperçu de 2012. Le millésime est très hétérogène, mais en triant il y a de fort jolis vins. Mon rapport complet est publié sur www.Vinorumcodex.com , lien "Primeurs 2012". Comme d'habitude, les descriptions des vins sont concises, car elles sont le prélude à celles de Vinorum qui ne comportent qu'une courte phrase. Mais les vins sont classés par ordre croissant de préférence dans chaque section. Bleuzen du Pontavice a soigné les photos; vous trouverez bien sûr quelque part dans ce rapport la signification de ces logos, qui figurent réellement sur des étiquettes de vins de Bordeaux. Bonne lecture. Je ferai cette année une offre en primeur, car je trouve qu'il y a de très bons rapports qualité-prix. Cela viendra bientôt, et je suis pas plus cher qu'un autre, parfois même moins. Gilles du Pontavice, expert en vins.

Les primeurs 2012, c'est en alexandrins

Ce sonnet fabriqué à l’élisabéthaine
Présente mon retour au monde des primeurs.
Ces vins qui sont « pas mal » pour Desseauve et Bettane
Offriront du plaisir – peut-être du bonheur ?

Les vins de demi-garde, produits en deux-mil’douze
N’iront pas la plupart en cave chez Chasseuil
Ni dans les winedinners de François Audouze.
On ne peut cependant se les offrir à l’œil.

Cabernets ou merlots, petits verdots, malbecs,
Ceux que j’aurai choisis, sincères, vifs et aimables,
Elevés au château puis livrés par Dubecq,
Devraient faire assez vite bons compagnons de table.

Comme au dix-neuvième l’érudit Biarnez
Avait classé les vins en vers interminables,
Je vendrai mes primeurs, de Belle-Vue à Pez
En ne proposant que ce qui sera buvable.

Je ne versifierai que ce que j’ai goûté,
Je ne versifierai que ce que j’ai craché.

lundi, avril 22, 2013

La dure réalité de la vie d'expert en vins

La dure réalité de la vie d’expert en vins… quand on se permet quelques jours de vacances à Noël

Autour d’une vente publique fin 2012

PREMIERE PARTIE : AVANT LA VENTE

De : Gilles du Pontavice [mailto:gilles.dupontavice@orange.fr] Envoyé : lundi 21 mai 2012 10:08
Cher Monsieur, veuillez trouver ci-joint l'estimation pour la liste que vous avez confiée à Talma Enchères, pour un total de 680 à 844 euros. Avec mes sentiments dévoués, Gilles du Pontavice
Mail du vendeur
Cher Monsieur, bonjour. Merci pour votre réponse. Il me reste à voir avec la salle des ventes Talma leur programmation. Bien cordialement
De : Gilles du Pontavice [mailto:gilles.dupontavice@wanadoo.fr] Envoyé : lundi 3 décembre 2012 18:19
Cher Monsieur, oui, nous avons une vente programmée le samedi 15 décembre prochain. Est-ce que je dois y inclure la liste que vous nous avez confiée au printemps? Avec mes sentiments dévoués,
Mail du vendeur
Bonsoir. Oui je veux bien si cela vous est encore possible ! Je revois demain cette liste pour vous confirmer la disponibilité effective des bouteilles proposées ! Bien cordialement
De : Gilles du Pontavice [mailto:gilles.dupontavice@wanadoo.fr] Envoyé : mercredi 5 décembre 2012 15:09
Bonjour Monsieur, c'est noté et j'inscris vos vins au catalogue de la vente du 15 décembre. Bien à vous
Mail du vendeur Sent: Wednesday, December 05, 2012 5:07 PM
Ok merci . Bien noté. Avez-vous fixé les prix de réserve ? Merci. Cordialement
De : Gilles du Pontavice [mailto:gilles.dupontavice@wanadoo.fr] Envoyé : mercredi 5 décembre 2012 17:40
Cher Monsieur, le prix de réserve est légalement le bas de la fourchette d'estimation; sauf bien sûr si un vendeur accepte de vendre à un prix inférieur. Vu l'importance de la vente et la qualité de vos vins, Bordeaux prêts à boire pour la plupart, je ne suis pas inquiet. Je peux gérer en cours de vente un prix de réserve global pour l'ensemble du lot, si vous m'y autorisez. Bien à vous,
Mail du vendeur
Why Not ?? Ok plus simple que bouteille par bouteille
De : Gilles du Pontavice [mailto:gilles.dupontavice@wanadoo.fr] Envoyé : samedi 8 décembre 2012 18:35 Cher Monsieur, l'idéal est de déposer vos lots entre lundi et mercredi à Talma-Enchères . Je vous redonne les estimations ci-dessous. Bien à vous, Gilles du Pontavice
Mail du vendeur
Bonjour . Je vous prie de bien vouloir trouver joint le fichier de la liste définitive proposée pour la vente du 15 décembre prochain. J’ai retiré les vins de millésimes postérieurs à 2005 ils sont encore à se faire et se valoriser pour plus tard !). Merci de me proposer un prix de réserve acceptable pour les flacons de la liste ! Et me dire quand je dois les déposer à la salle des ventes Talma. Bien cordialement
Mail du vendeur
Liste complétée pour les appellations qui manquaient sur la liste de ce matin
Mail du vendeur
Re bonsoir. Je voulais vous dire que ce n’est pas cette liste qui est mise en vente. Je vous ai envoyé la liste il ya plusieurs jours et ce n’est pas celle là !!!. Vérifiez bien vos mails. Ok pour déposer les bouteilles dès début de semaine
Mail du vendeur
Je vous envoie une nouvelle fois la liste….la bonne
Mail du vendeur (bis)
Je vous envoie une nouvelle fois la liste….la bonne
Mail du vendeur
Bonjour Maîtres. Ok je déposerai les caisses d’ici jeudi mais dites-moi à quelle heure cela convient-il le mieux. L’estimation que vous donnez ci-dessus est pour la liste définitive que j’ai communiquée à Mr du Pontavice que j’ai eu au fil ce matin.. Il m’a confirmé que le changement avait été fait et qu’il s’agissait bien de la liste dont je joins le fichier. Bien cordialement

SECONDE PARTIE : APRES LA VENTE

Mail du vendeur le 26 décembre 2012 à 18H13

Bonjour Maître. Après pointage ce jour, avec votre collaborateur, sur la vente de vins de samedi dernier il ressort que sur les 26 bouteilles que j’ai déposées 3 ne figurent pas au compte rendu de la vente (procès verbal) . A savoir 1 Talbot St Julien 1 Baronnât Rothschild 1985 1 Domaine de Verquière / Vacqueyras 2002 Dans l’attente de votre commentaire et explication sur ces manques !! Bien cordialement
Mail du vendeur le 28 décembre 2012 à 21H15
Bonsoir. Je suis surpris de n’avoir aucun accusé de réception de mes mails vous demandant explications faisant suite à la vente des vins du samedi 15 décembre 2012. Dans l’attente. Cordialement
Mail du vendeur
Bonjour. Merci de me donner la réponse suite à notre entretien d’hier ; Je vous signale que Mr du Pontavice m’a donné un prix de réserve sur la liste des 26 bouteilles qu’il a examinée, et pour lequel j’ai dit OK, et que ce sont bien les 26 bouteilles que j’ai déposées entre les mains de D. Pour m’assurer que je n’étais pas fou j’ai passé en revue ma cave de fond en comble et les 3 bouteilles manquantes, comme je vous le disais n’y sont pas car elles étaient le jeudi précédent la vente dans les 26 déposées rue Talma Donc je vous demande de bien vouloir me créditer de la fourchette basse du prix de réserve : 670 euros moins les frais de 17,940% soit 670-120 = 550 euros Dans l’attente , bien cordialement
Mail du vendeur Envoyé : mardi 8 janvier 2013 13:28 Objet : BONJOUR Importance : Haute
Bonjour et meilleur vœux. Merci de ne pas oublier de me donner réponse concernant la vente des vins et le problème évoqué que vous connaissez. Pour mémoire le prix de réserve donné par l’expert est de 670 euros Cordialement
Mail du vendeur le 8 janvier 2013 à 14H28
Bonjour et meilleur vœux. Merci de ne pas oublier de me donner réponse concernant la vente des vins et le problème évoqué que vous connaissez. Pour mémoire le prix de réserve donné par l’expert est de 670 euros Cordialement
Mail du vendeur le 8 janvier 2013 à 16H22
Je me doute bien que je suis loin d’être votre préoccupation première, toutefois je serais heureux de ne pas rester éternellement sans réponse. Avec mes remerciements anticipés. Cordialement
Mail du vendeur Sent: Wednesday, January 09, 2013 11:04 AM Subject: PRECISIONS
Les 26 bouteilles déposées avec l’aide de D. étaient conditionnées en 4 caisses bois de 6 bouteilles et un carton de 2 bouteilles. Je lui ai donné en mains propres la liste et il a vu les 26 bouteilles
De : Gilles du Pontavice [mailto:gilles.dupontavice@wanadoo.fr] Envoyé : dimanche 13 janvier 2013 17:46
Cher Monsieur, ayant fait le point avec Talma-Enchères, je réponds à votre courrier. Pardonnez-moi ce retard, mais j'étais en déplacement. Il n'y a pas de problème, nous avons bien reçu les 26 bouteilles de votre liste. Le Vacqueyras et le Médoc Baronat ont été vendus en lot, vous les retrouverez sur votre décompte vendeur sous le numéro 36. La bouteille de Château Talbot n'a pas été vendue, elle est dans la réserve de l'hôtel des ventes. En ce qui concerne le prix de vente, l'estimation basse pour les 25 bouteilles vendues était de 430 euros et la vente a été de 505 euros. Avec mes sentiments dévoués, Gilles du Pontavice
Mail du vendeur Date lun. 14/01/2013 09:58 (GMT +01:00) À : "Gilles du Pontavice" Objet : RE:PRECISIONS
Bonjour. A la lecture de votre mail j’avoue ne plus bien comprendre et savoir qui dit juste ! Les chiffres d’un moment à un autre ne sont pas en concordance ! Nantes Enchères Talma m’a dit par écrit que le prix de réserve était de 670 / voir mail du 10/12 2012 ( estimation 670/815) Vous me dites ce soir que l’estimation basse était de 430 euros !!! chiffre que je découvre pour la première fois car les estimations étaient de 670/815 comme décrit dans le mail du 10. D’où vient ce chiffre de 430 pour 25 bouteilles ? Tout cela n’est pas très clair ! C’est le moins que l’on puisse dire. C’est la première fois que je teste Nantes Enchères Talma en mettant quelques bouteilles de ma cave, mais je vous avoue ne pas avoir été (et je ne suis pas le seul vendeur qui le pense) convaincu par le déroulement de cette vente ! Comparativement à d’autres expériences antérieures toujours pour des vins. Bref j’espère que NET trouvera la solution Ad Hoc pour rétablir la situation de façon équitable. Dans l’attente. Bien cordialement à vous PS je transfère le mail du 5 12 dans lequel vous dites « ne pas être inquiet » et pouvoir compte tenu de la qualité des vins proposés « gérer un prix de réserve global » pour le lot !!!
De : Gilles du Pontavice [mailto:gilles.dupontavice@wanadoo.fr] Sent: Monday, January 14, 2013 4:21 PM Subject: TR :RE:PRECISIONS
Bonsoir Cher Monsieur, la situation est claire je le crois: mon estimation de 670 euros valait pour les 50 bouteilles de votre liste, or vous en avez déposé la moitié. Je ne peux malheureusement vendre que les bouteilles qu'on m'a apportées. Les autres sont restées en votre possession. Le prix de vente global s'établit à 20% au-dessus du prix de réserve. Ce n'est pas trop mal. J'estime donc que nous avons rempli notre mission. Je suis à votre disposition pour tous autres renseignements. Avec mes sentiments dévoués, Gilles du Pontavice
De : "Gilles du Pontavice" Date lun. 14/01/2013 21:48 (GMT +01:00) À : "Nantes encheres TALMA
Il est fou. Il demande qu'on respecte un prix de réserve sur 50 bouteilles alors qu'il n'en a déposé que la moitié, la ficelle est grosse. On a une estimation que j'ai faite pour 670 euros concernant 50 bouteilles. On a une réquisition sur les 26 bouteilles déposées, estim. basse à 400 euros. On a un relevé de vente à 500 euros, moins une bouteille de Talbot non vendue. On a fait notre boulot. On n'a rien à se reprocher. Il cherche à établir une confusion entre l'estimation que j'ai faite de sa liste et le prix de vente de ce qu'il a déposé, soit la moitié de la liste. Ci-dessous ma réponse. Il n'y a rien à céder! Bonne année et bons vendeurs et amitiés! Gilles
Mail du Commissaire-Priseur
Merci Gilles de t'être penché sur ce cas qui relève davantage de la psychatrie, je te l'accorde. A mon tour de te souhaiter une belle année 2013 à toi et à ceux qui te sont chers.
Mail du vendeur
Monsieur bonjour. Bien ! Puisque vous estimez avoir rempli votre mission, je ne ferai pas de polémique. Je ne dirai qu’une chose c’est que l’information manque parfois de précision entre vous NET et les clients (Manquent 3 bouteilles….puis 2/3 vendues en lot…puis une demeurée en réserve !) Bref je demande maintenant à NET de bien vouloir m’adresser le chèque du montant qui me revient, et la bouteille de TALBOT qui est restée sur le carreau ! Cordialement

FIN DE LA SECONDE ET DERNIERE PARTIE