dimanche, avril 24, 2016

Hermitage 1929, Jaboulet-Vercherre

Descendant à Bordeaux pour goûter les primeurs 2015, Bleuzen et moi nous arrêtons chez un ami, qui a dans sa cave quelques jolies bouteilles. J'y avais vu il y a longtemps des Hermitage 1929 de la maison Jaboulet-Vercherre, des blancs. A priori peu de chances qu'un tel vin vale mieux que de servir de base à un beurre blanc. On décide d'en ouvrir une en apéro.

La maison Jaboulet-Vercherre est implantée en Bourgogne, à Beaune, mais elle vient du Rhône, plus précisément de Tain-L'Hermtage, où elle fut fondée en 1834. En Hermitage, la cuvée de rouge s'appelle Rochefine, la cuvée de blanc s'appelle La Tour Blanche. J'ai peu de connaissances sur ce vin. Une bouteille de 1976 a été ainsi décrite en 2014 par François Audouze: "une couleur d’une jeunesse folle. Le nez est de truffe blanche. Son élégance est extrême. La bouche est remarquable, fluide, et l’équilibre est grand. C’est un très grand vin."

Robert Parker en parle comme d'une cuvée de qualité moyenne. Evidemment, la maison Jaboulet-Vercherre n'a rien en commun, si ce n'est une lointaine ascendance, avec Paul Jaboulet. La famille fondatrice a d'ailleurs vendu cette maison en 2002 je crois. Je connaissais ses vins surtout par le Pommard Clos de La Commaraine, souvent très bon en millésimes anciens, notamment le 1964 si mes souvenirs sont bons.

Les bouteilles ont des niveaux divers, certaines en vidange sont visiblement oxydées. Nous en choisissons une dont le niveau est à 6 centimètres du bas du bouchon, ce qui est bien bas pour un blanc sec.
A température d'une bonne cave, c'est bien suffisant. Le bouchon part en miette malgré mes efforts, et nous devons carafer le vin en le filtrant.
Première surprise, la couleur est certes dorée, mais assez lumineuse pour espérer avoir quelque chose de bon. Le nez est excellent, cireux, avec la noix d'un vin jaune, mais discrète. En bouche, c'est un jeune homme, vif et fringant, mais carré. La finale est franchement tannique, ce qui est très surprenant pour un vin de cet âge. Une idée, mais il est trop tard: servi à température ambiante et vraiment à l'aveugle, il pourrait passer pour un vin rouge. Ce vin a du attendre très longtemps pour digérer son réduit.

De retour, je consulte le livre de référence de Michael Broadbent; comme partout, 1929 y est décrit comme un millésime exceptionnel. Broadbent note une fréquence du nez de noix, et pour son unique note sur un Hermitage blanc de 1929 (de chez Chave, respect), de noix de coco!
Evidemment pas la couleur politique de feu Pierre Jaboulet-Vercherre, dernier de la famille dans la maison.En tous cas, un grand souvenir que ce vin.

Le lendemain de cet article, Monsieur Audouze me répond sur le forum de La passion du vin, en rajoutant un commentaire sur un vieux millésime, que voici: "L'Hermitage blanc La Tour Blanche Jaboulet Vercherre 1947 est une belle surprise. Par transparence dans la bouteille le vin m'était apparu très sombre. Mais en fait dans le verre, le vin est d'un ambre très clair, tendant vers un rose pâle. Le nez est pur. Il est simple mais direct, avec un joli fruit rose que suggère sa couleur. La vibration avec les coques, touchées de chorizo est superbe."

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